25 décembre 1991 : « En début de soirée au cœur de Moscou sur la place Rouge, relate Ouest France, quelques gardes s’affairent. Ils ont reçu l’ordre de changer le drapeau qui flotte sur le Kremlin. Un peu plus tôt, Mikhaïl Gorbatchev annonçait à la télévision qu’il mettait fin à ses fonctions de président de l’Union des républiques socialistes soviétiques. En fait, c’est l’URSS elle-même qui prenait fin, deux ans après la chute du Mur de Berlin. »

Toute cette semaine, avec un peu d’avance, donc, les quotidiens sont largement revenus sur cette date historique du 25 décembre 1991.
La peur est revenue
Libération a ouvert le bal lundi 20 décembre, en rappelant tout d’abord cette petite phrase du présentateur du journal télévisé ce soir-là : « Aujourd’hui commence une nouvelle ère, un nouvel État. Nous l’accueillons avec espoir et que nous soit épargnée la répétition des tristes erreurs de notre passé. » Et le journal de s’interroger : « Trente ans plus tard, que reste-t-il de cet espoir ? Pas grand-chose », répond Libération.

« Insidieusement, la peur est revenue. Celle de s’exprimer librement. Le pluralisme démocratique s’est réduit comme peau de chagrin et le droit de mémoire est chaque jour un peu plus bafoué. Aux frontières, et au-delà, les bruits de bottes s’intensifient. La Russie de Poutine est redevenue un pays dont on se méfie, qui inquiète. Quelques voix courageuses osent encore rêver, résister, comme celles de l’opposant Alexeï Navalny ou du journaliste Dmitri Mouratov, prix Nobel de la paix 2021. Mais elles restent rares et sont des cibles. Trente ans plus tard, conclut Libération, l’URSS ne s’écrit toujours pas au passé. Et la Russie peine à commencer à vivre librement son avenir. »

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L’arsenal des faibles
Le Figaro, pour sa part, est longuement revenu ce mercredi 22 décembre sur cette date-anniversaire, avec peu ou prou le même constat.

« Nostalgique d’un empire dont il était l’agent zélé au KGB, Vladimir Poutine court après la puissance perdue et l’honneur flétri de la Russie, affirme le journal. Sa quête passe par l’instauration d’un équilibre stratégique avec l’Otan, qu’il veut à tout prix tenir à distance de l’espace russe - quoi qu’en pensent ceux qui le peuplent. Mais une fois l’empire soviétique réduit en poussière, il ne lui reste que l’arsenal des faibles, estime Le Figaro : s’attaquer à plus petit que soi, mordre sur des frontières, entretenir des conflits larvés, soutenir des dictateurs redevables, déployer des mercenaires, agir masqué dans l’ingérence, la désinformation, le sabotage, la cyberguerre. De la puissance soviétique, on est passé à la nuisance russe. […] À l’équilibre des blocs a succédé la stratégie des mille entailles - plus souvent l’apanage des terroristes et des États voyous. Poutine rembourse avec de la petite monnaie la grande humiliation historique de la Russie. Et comme depuis des siècles, conclut Le Figaro, c’est d’abord le peuple russe qui en fait les frais, son rêve de liberté emporté par le règne de la répression et de la peur. »
Rien de romantique
L’héritage soviétique, Les Dernières Nouvelles d’Alsace s’y attardent ce jeudi matin 23 décembre, avec ce constat amer : « La chute de l’URSS a laissé un immense vide que Vladimir Poutine n’a de cesse de combler depuis deux décennies, avec l’appui de la religion et du mirage de la menace occidentale. Il a modernisé l’armée, pointe le quotidien alsacien, rétabli les vieilles tensions de la guerre froide, annexé la Crimée en 2014 et vient de déployer 175 000 soldats à la frontière avec l’Ukraine. L’héritage de Lénine sert toujours la mythologie du pouvoir qui sait que les Russes sont capables de grandes choses dès lors qu’ils se sentent menacés dans leurs fondements. La nostalgie soviétique n’a rien de romantique. »
Omicron s’invite sous le sapin
À la Une également ce jeudi : « Le virus trouble-fête », c’est le grand titre de l’Union. En effet, « Omicron s’invite sous le sapin », déplore La Marseillaise. « Les autorités sanitaires recommandent d’éviter la multiplication des contacts alors que les hôpitaux, dévastés par la pandémie et des années de logique comptable, sont saturés. » « Omicron contraint l’exécutif à durcir sa stratégie », titre Le Monde. « À quelques jours de Noël, la déferlante du variant Omicron affole l’Europe. En France, le gouvernement n’exclut pas des restrictions. »

Petit espoir. Et si finalement, Omicron n’était pas si méchant que ça ? Le Parisien veut voir le verre à moitié plein avec les récentes observations de scientifiques qui constatent qu’Omicron semble entraîner moins de formes graves que le variant Delta, « ce qui pourrait limiter le scénario d’une surcharge massive des hôpitaux ». Mais cela reste encore à confirmer. 

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