Interrogation lancée ce mardi soir par l’entraineur-adjoint du club d’Istanbul, Achille Webo, en direction d’un des arbitres du match de Ligue des champions contre le PSG. Un match qui s’est arrêté à la 22e minute de jeu, qui n’a pas repris et qui a été finalement remis à ce mercredi soir.

Que s’est-il passé ? L’Equipe nous raconte l’incident : « 21 h 13, une faute est sifflée contre le PSG. Le banc turc s’agace, notamment l’entraineur-adjoint, Achille Webo. Et c’est à ce moment que "le 4e arbitre va devenir le personnage central de cette soirée. À cet instant, pour désigner l’homme qu’il estime à l’origine de la trop vive contestation - Achille Webo donc – l’arbitre roumain utilise le terme de "negro". » Le stade est vide, tout le monde entend. Notamment, « l’ex-international camerounais qui descend les marches, excédé, et qui lance donc au quatrième arbitre : "Pourquoi avez-vous dit "negro" ?" »
« Nous ne pouvons pas jouer avec ce gars… »
La partie s’arrête, les joueurs se regroupent. « Les Parisiens Marquinhos et Mbappé rejoignent la scène. "Nous ne pouvons pas jouer avec ce gars", lâche rapidement le jeune Français. La confusion est totale. Le délégué UEFA est appelé. Le quatrième arbitre, Sebastian Coltescu, tente une explication sur la traduction de "noir", en roumain "negru". Les joueurs, comme les officiels, ne semblent pas convaincus par ce décryptage linguistique. C’est alors que l’attaquant d’Istanbul, Demba Ba, ne se calme pas. Bien au contraire. L’ancienne star de Chelsea se place devant l’arbitre. Le regard est fixe, le ton est ferme, Demba Ba lâche : "Quand vous vous adressez à un homme blanc, vous ne vous adressez pas à lui en parlant de l’homme blanc. Pourquoi le faîtes-vous avec un homme noir ?" Pour Demba Ba, la connotation raciste ne souffre d’aucune contestation. L’arbitre roumain, livide, ne répond pas. »
Le racisme taclé en plein match
Commentaire de L’Equipe : « Ils resteront les premiers. En quittant la pelouse du Parc des Princes hier soir, les joueurs d’Istanbul et du PSG ont accompli un geste d’une dimension inédite et d’une incroyable portée. Des voix s’étaient déjà élevées ces dernières années pour que le foot s’arrête en cas d’insultes racistes, de cris de singe. Eux, ils l’ont fait. »

En effet, renchérit La Charente Libre, « l’histoire - et pas seulement sportive - retiendra cette date. Ce 8 décembre 2020, pour la première fois en Mondovision, deux équipes de foot ont quitté un match de Ligue des champions. Le racisme et ses dérives n’avaient plus leur place sur un terrain. Les bonnes intentions, les belles paroles, ont laissé la place aux actes. […] Le racisme a été taclé en plein match. »
Un projet de loi insuffisant ?
À la Une aussi, le projet de loi « confortant le respect des principes de la République » est discuté ce mercredi en Conseil des ministres. Culte, instruction, mariage forcé, haine en ligne... Ce projet de loi contient 54 articles et concerne un large spectre d’activités. 

Pour autant, c’est « insuffisant », estime Le Figaro. « Certes, le financement des mosquées sera peut-être mieux contrôlé, l’instruction à domicile aussi, la haine en ligne plus sévèrement sanctionnée, les associations et clubs sportifs communautaristes davantage interdits. Des dispositions sont, par ailleurs, attendues pour que les instances dirigeantes de l’islam en France ne confondent pas exercice du culte et revendications politiques. Si rien de cela n’est négligeable, reste encore à franchir les obstacles constitutionnels et politiques ! Les vents contraires s’annoncent forts. Et le résultat risque d’être insuffisant. » Et Le Figaro de conclure : « L'islamisme rampant se diffusera dans toute la société aussi longtemps que nous bafouillerons des lois timorées devant ses promoteurs qui, eux, avancent sans scrupule aucun. »
Maladroit ?
« Hautement inflammable, s’exclame pour sa part Libération. Cette loi qui prétend combattre l’islamisme en "confortant le respect des principes de la République" est un texte à haut risque politique et diplomatique, estime le journal. Preuve que l’exécutif marche sur un champ de mines : ce projet de loi a déjà été renommé trois fois et a perdu un de ses titres originels - car trop polémique - de "lutte contre les séparatismes" et ne comporte pas, non plus, le mot "islamisme", tant attendu par la droite. »

Commentaire de Libé : « Ce n’est pas ainsi que la loi s’avance, masquée et maladroite. »