Après la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, c’est d’abord le soulagement. Explosion de joie dans les rangs démocrates un peu partout aux États-Unis. Trump est donc battu… « Ça fait quatre ans que j’avais envie de hurler », lance ce supporter de Biden interrogé par Libération dans les rues de New York.

Mais le pays ne va pas se transformer d’un coup de baguette magique… En effet, pointe Le Monde, « la plus grande erreur serait de se contenter de ce soupir de soulagement. Au bout des quatre années d’un mandat dévastateur, des quelques mois d’une campagne avilissante et des jours, ou des semaines, d’une guérilla juridico-politique consternante, Joe Biden finira par s’avancer dans le champ de ruines abandonné par son prédécesseur, avec la tâche immense de tout reconstruire, ou presque. (…) Il faut espérer le succès de Joe Biden, affirme encore Le Monde. Il faut souhaiter que le 46e président de cette grande nation parvienne à donner au soulagement ressenti aujourd’hui la forme d’un espoir. »

Décence ?

Libération se veut réaliste : « on a pu entendre un soupir de soulagement collectif dans toutes les chancelleries d’Europe, en Asie, en Amérique latine, au Canada, en Afrique, dans les îles les plus reculées d’Océanie, s’exclame Libération. »

Mais attention, prévient le journal, « après cette belle victoire que le monde adore, viendra l’heure des déceptions. Car Biden ne peut pas répondre aux attentes mondiales sur le climat, sur le libre-échange, sur les Gafa, sur l’Iran, et tant d’autres encore. Biden ne peut pas ignorer que 46,4% des Américains ont voté pour 'America First', un slogan protectionniste qui ne peut pas disparaître d’un coup ; Biden ne peut pas ignorer que la Cour suprême des Etats Unis est désormais résolument conservatrice ; et Biden sait très bien que le parti de Trump peut garder la majorité au Sénat, prêt à bloquer toute initiative présidentielle (…). »

Alors, s’interroge Libération, « pourquoi donc ce soupir de soulagement, si l’Amérique va probablement rester une puissance arrogante, polluante et souvent malfaisante ? C’est sans doute parce que le monde est en droit d’espérer quelque chose que l’on n’a pas vu à Washington pendant ces quatre longues années avec Donald Trump : un minimum de décence. »

Première priorité : la lutte contre le Covid

En tout cas, « le défi le plus récent est aussi le plus pressant, relève Le Figaro. Après avoir politiquement bénéficié de la pandémie de Covid-19, Biden va devoir la juguler. Le virus a durement touché les États-Unis comme la plupart des autres pays développés, faisant 240.000 morts, et n’a donné aucun signe de ralentissement, bien au contraire. Biden a promis de rompre avec l’attitude cavalière de Trump, d’arrêter 'le théâtre politique et la désinformation délibérée', et de remettre au centre de son action' l’expertise scientifique et médicale'. Mais les exemples européens indiquent que les choix politiques n’ont qu’un effet limité sur la propagation du virus. »

En effet, complète La Charente Libre, « le premier acte de la période de transition dite des 'canards boiteux' jusqu’à l’investiture du nouveau Président le 20 janvier prochain commence dès aujourd’hui avec l’installation de la 'task force coronavirus' annoncée samedi par Joe Biden. Il permettra de vérifier le degré (zéro ou pas ?) de coopération que Donald Trump serait prêt à concéder aux usages habituels de la transition. »

Mais le quotidien charentais ne se fait guère d’illusions : « ce week-end, entre deux tweets furieux et ses greens de golf, Trump veillait surtout à récolter les fonds nécessaires pour mener l’offensive judiciaire annoncée contre des 'fraudes massives' restant à prouver. »

Encore bien loin du 20 janvier…

Et « les prochaines semaines risquent d’être chaotiques, soupire La Croix. Avec ses proches, l’actuel président essaie (donc) d’accréditer la thèse selon laquelle 'l’élection lui a été volée' et, inlassablement, instruit le procès en illégitimité de son successeur. Il pourrait aussi, lors des quelque soixante-dix jours qui lui restent à diriger le pays, prendre des décisions politiques compliquant la situation de celui-ci.

Un combat dangereux dans lequel tous les élus de son parti sont loin de le suivre. Les critiques contre Donald Trump surgissent aussi de son propre camp. » En tout cas, « 'ce que Donald Trump fera dans les sept prochains jours déterminera son avenir ainsi que celui de l’Amérique', analyse un éditorialiste du Washington Post. +Pour ses plus proches partisans, il doit rester et se battre, poursuit-il. Pour tous les autres, il doit accepter le résultat. Il n’y a aucun terrain d’entente . »

Et La Croix de conclure : « la passation des pouvoirs, le 20 janvier 2021, semble encore bien lointaine. »