« On n’est pas là pour se faire engueuler, on est là pour voir le défilé », comme le chantait Boris Vian. Eh bien qu’on se rassure ! Cette année, il sera possible de se faire engueuler. « Les Champs-Élysées renouent avec le défilé », affiche Le Figaro. Pas sûr en revanche que l’on se fasse piétiner comme le veut la suite de la chanson. En effet, « si le défilé militaire aura bien lieu, contrairement à l’année dernière où il avait été annulé, seules 10 000 personnes pourront y assister », souligne Le Monde. Avec « pass » sanitaire et obligation de porter un masque, « un dispositif similaire est mis en place pour le feu d’artifice ».
Un défilé comme d’habitude porteur de symboles
Le Figaro passe le menu à la loupe. Cinq mille hommes mobilisés, 73 avions ainsi que… Mc Fly et Carlito, les deux youtubeurs ! « Ils sont prêts à décoller », nous dit Le Parisien. Après avoir gagné un pari contre Emmanuel Macron et après avoir rencontré le président à l’Élysée, MacFly et Carlito « se préparent à participer au défilé aérien de la Patrouille de France », explique le journal. Rien que ça. Et pour être prêts, « l’armée de l’air les a accueillis la semaine dernière pour un vol d’entraînement », précise Le Figaro. « Tout s’est bien passé », affirme l’armée mais elle tente de « dédramatiser la gadgétisation des symboles », note le journal.
Un mélange des genres qui peut déranger
Or, tout le monde n’apprécie pas ce mélange des genres, à commencer par Le Figaro justement. « Le vocabulaire guerrier plaît aux communicants et autres conseillers qui nourrissent le verbe de nos dirigeants », déplore son édito. « Rien de tel que l’emploi des mots mobilisation, offensive ou stratégie pour donner de la force à un discours sur la relance économique, le maintien de l’ordre ou la politique sanitaire », estime l’auteur. « Reste que la guerre n’est pas seulement un mot puisé dans le sac à métaphores si cher aux plumes des politiques, non elle forme régulièrement le quotidien des dizaines de milliers de militaires », lit-on. « Hier la Libye, la République Centrafricaine, la Syrie, écrit Le Figaro, et aujourd’hui le Sahel, où depuis 2013, la France est engagée dans un conflit inextricable qui demande en effet une stratégie : non pas un quelconque plan de communication ». Et comme le défilé du 14 juillet est « toujours un reflet des engagements en cours », relève encore Le Figaro, c’est justement un détachement de Takuba qui descendra les champs en première ligne. 73 hommes issus de cette force spéciale européenne qui doit prendre le relais de l’opération Barkhane.
Dernier défilé pour un militaire bien connu
Et un militaire fera son dernier défilé aujourd'hui. Pas n'importe lequel, c'est le général François Lecointre, « le chef d'état-major des armées qui quitte ses fonctions », nous explique Le Parisien. Emmanuel Macron lui a « rendu hommage », ils inaugureront le défilé ensemble mercredi matin et il passera donc les troupes en revue pour la dernière fois.

Le général Lecointre livre également sa dernière interview au Journal Le Monde. Il revient d'ailleurs sur la transformation de Barkhane récemment annoncée et, quant à la suite, pour lui, l'une des inconnues encore, c'est précisément « quelle sera la montée en puissance de Takuba » (qui compte aujourd'hui 600 hommes) mais dont on sait qu'elle peine à convaincre les partenaires européens. L'autre inconnue, c’est selon lui : « Quelles vont être les réponses des États du golfe de Guinée », sollicités pour aider leurs voisins. 

Et quand Le Monde demande « à quels types de missions les effectifs sortis de Barkhane vont être réaffectés ? ». Eh bien, « il y a une dégradation continue du monde, nous le constatons tous », répond le général Lecointre. « En Ukraine, en mer Noire, en Méditerranée orientale ». Il fait la liste. « En Irak, en Syrie, avec une résurgence de Daech ». En Iran, au Mozambique, au Liban, dans les Balkans. Tableau sombre dressé par le général François Lecointre, mais il est selon lui difficile de dire « ce qui sera considéré par nos responsables politiques comme justifiant un engagement militaire ». Le chef d'état-major français nous dit ici qu'il a « quelques idées » mais qu'il se « gardera bien de les donner pour n'influencer personne ». C'est une sage décision.