Une fortune de mer, c’est un accident qui arrive quand on est au large : tempête, naufrage, ou capture par des pirates… C’est peu ou prou ce qui est arrivé, dans la nuit de lundi à mardi, à Kevin Escoffier, concurrent du Vendée Globe, course autour du monde en solitaire et sans escale. Il y a eu tempête dans les Quarantièmes Rugissants, au large du cap de Bonne Espérance, son voilier s’est cassé en deux en l’espace de quelques secondes ; il y a eu naufrage, et Kevin Escoffier a pu être récupéré, non pas par un pirate, mais par un autre concurrent de la course, Jean Le Cam, qui heureusement ne se trouvait pas trop loin… Au total, Kevin Escoffier aura passé presque 12 heures dans son radeau de survie, balloté par des vagues de 5 mètres et par 35 nœuds de vent…

« 12 heures en enfer », s’exclame L’Equipe, où l’on peut lire le récit détaillé de ce naufrage et de ce sauvetage quasi-miraculeux. Escoffier et son voilier PRB était troisième de la course : « comme un origami dans l’océan, son rêve s’est replié », écrit joliment le quotidien sportif.

L’Equipe qui remarque aussi que le sauvé est devenu sauveteur… « En effet, Jean Le Cam se demande encore comment le destin a pu le faire passer de marin sauvé en 2009 à marin sauveur en 2020. Dans deux aventures qui impliquaient à chaque fois le voilier PRB, relève L’Equipe. La première fois, c’est lui qui endossait le costume du skipper en danger. En janvier 2009, il se retrouve coincé dans le cockpit de son bateau, qui se retourne au 57ème jour de course. Il faudra l’intervention de Vincent Riou et PRB pour éviter le drame. Près de douze ans après, c’est (donc) le scénario inverse qui s’est écrit juste avant le Cap de Bonne Espérance. »

Une leçon de courage et de fraternité

« C’est une leçon de mer », lance Le Figaro. « En ces temps bien grisâtres, l’éclaircie vient du Grand Sud et les albatros portent le message. Là-bas, dans les rudes latitudes, des hommes qui ne se payent pas de mots nous offrent une leçon de courage et de fraternité. »

Et Le Figaro de s’interroger : « Pourquoi cette belle histoire des Quarantièmes suscite-t-elle tant d’émotion ? Sans doute parce que la mer tend son grand miroir à notre époque désabusée. À notre société où l’indignation se substitue à la réflexion et la gesticulation, à l’action. Le Cam et sa bande - jeunes loups ou vieux briscards - remettent les choses à leur juste place. La vie, la nature, l’humain. Au bruit du monde ils opposent la solitude acceptée. L’air de rien, ils cultivent le dépassement de soi, l’acceptation du risque, la vraie solidarité. »
Coincé chez lui depuis 2 ans…
Autre sauvetage que nous raconte Le Parisien : celui d’Alain à Perpignan, enfermé dans son appartement depuis deux ans…

Alain ne pouvait plus sortir de chez lui, et pour cause, explique le journal, « victime d’obésité extrême (il pèserait entre 250 et 300 kg), il était immobilisé au premier étage de la maison familiale délabrée. Il est resté ainsi, semi-allongé, nuit et jour, sans pouvoir s’extraire de ce piège desservi par un escalier étroit et vertigineux. »

« Les pompiers l’ont tiré de là… Des maçons ont d’abord démonté une fenêtre puis ouvert une brèche dans la façade. Ensuite, les pompiers ont pu placer Alain dans une nacelle suspendue à une grue. »

Alain a été hospitalisé à Montpellier. À son arrivée, relate encore Le Parisien, « il pleurait de joie. (…) Un soulagement aussi pour les quarante personnes investies dans cette opération inédite en France. »
Avoir 20 ans en 2020… pas simple !
À lire également, cette fois dans Libération, « ces jeunes qui doutent » : en effet, pas facile d’avoir 20 ans en 2020, avec « le Covid devant soi. (…) Ils sont à l’âge de tous les possibles, mais le virus leur rend la vie impossible. Génération sacrifiée pour les uns, immature pour les autres, les jeunes du millénaire sont surtout courageux et malins. »

Ce dossier d’ouverture de Libération et même le journal entier est écrit pas des auteurs de jeunesse, à l’occasion du Salon du livre et de la presse jeunesse qui s’ouvre ce mercredi à Montreuil. Et c’est Joann Sfar, auteur de la série de BD Le Chat du Rabbin qui prend la plume pour parler de cette génération : « Cette jeunesse qu’on dépeint offensable et prompte à pleurnicher, je la trouve courageuse, écrit-il. Ils sont dans un pays morcelé. A l’âge où l’on se fait des amis pour toute la vie, les voilà contraints à la distance et aux ruptures de stock de consoles, à défaut de fête. Les seules joies ? J’ose dire, les manifestations ? Ils maîtrisent le langage du "nassage" et de la "lacrymo" comme personne. Comme s’il y avait besoin de ça pour pleurer. Ils dissertent à l’infini sur l’identité sexuelle et sont privés du chaos de la rencontre. Cette bulle va exploser et je rêve que ce soit explosion de joie. »

Et Joann Sfar de conclure par cet encouragement : « Bonne pandémie ! Bonnes manifs ! Joyeux cataclysme. Dessinez ! Lisez ! Courage ! »