12 décembre 2015 – 12 décembre 2020. C’était il y a cinq ans, et la presse française y croit encore… Cinq ans après cet accord historique, un sommet virtuel est organisé aujourd’hui par Paris, Londres et l’ONU dans l’espoir de lui donner un nouveau souffle. L’Élysée laisse entendre qu’une trentaine de pays devraient faire des annonces autour de l’objectif de la neutralité carbone de long terme. 

Tandis que Le Figaro se réjouit du fait que les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne aient convenu hier d’augmenter, d’ici à 2030, « l’ambition de réduction des émissions de gaz à effet de serre » de 40% à « au moins » 55% par rapport aux niveaux de 1990, le journal Libération consacre sa Une à une sorte de bulletin météo des plus optimistes en pointant le « climat d’espoir » qui devrait régner sur la planète.

Car en fait d’écologie, « nous n’avons pas le choix. Il faut avancer, y croire chaque jour davantage, ne serait-ce que pour donner espoir à cette jeune génération qui a fait du climat sa bataille, son horizon », sermonne ce quotidien. Libé y croit d’autant plus qu’en 2020, la nature a montré que lorsque l’on cesse de la malmener, « elle renaît. Certes, il est à craindre que cette période d’abstinence aérienne, routière et consumériste, soit suivie d’une ruée dans les avions et les lieux de consommation à outrance. Mais l’on sait désormais que si l’on veut, on peut ».

En France, la colère des professionnels de la culture ne se dément pas. Pour lutter contre le coronavirus, le Premier ministre Jean Castex, avant-hier, a notamment annoncé que les lieux de spectacle ne rouvriraient pas avant le 7 janvier prochain :

On l’a vu hier, les cinémas, les théâtres, les musées resteront fermés pour au moins trois semaines. Tout bien réfléchi, Le Figaro a tranché. Selon ce journal, cette annonce de Jean Castex est à tel point « incompréhensible » que, « si l’on était au cinéma - et on y est un peu -, on dirait que le scénario ne tient pas la route ».

De deux choses l’une, expose ce quotidien, « soit la situation est grave - et elle semble l’être -, et alors pourquoi lever le confinement, autoriser les déplacements, ne pas renforcer les mesures de sécurité sanitaire dans les lieux les plus fréquentés ? Soit elle ne l’est pas tant que cela, et alors pourquoi maintenir en pénitence un secteur essentiel de la vie du pays ? ». Et Le Figaro le déplore, « en traitant la culture comme une variable d’ajustement, en renvoyant les acteurs au vestiaire, tels des laquais de comédie, le gouvernement en fait les boucs émissaires de son impuissance ».

De quoi, en tout cas, mortifier la ministre de la Culture. Roselyne Bachelot qui s’est battu – en vain – pour obtenir la réouverture des lieux de spectacle le 15 décembre vient d’emprunter son « chemin de croix », formule Le Parisien. Lequel journal relève cette remarque désabusée de la ministre de tutelle de ce secteur en colère : « La culture fait vivre, mais les politiques de prévention empêchent de mourir ».

Roselyne Bachelot est donc sous pression. Mais elle n’est pas la seule... Même si elles sont formulées à mots couverts, Jean Castex aussi, est de plus en plus sous le feu des critiques :

Mezza voce, les reproches fuitent en effet dans la presse, émanant même de membres du gouvernement. Dans Le Parisien, ce matin, un ministre, ainsi, le confesse : « Un soir par semaine, nous avons la réunion interministérielle Covid et parfois nous entrons dans des détails ubuesques. Cela ne va pas » ; tandis qu’un secrétaire d’État dans ce même journal, le déclare : « C’est l’enfer, c’est trop sectoriel, c’est ridicule ».

Des critiques « qui s’abattent aussi sur le numéro un du cabinet (du Premier ministre) : Nicolas Revel », complète Le Parisien. Selon ce quotidien, le tout puissant et très macroniste Directeur de cabinet de Jean Castex est « en train de recruter un bras droit, de préférence une femme et a déjà auditionné de nombreux candidats ».