« Joe Biden va devenir président des Etats-Unis. Mais Donald Trump a-t-il vraiment perdu ? », affirme et, dans le même temps questionne (autrement dit tempère) « la Une » de Libération. Exercice de pensée complexe auquel est contraint de se livrer ce journal, en relevant qu’aux Etats-Unis comme ailleurs dans le monde, c’est « le soulagement en attendant la délivrance ». Soulagement qui précède la délivrance ( d’ordinaire, c’est le contraire )… Attention, prévient aussitôt ce quotidien, une fois l’affaire conclue, Biden devra panser les plaies de l’Amérique. Son « job » sera d’abord de les « cautériser » ces plaies, qu’elles soient « démocratiques, économiques, sociales, raciales, sanitaires ».

Et justement, Libération trouve que « le tempérament, l’expérience et l’âge de Joe Biden pourraient finalement être des atouts majeurs pour remplir cette tâche immense ». Panser les plaies, oui, et pour cela… penser tout court. « Le candidat démocrate n’y parviendra qu’en pensant son mandat comme un apaisement, surtout pas une revanche », énonce Libé.

Plus sobrement, Le Parisien se borne « en Une » à signaler Joe Biden « en route vers la Maison Blanche ». Impressionné par ce qu’il appelle « la remontada » du candidat démocrate, ce quotidien, graphiques à l’appui, illustre « l’incroyable come-back » de ce dernier dans quatre Etats-clés, Wisconsin, Michigan, Géorgie et Pennsylvanie, pour aboutir à une victoire au « finish », et ses lecteurs apprécieront sans doute ce très sportif lexique du Parisien dans le récit au long cours de ce duel Trump-Biden aux Etats-Unis.

C’est en effet encore ce matin la chronique d’une interminable victoire annoncée. Victoire attendue dans les urnes pour Biden, mais aussi et surtout grâce aux votes par correspondance.

Le Figaro le souligne. Tout en n’écrivant pas autre chose que ses deux confrères Libération et Le Parisien, ce quotidien complète en effet de la touche qui fait polémique dans le camp Trump aux Etats-Unis : les votes par correspondance.

Certes, ce journal place donc Joe Biden « sur le point de franchir tranquillement la ligne d’arrivée d’une stupéfiante course électorale ». Mais il souligne aussitôt que, durant la journée d’hier, il nous a été offert d’assister de sa part « à une remontée épique due aux votes par correspondance - que Donald Trump ne manquera pas de contester en justice, là et ailleurs ». Raison pour laquelle le futur président devra « durcir son jeu et prendre de l’envergure pour gagner la légitimité qu’on lui dénie », enjoint Le Figaro, en rappelant que Joe Biden « est avant tout l’œuvre de Trump, comme Trump fut le legs d’Obama ». Et ce quotidien prédit la suite de cette série déductive par « un mouvement de balancier qui n’est probablement pas achevé » aux Etats-Unis. 

Une course encore dans la presse ce matin, mais une vraie cette fois-ci, et que l’on espère également haletante, la course autour du monde sur mer, en solitaire et sans escales, le Vendée-Globe

Toutes voiles dehors, départ de la flottille demain dimanche des Sables-d’Olonne, sur la côte Atlantique française, pour une aventure au long-cours qui inspire au Figaro des accents très cocardiers. Et pourtant, coronavirus oblige, les marins du Vendée Globe partiront demain « en catimini, sans embrassade ni bain de foule. Mais le grand frisson de l’aventure transpercera, comme toujours, les cirés lors du coup de canon libérateur (13 h 02). Trente trois solitaires, un record, dont 6 femmes (du jamais vu) à l’assaut de la planète dans cette course encore jeune (première édition en 1989) mais déjà bien ancrée dans le patrimoine français, et de plus en plus convoitée par les étrangers (11 nationalités différentes au départ, là aussi un record) », s’enorgueillit donc Le Figaro. 

Alors, même si, coronavirus oblige, les quais du port de départ seront passablement désertés demain à l’heure du départ, même si la voile en haute mer est tout sauf un sport à la portée des marins d’eau douce plus nombreux à lire Libération que Le Figaro (c’est un a priori, je sais et je l’assume), cette aventure humaine-là, avec les drames qu’elle a connus par le passé, est déjà tellement entrée dans la légende que le journal Libération partage ce matin l’enthousiasme du Figaro, en la présentant comme « un Vendée Globe superlatif ».

Sonnant un vrai branle-bas, Libé convoque ses lecteurs sur le pont de ces voiliers qui « volent quasiment sur l’eau et peuvent atteindre des vitesses ahurissantes autour de 35 nœuds (65 km /h) », à bord desquels la navigation est « d’une brutalité inouïe », l’inconnue demeurant plus « dans la résistance des marins que dans celle du carbone omniprésent des coques aux mâts ». Alors, hisse et haut ! Gare au mal de mer ! Bon vent à ces « vaisseaux sanguins », comme les baptise Libération. Et courage à leurs marins !