Emmanuel Macron envisage une révision des traités européens. Depuis Strasbourg, hier lundi 9 mai, il a plaidé pour une Europe à géométrie variable et propose que les dirigeants des 27 en discutent à leur sommet de juin. 

Le président français souhaite notamment « avancer en continuant à généraliser le vote à la majorité qualifiée », en lieu et place du vote à l'unanimité des États membres, qui est souvent source de blocages. 

« Un sujet clivant pour les Européens », selon Les Échos qui rappellent que treize États membres ont marqué leur opposition hier dans un courrier commun, « marquant une nette ligne de fracture entre l’ouest et le sud du continent d’une part, le nord et l’Europe centrale d’autre part ».

Mais « les citoyens de l’UE, qu’ils soient europhiles ou eurosceptiques veulent surtout changer l’Europe ». C’est en tout cas ce qu’estime l’eurodéputé Guy Verhofstadt qui a coprésidé la Conférence sur l’avenir de l’Europe. Pour lui, « l’intégration poussée de l’UE n’est plus une question de choix politique. C’est un choix de nécessité et de survie pour l’UE ». Il s’exprime dans les colonnes du Figaro. 

Le Figaro qui anticipe toutefois dans son édito : « gare à l’union à la carte : cette Europe-là ne serait jamais une puissance politique ».

La division, c’est aussi ce que craint La Croix qui distingue : « l’Europe des conventions citoyennes et l’Europe des intérêts ; l’Europe idéale et l’Europe des compromis ; l’Europe dont on rêve et l’Europe du réel. L’une ne va pas sans l’autre. Quand la guerre menace aux frontières, l’urgence peut sembler ailleurs (…) mais c’est aussi précisément parce qu’elle est confrontée à de nouvelles menaces que l’UE doit se poser la question des limites actuelles de son organisation ».
Un contexte de guerre 
Emmanuel Macron a prévenu hier qu'une éventuelle adhésion de l'Ukraine à l'UE prendrait « des décennies » et il propose une alternative avec une entrée, en attendant, dans ce qui serait une « communauté politique européenne ». Cela permettrait, explique Libération « de coopérer en matière de sécurité, d’énergie, de transport, d’investissements, d’infrastructures, de circulation des personnes… C’est-à-dire une grande part des compétences actuelles de l’UE », conclut le quotidien. 

L’objectif est aussi de tenir tête à Vladimir Poutine, le dirigeant russe « de plus en plus isolé » selon Le Monde au lendemain des célébrations du 9-Mai.  

« Le président russe a largement fait le parallèle entre les exploits des soldats soviétiques lors de la Grande Guerre patriotique de 1941-1945 et le conflit en Ukraine. » Plus étonnant, dans ce nouveau conflit, « il a assuré que la Russie avait tout fait pour éviter la confrontation avec l’Occident ». Un « discours tout en contrôle », selon Le Parisien/Aujourd’hui en France.

« Ces dernières semaines ont été propices à la surenchère verbale (…) cette fois, le président russe a préféré entrouvrir la porte à une résolution diplomatique », analyse L’Humanité qui se méfie toutefois : « Depuis le début du conflit, Vladimir Poutine ne cesse de souffler le chaud et le froid. » Un entretien exclusif avec un ancien combattant du groupe paramilitaire russe Wagner dans Libération.

Libé qui prévient dans son édito : « donner la parole à un tel personnage dont, au fond, on ne sait que ce qu’il veut bien nous dire, peut paraître indécent, mais ce témoignage est capital. Éminemment utile. Car il permet de déconstruire le discours de Vladimir Poutine (…) Oui, le Kremlin envoie des miliciens faire le sale boulot là où il l’estime nécessaire ». Car cet homme, qui a quitté l’armée et fait de la prison, témoigne à visage découvert et explique comment « égaré, au chômage » entend parler par un ami de cette « entreprise qui peut [lui] donner [s]a chance ».

Il arrive alors dans un camp militaire où « toutes les armes étaient fournies par le ministère de la Défense ». Il part ensuite pour l’Ukraine d’abord. On est alors en 2015 : « la propagande nous a fait croire que nous devions défendre un monde russe en danger », raconte-t-il mais « pas une fois je n’ai été sous le feu ukrainien ». Direction ensuite la Syrie où « l’objectif était de cacher au peuple russe le coût réel de la victoire, créer l’illusion que nous l’avions remportée avec peu de sang ». Ce milicien assure ne pas voir été témoin à titre personnel de crimes de guerre, mais estime qu’une « formation militaire de la taille de Wagner devrait être dotée d’une existence juridique, qui lui accorderait des pouvoirs mais aussi des devoirs, des obligations au regard du droit international ».