Une élection « à haut risque », prévient « la Une » de l’hebdomadaire L’Obs. « Les électeurs vont-ils jouer le jeu démocratique ou s’abstenir massivement, ce qui pourrait changer la donne et fragiliser l’assise du prochain président, se demande ce magazine. Jusqu’où ira la poussée de l’extrême-droite ? », s’interroge-t-il encore. Et L’Obs n’est même pas sûr que cette élection amène « à y voir plus clair dans un paysage en pleine décomposition ». Début de réponse ce soir.

Pour la France, pourtant, les défis à relever dans les années à venir sont « considérables », souligne Le Figaro Magazine. Seulement voilà, regrette cet hebdomadaire, « faute de véritable campagne avant le premier tour et si les quinze jours de l’entre-deux-tours ne permettent pas un débat clair, le (ou la) futur locataire de l’Élysée risque d’avoir le plus grand mal à faire accepter ses projets et ses réformes », prévient Le Fig Mag.
Une présidentielle lourde d’incertitudes politiques, donc, à l’heure-même où, en Europe, d’autres tentent de survivre sous les bombes :
De quoi agacer L’Express. Ce qui chagrine cet hebdomadaire ? Rien moins que ces Français désabusés que L’Express tient pour des… privilégiés. « Malgré le drame ukrainien, notre pays n'a visiblement pas pris conscience du privilège de pouvoir voter (…) Dans leur grande majorité, les Français sont attachés à la démocratie, mais beaucoup se disent frustrés par son manque d'efficacité, se navre L’Express. Or, si ce système a des limites, il est aussi le seul capable de corriger ses erreurs et de se régénérer. À méditer pour ceux qui hésitent à voter le 10 avril ». Nous y sommes.

« Mécontents, les Français de 2022 ? Certainement, puisqu’1 sur 3 aurait l’intention de bouder les urnes, soupire cet hebdomadaire. On connaît le refrain de la fatigue démocratique qui se serait emparée de nos régimes. Mais que nous disent (les Ukrainiens) qui résistent aux bombes russes semaine après semaine ? Que la démocratie doit vaincre », martèle L’Express.
La tuerie de la gare de Kramatorsk ? Le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian l’a qualifiée de « crime contre l’humanité » ; le président Macron de « crime de guerre ». Des incriminations qui relèvent de la justice. Or contre la Russie, la Cour pénale internationale est incompétente :
Étant rappelé que, pas plus que la Chine et les États-Unis, la Russie n’a ratifié le traité de Rome portant création de la CPI, l’hebdomadaire Le Point souligne que « l’accès au terrain des enquêteurs internationaux est l’élément central de ce type de procédure. Les moyens de la CPI sont comptés ».

Professeur émérite en droit public international, Serge Sur, dans ce magazine, compare la CPI à « une organisation visible mais impuissante. Elle fait mine d’agir mais n’agit pas, car elle n’en a pas les moyens ». D’autant, explique ce spécialiste, que « le crime de génocide est encore plus difficile à établir. Pour prouver l’existence d’une attaque généralisée et systématique des populations civiles, il faut remonter la chaîne des responsabilités, jusqu’à l’échelon politique ». Qu’on ne se méprenne pas, ajoute Serge Sur dans Le Point, « les preuves que des ordres ont été donnés en haut lieu pour commettre des massacres, vous ne les aurez pas. Ou alors dans trente ans, quand les archives auront été ouvertes », prédit-il.

Toujours dans Le Point, Julian Fernandez, professeur à l’université Paris 2 Panthéon-Assas, spécialiste de droit international pénal, admet que « sans la coopération des États, la CPI est nue. Or, on voit mal quel pays serait prêt à lancer ses forces spéciales pour se saisir des accusés, surtout s’ils sont en Russie », complète Julian Fernandez. Une vraie mission impossible…