Après l’annonce hier d’un vaccin contre le Covid, les journaux sont partagés ce matin entre jubilation et retenue…

« Le vaccin qui change tout », s’exclame Le Parisien.

« Enfin l’espoir », lance Sud-Ouest.

« L’espoir d’un vaccin prend corps », tempèrent Les Dernières Nouvelles d’Alsace.

« La promesse d’un vaccin se précise », avance Le Figaro

« La peur et l’espoir », résume La Provence.

En effet, la peur, car l’épidémie est loin d’être terminée et son pic devrait être atteint fin novembre, et l’espoir, donc, avec ce vaccin qui serait en mesure de protéger du virus 9 personnes sur 10.

Des résultats en attente de consolidation

Alors, plan com’ de la part du laboratoire américain Pfizer ou bien réel espoir ?

« Pour le moment, précise Libération, Pfizer n’a publié qu’un communiqué de presse sur les premiers résultats d’efficacité de son vaccin développé avec l’Allemand BioNTech. Il avance une efficacité donc de 90 %. Il faut comprendre d’où vient ce chiffre, pointe le journal. Les 43.000 volontaires de l’essai clinique ont été séparés en deux groupes : la moitié a reçu le vaccin, l’autre moitié un placebo. A ce jour, 94 personnes ont déclaré le Covid-19 au moins une semaine après avoir reçu la deuxième injection. Et 90 % de ces 94 personnes ont reçu le placebo et non le vaccin. »

Alors, poursuit Libération, ce « résultat, même s’il est préliminaire, suscite un espoir mesuré au sein de la communauté scientifique. 'C’est une bonne nouvelle, mais il faut attendre encore d’autres données', réagit la virologue Marie-Paule Kieny. »

En effet, note encore Libération, « il faut consolider les résultats. Le prochain point d’étape sera fait quand un total de 164 personnes auront attrapé le Covid-19 sur les 43.000 volontaires participant à l’essai. Plus les données arriveront, plus on en saura (…). » Avec peut-être des réponses aux questions suivantes, pointe le journal. « Les personnes âgées sont-elles aussi bien protégées que les autres ? Est-ce que le vaccin limite les formes graves ? Est-ce qu’il réduit la transmission ? Quelle est sa sécurité sur le long terme ? Combien de temps dure la protection ? Beaucoup de questions restent sans réponses à ce stade. »

La science, arme efficace…

Certes, commentent Les Echos, « il est trop tôt pour crier victoire. Pas trop tard pour faire renaître l’espoir. Dans un monde dopé au pessimisme et au scepticisme, qui souvent prête bien trop d’attention aux complotistes en tous genres qui doutent de la science et qui estiment que le scénario du pire est notre seul horizon commun, les annonces de Pfizer concernant les promesses de son vaccin doivent faire plus que simplement redonner le moral aux Bourses mondiales. Les résultats encourageants de ce médicament anti-Covid sont aussi l’occasion de nous rappeler à quel point la science est une arme efficace au service de l’humanité. »

Qui plus est, remarque Sud-Ouest, « l’annonce de la mise au point de ce vaccin intervient le jour où le nouveau locataire de la Maison Blanche ébauche son plan anti-pandémie. (…) Joe Biden a fait du combat sanitaire sa priorité, à rebours du 'covido-scepticisme' de Donald Trump. Et sa réaction face au futur vaccin tranche avec le triomphalisme factice de son prédécesseur, constate Sud-Ouest : oui, l’espoir est bien là, mais en attendant qu’il se concrétise, la meilleure arme des prochains mois reste le masque et les gestes barrières. Il fallait le rappeler et Biden président ne renie pas le candidat masqué qu’il a incarné durant la campagne. »

Le risque d’une ou plusieurs mutations

Toutefois, une grosse ombre au tableau : nous ne sommes pas l’abri d’une mutation du virus par voie animale, comme on l’a constaté récemment au Danemark…

« Au Danemark, le coronavirus a eu la peau du vison, s’exclament Les Dernières Nouvelles d’Alsace. C’est un carnage qui est imposé aux élevages. Pas seulement parce que ces bêtes à fourrure ont le malheur d’héberger les coronavirus de passage. Le germe du Covid-19 s’est transformé dans l’organisme du vison avant de revenir vers l’homme. C’est le scénario du virus muté qui pointe, soupire le quotidien alsacien. Alors que la planète attend un vaccin et que Pfizer revendique une solution efficace à 90 %, le risque se précise que le coronavirus puisse acquérir une résistance accrue en transitant d’une espèce à l’autre. »

Bref, concluent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « le vison covidé est capable, à son tour, d’avoir la peau des vaccins même pas encore finalisés contre le coronavirus actuel. »