« "Tenir". Emmanuel Macron a répété hier soir ce mot comme un mantra tout au long de sa septième allocution, relève Libération. "Tenir" car les trois semaines qui viennent vont être une catastrophe pour les hôpitaux. "Tenir" jusqu’à la mi-mai, le temps que l’orage sanitaire passe et que la campagne de vaccination commence à faire effet. (…) Les Français ont désormais des perspectives et un calendrier. Le chef de l’État, lui, prévient Libé, n’a plus droit à l’erreur. »

« Cette fois au moins, les choix sont clairs, s’exclame La Croix. L’allocution d’Emmanuel Macron est habile : il annonce des restrictions nouvelles sans paraître renier la stratégie de ces derniers mois. En bouleversant le calendrier scolaire, l’exécutif se donne une chance de rouvrir les écoles dans trois semaines, puis collèges et lycées d’ici un mois. Cela permet – au moins provisoirement – de souligner cette spécificité française dans la crise sanitaire : l’éducation reste une priorité. On peut aussi se réjouir, pointe La Croix, de l’entendre pour la première fois évoquer un horizon – la mi-mai – pour la réou­ver­ture des lieux de culture et des terrasses de restaurants, mais aussi de concéder des erreurs. Emmanuel Macron se désole des retards dans la vaccination en promettant du mieux dès les prochains jours. Et il donne le coup de grâce à l’attestation pour les déplacements de proximité. Personne ne s’en plaindra, pointe le quotidien catholique, tant elle était devenue le symbole des lourdeurs administratives de notre pays. C’est le signe aussi, conclut La Croix, que l’exécutif fait le choix de s’en remettre au civisme et au sens des responsabilités de chacun. »
Tout va se jouer sur la vaccination
En fait, estiment Les Echos, « ce qui dessinera le bilan final d’Emmanuel Macron sur la gestion du coronavirus, c’est la vitesse à laquelle la vaccination va désormais aller et permettre de lever petit à petit les contraintes. La France va recevoir 30 millions de doses entre avril et mai, ce qui lui permettra d’atteindre le premier objectif de 10 millions de vaccinés mi-avril, puis 20 millions mi-mai. À condition naturellement que la logistique soit à la hauteur. Mais on peut être optimiste. » 

En effet, rebondit Ouest France, « les perspectives offertes par les vaccins devraient nous aider à "tenir ensemble" encore un peu. Cet argument-là n’existait pas l’an dernier. Et il change tout. Malgré les retards à l’allumage, les doutes sur les livraisons et les effets secondaires de l’AstraZeneca, la campagne de vaccination est en passe d’atteindre sa vitesse de croisière. Si l’objectif du "10, 20, 30" – 10 millions de Français vaccinés à la mi-avril, 20 millions à la mi-mai et 30 à la mi-juin – est effectivement tenu, ce qu’a réaffirmé Emmanuel Macron hier, une sortie de crise rapide est envisageable. »
L’envie d’y croire !
Le Figaro s’interroge : « Emmanuel Macron n’aurait-il pas été bien inspiré de faire il y a deux mois ce qu’il se résout à accomplir aujourd’hui ? » Non, répond le journal. « C’est oublier que ces deux mois "perdus" ne l’ont pas été pour tout le monde : les enfants ont appris, les entreprises ont tourné, les Français ont vécu, et ce qui leur a été donné ne leur sera pas repris. C’est oublier surtout qu’il y a deux mois, rappelle Le Figaro, il n’y avait pas de vaccin - et que sans vaccin le confinement est une voie sans issue. "Nous allons accélérer", jure Macron, dont la bonne volonté n’est pas en cause, mais la capacité à se faire obéir d’une machine bureaucratique qui manifestement ne répond plus. »

Et Le Figaro de conclure : « Après tant de ratages (ni masques, ni tests, ni lits, ni vaccins) il faut espérer, pour sortir du cauchemar, que cette fois, il sera entendu. »

« Malgré les ratés multiples, nous avons tous envie d’y croire, lance en écho La Charente Libre. Parce que cette année de montagnes russes terminée dans le brouillard complet est de plus en plus insupportable. Une fois encore, les Français feront majoritairement preuve de civisme et de patience. Ils bénéficient enfin d’un peu de confiance, à l’image de ces attestations quasi disparues. C’est aussi un aveu. Après des mois d’infantilisation peu efficace, l’éventuel échec du plan présenté hier ne pourra être imputé aux comportements des citoyens contraints à de nouveaux sacrifices, mais aux ratés de leurs dirigeants ne tenant pas leurs promesses d’efficacité. »