« C’est reparti pour un tour », constate le Courrier Picard en première page. Emmanuel Macron, un peu plus de 27%, Marine Le Pen, un peu plus de 23% et entre les deux 26% d’abstentionnistes.

« Repartis pour un second tour », complètent Les Dernières Nouvelles d’Alsace.

« On prend les mêmes… », s’exclame Corse Matin.

« Bis repetita », renchérit 20 Minutes.

Non, « triste repetita », se désole Libération. « Cette fois, ça craint vraiment », lance le quotidien de gauche. « Marine Le Pen aura donc réussi son premier pari, celui d’une dédiabolisation aussi rassurante qu’une reconversion d’Hannibal Lecter dans la restauration. Faisant mieux encore que son score déjà effrayant de 2017, elle aura paradoxalement été aidée par son meilleur ennemi – un Eric Zemmour finalement trop repoussant, dont la dégringolade dans les sondages a poussé ses électeurs au fameux "vote utile" pour la candidate qui pouvait accéder au second tour. »

Et maintenant, soupire encore Libération, « Le Pen a des réserves de voix prouvées, qui peuvent l’amener à le gagner, ce second tour si bien planifié par les stratèges de LREM. Hier, on pouvait chercher désespérément des signes de choc, des manifestations spontanées, des serments que le fascisme ne passera pas. En vain. »

« Pas elle ! », s’insurge L’Humanité en première page. « La menace Le Pen est au plus haut », constate le quotidien communiste. « La gauche, toute la gauche, est face à la responsabilité historique de ne pas laisser notre pays aux mains de l’extrême-droite. »
Mélenchon l’arbitre
« Match retour, avantage Macron », veut croire de son côté Le Parisien… Le Parisien qui note la position très ferme de Jean-Luc Mélenchon arrivé troisième : « pas une seule voix (de la France insoumise) ne doit aller à Marine Le Pen. »

En effet, pointe Le Figaro, « l’issue de la présidentielle dépendra en grande partie des électeurs de Jean-Luc Mélenchon. » Et « Emmanuel Macron doit faire enfin campagne, se lancer dans la bataille, non pas à moitié ni à reculons comme il en a trop souvent jusqu’ici donné le sentiment, mais plutôt deux fois qu’une. »

Mais encore une fois, préviennent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Emmanuel Macron « n’est pas à l’abri d’un report du vote populaire qui s’est dans un premier temps porté sur Mélenchon, mais qui pourrait en partie fort bien migrer vers Le Pen. »
PS… LR… c’est fini…
Ce qui est sûr, c’est qu’on assiste à une recomposition totale du paysage politique français… C’est ce que constate notamment Ouest France : le Parti socialiste et Les Républicains, c’est fini : « les scores cataclysmiques de leurs candidates, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, les condamnent. Canards sans tête capables de courir encore quelques mètres avant de s’apercevoir qu’ils sont morts, ces deux monuments de la vie politique française ne peuvent que s’effondrer. Divisés entre les trois nouvelles forces qui s’imposent à l’issue de ce premier tour. Une gauche plus dure, radicale, qui va se restructurer autour de LFI. Une droite décomplexée, affirmée, nationaliste et souverainiste, appelée à se reformer autour d’une Marine Le Pen, qui va voir les transfuges partis chez Éric Zemmour lui revenir bien vite, après avoir re-retourné leurs vestes. Et un grand pôle centriste, élargi, composite, autoproclamé "progressiste", construit autour d’Emmanuel Macron. »
Quel ré-enchantement ?
Et « ainsi, relève La Charente Libre, ces mois de campagne n’auront servi qu’à achever les deux grands partis d’autrefois, disparus l’un après l’autre dans le naufrage, pour reproduire la finale de 2017. Une force souterraine a traversé la dernière semaine avant le vote pour pousser les deux finalistes vers la ligne d’arrivée et Jean-Luc Mélenchon sur le podium, tout près d’un coup de tonnerre. Elle place bon nombre d’électeurs devant une détestation commune pour le Président comme pour celle qui veut prendre sa place. »

Et désormais, constate L’Ardennais, « s’opposent deux projets, deux France sur les ruines d’un premier tour qui a réduit les partis historiques au néant. Deux projets, deux personnalités qui affichent pourtant un même objectif : réenchanter les Français. Est-ce seulement encore possible ? »