Reflets du débat politique en cours, les journaux font entendre des opinions divergentes à propos des réfugiés afghans.

« Devoir d’accueil », titre sobrement L’Humanité. « Un président de la République ne devrait pas dire ça, s’exclame le quotidien communiste. Alors que l’heure est à la mobilisation générale pour organiser la solidarité internationale avec le peuple afghan, pour Emmanuel Macron, la priorité est de 'nous protéger des flux migratoires importants'. Voilà comment le locataire de l’Elysée considère ces milliers de femmes, hommes et enfants qui tentent désespérément dans un chaos total de fuir les talibans. (…) Le plus élémentaire devoir d’humanité commande de leur tendre la main, affirme encore le quotidien communiste. Aveuglé par ses cyniques calculs politiciens et son petit jeu dangereux avec l’extrême-droite, Emmanuel Macron en oublie l’essentiel, les valeurs républicaines, au premier rang desquelles le droit d’asile, inscrit noir sur blanc dans notre constitution. »
Risque de déstabilisation ?
Non, rétorque Le Figaro, qui approuve le propos présidentiel… Et même, pointe le quotidien de droite, Emmanuel Macron « aurait pu ajouter le risque de déstabiliser nos démocraties, illustré il y a moins de six ans par l’afflux incontrôlé en Europe de 2,6 millions de Syriens et d’Irakiens. (…) Le risque existe bel et bien, estime Le Figaro, avec 500.000 civils chassés de leurs maisons depuis le début de l’année. Les Afghans forment déjà le deuxième contingent de demandeurs d’asile en Europe, le premier en France (10.000 dossiers par an depuis 2018, approuvés à 90%). »
Protéger ceux qui nous ont aidés
L’urgence, estime Le Monde, c’est de « protéger ceux qui nous ont aidés. Avec le retour au pouvoir des talibans, tout doit être fait pour évacuer immédiatement les Afghans qui ont un lien avec la France. Dans son allocution télévisée, avant-hier soir, le président Emmanuel Macron a su trouver les mots justes », affirme le quotidien du soir. Mais, « au-delà de ceux qui ont travaillé directement pour l’armée ou l’ambassade, la France ne peut fermer les yeux, estime encore Le Monde, sur ces Afghans qui ont été engagés depuis vingt ans dans un effort pour bâtir un nouvel Afghanistan, et sont depuis trois jours cachés dans Kaboul, clandestins dans leur propre pays. 'De nombreux Afghans défenseurs des droits, artistes, journalistes, militants sont aujourd’hui menacés en raison de leur engagement, a relevé le président. Nous les aiderons, parce que c’est l’honneur de la France d’être aux côtés de ceux qui partagent nos valeurs'. Là encore, les mots sont justes, pointe Le Monde. L’action concrète de la France devra, dans les prochains jours, être à la hauteur du discours. »
Le temps presse…
Pour l’instant, c’est le chaos à Kaboul, relève Libération. Et « ils sont plus d’une centaine d’anciens civils afghans ayant travaillé pour l’armée française – interprètes, chauffeurs, cuisiniers, coiffeurs… – à être toujours pris au piège (…). Depuis le départ des forces armées françaises du pays, seule une partie des 800 anciens auxiliaires ont pu obtenir des visas pour la France. Ceux restés sont condamnés à vivre dans la peur d’être assassinés par les talibans, dont l’offensive éclair fait craindre le pire pour ceux qui ont travaillé aux côtés des puissances étrangères. (…) Le temps presse, s’alarme Libération. Hier soir, aucun des anciens auxiliaires de l’armée française n’avait encore été fixé sur son sort. 'Que dira la France à nos femmes et nos enfants lorsque nous serons tués ?', s’interroge Ahmad, ancien interprète. Une pétition a été lancée, appelant Emmanuel Macron à 'sauver la vie des interprètes afghans qui ont aidé la France pendant des années'. »
Feux de forêt : le sud de la France pas épargné
À la Une également, l’enfer dans le sud de la France… « L’enfer », s’exclame La Provence en première page avec la photo de ce mur de feu qui embrase le département du Var depuis lundi soir.

« La France brûle à son tour », soupire L’Alsace en Une. « Après la Grèce, la Turquie ou encore L’Algérie… »

Pour La Marseillaise, « il faut franchir un cap de coopération méditerranéenne en construisant une alliance pérenne contre les incendies autour de notre mer commune. Une réponse coordonnée qui permette de systématiser la mise en commun des compétences mais aussi des moyens humains et matériels. »