Imaginez un instant : « Demain, une Europe sans carbone ». C'est ce que promet La Croix ce jeudi matin et, pour l'illustrer en Une, la photo d'un enfant au milieu d'un champ. Les cheveux blonds comme les blés, debout, pieds nus face à un tournesol, il joue avec une plante. C'est beau comme une publicité et cela donne presque envie d'être déjà dans cette Europe de demain.

« Climat : la révolution européenne », titrent de leur côté Les Échos. « Un tsunami législatif, nous dit le quotidien économique. C'est le terme le plus en vogue à Bruxelles pour qualifier les douze projets de règlements qui ont été présentés hier par la Commission européenne pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ». « Le Docteur Bruxelles a délivré son ordonnance », ironise Le Figaro.
Une belle promesse mais des pièges à éviter
« Taxes, normes... », Le Figaro voit « un plan vert à haut risques ». Les Échos eux parlent de « pièges », et ils en voient au moins trois. Le premier est social : « Gare à ne pas trop charger la barque des mesures susceptibles de rogner le pouvoir d'achat des classes moyennes ! [...] Le fonds social envisagé par Bruxelles ne semble pas à la hauteur ». D’autant qu’en France le souvenir des « gilets jaunes » n'est pas loin. Deuxième piège pour Les Échos, économique : L'Union européenne doit « faire la course en tête » en matière de transition écologique, mais il ne faut pas que cela « handicape trop ses entreprises ». Et dernier piège enfin, d'ordre politique : « Les marchandages en vue à Bruxelles, avec les États et le Parlement. » Le risque, selon le journal, est de « voir le calendrier s'étirer sur des années et les grands équilibres s'étioler. […] Les répliques du tsunami peuvent être redoutables », préviennent Les Échos.

Oui, c'est vrai reconnaît La Croix, « les négociations entre les 27 et la discussion au Parlement européen peuvent encore amoindrir les mesures ». Pourtant, semble-t-il, « toutes les dimensions de notre économie vont être affectées » et « on peut déjà souligner l'audace de la Commission », estime le quotidien catholique : « Une fois n'est pas coutume, l'Europe – dont Jean Monnet disait qu'elle n'avançait que dans les crises – se met en mouvement avant d'avoir touché les murs (même si les plus pessimistes estiment que cela arrive trop tard). »
L’impuissance de l’Union européenne face aux laboratoires
Dans le volet de la crise sanitaire, l'Union européenne aurait choisi « l'impuissance face aux laboratoires ». C'est ce qu'affirme ce matin L'Humanité. « Big Pharma et l'UE : dans les secrets des contrats », affiche la Une. Le journal publie en exclusivité une étude, commandée par le groupe de la gauche au Parlement européen, qui jette « une lumière crue sur la faillite de la Commission dans ses tractations » avec les producteurs de vaccins. « Malgré l'immensité des fonds publics investis, la Commission a finalement peu exigé des grands laboratoires », estime le journal. Sur l'accès au produit par exemple, pendant qu'Emmanuel Macron ou Ursula Von der Leyen faisaient de beaux discours sur la nécessité de le voir comme un « bien public mondial », « ces considérations généreuses ont au mieux été glissées en annexes des contrats », déplore L'Humanité. Alors que les neuf principales multinationales du secteur, dont certaines n'avaient même jamais produit de sérum, « prévoient sur ce marché un chiffre d’affaires de 161 milliards d'euros en 2021. »
Lumière et ombre... La mort de Christian Boltanski
Lumière et ombre. Christian Boltanski maniait les deux avec brio et le plasticien est passé de l'une à l'autre. « Lumière », un seul mot en guise de titre chez Libération. Le journal rend hommage « au plasticien à l'art généreux, inlassable explorateur de la mémoire », qui s'est éteint mercredi à 76 ans. Lui qui était donc né en 1944 et qui avait été « marqué par l'expérience familiale douloureuse de la Shoah » souligne Libé, il jouait du souvenir, de la mémoire, l'un de ses thèmes préférés.

Pourtant, « cet homme rieur aux installations déchirantes fuyait l’idée de la mort comme la peste », écrit Le Figaro. « Quitte à vendre sa vie en viager au collectionneur tasmanien David Walsh, qui lui versait une somme mensuelle contre l’enregistrement vidéo de son atelier 24 heures sur 24. » Boltanski, c'était « la photo sur un fil », nous dit encore Libé. « Par la force de la photographie, l’artiste a montré la vie comme une roulette russe. Qui va vivre, qui va mourir ? ». En tout cas, conclut Le Figaro, Christian Boltanski lui, « a perdu son pari avec la mort ».