Vincent Bolloré qui, pour tenter d’éviter un procès au pénal, reconnaît sa culpabilité et celle de son groupe dans des faits de corruption au Togo. En vain. Le milliardaire pourrait bien être jugé quand-même en correctionnelle

« Un revers » pour Vincent Bolloré, admet Le Parisien, « le milliardaire, qui plaidait coupable dans une affaire de corruption en Afrique, s’est vu refuser par le tribunal judiciaire de Paris la validation d’une peine négociée avec le parquet national financier. Il risque un procès », résume sobrement ce quotidien.

Dans le journal en ligne Mediapart, en revanche, le traitement de cette affaire est d’une toute autre ampleur. Si un site internet disposait d’une vraie Une, on pourrait assurément dire que cette affaire y trône. Et l’envahit.

« Un camouflet pour Bolloré au tribunal de Paris », lance en effet Mediapart. « Rien ne s’est passé comme prévu », hier, lors de l’audience de validation de la procédure concernant Vincent Bolloré, enchérit ce journal en ligne, en pointant le « coup de théâtre » qui s’y est produit.

La scène s’est en effet passée en pleine audience devant le tribunal judiciaire de Paris

Alors qu’à la barre, Vincent Bolloré en personne venait de reconnaître sa culpabilité pour « corruption » (d'agent publics étranger) et « complicité d’abus de confiance », la présidente de la Chambre correctionnelle a jugé que la peine acceptée par Vincent Bolloré, dans le cadre d’une procédure de plaider-coupable négociée avec le Parquet national financier afin de s'épargner un procès au pénal, était « inadaptée au regard des circonstances de l’infraction », vu la gravité des faits et la personnalité de Vincent Bolloré, patron d’une très grande entreprise qui « représente la France à l’étranger », rapporte Mediapart. Isabelle Prévost-Desprez -c’est le nom de cette juge présidente- a estimé « nécessaire » que l’affaire soit jugée lors d’un procès public. « La pilule est amère pour Vincent Bolloré », énonce ce journal en ligne.

Après avoir minutieusement rappelé qu’au Togo (mais aussi en Guinée), une filiale de Bolloré a réglé à une autre société du groupe -Havas, en l’occurrence- des « prestations électorales » pour le bénéfice des présidents de ces deux pays, respectivement Faure Gnassingbé et Alpha Condé (en échange de contrats et autres avantages fiscaux), après avoir souligné que ces pratiques comptables sont « contraire(s) à (l’)objet social » de ladite filiale qui a payé lesdites prestations, Mediapart signale que ce dossier judiciaire va à présent être retourné aux juges d’instruction et qu’il leur appartient désormais de « renvoyer ou non le milliardaire, qui est mis en examen, devant un tribunal correctionnel ».

Lui va connaître après-demain son jugement dans l’affaire dite « des écoutes » ou encore « l’affaire Paul Bismuth », c’est Nicolas Sarkozy. En compagnie de son avocat Thierry Herzog, l’ancien président est poursuivi en correctionnelle pour « corruption » et « trafic d’influence »

« Lundi 1er mars, les sarkozystes retiendront leur souffle », lance Le Parisien. À l’avant-veille du jugement, « les proches » de Nicolas Sarkozy « gardent la dent dure » contre le Parquet national financier (PNF), signale ce quotidien… Dans les colonnes duquel le sénateur de Paris, Pierre Charon, dénonce une institution au sein de laquelle les magistrats « soit s'auto-protègent, soit s'entre-tuent ».

Étant rappelé que le parquet a requis quatre ans d'emprisonnement, dont deux avec sursis contre l'ancien président, Nicolas Sarkozy attend ce jugement « sans fébrilité, ni excitation », assure son entourage dans Le Parisien.

Autre rappel, à partir du 17 mars, Nicolas Sarkozy a de nouveau rendez-vous avec la justice puisqu’il comparaîtra une fois encore au pénal pour avoir dépassé son plafond de dépenses de campagne en 2012 dans le cadre de l’affaire Bygmalion.

Voilà pourquoi si, lundi, « Sarkozy est relaxé, ça ambiance Bygmalion », espère, dans Le Parisien, un ami de l'ancien chef de l'État.

Comme le formule ce journal, ces épreuves judiciaires constituent « autant de haies rapprochées nécessaires à franchir pour Nicolas Sarkozy s'il ambitionne un jour, comme l'espèrent certains à droite, de se poser en recours… politique ».