« L’aura des IEP, des Instituts d’études politiques, en a pris un coup », s’exclame Le Parisien. Depuis mardi, précise le journal, au sein de ces prestigieuses écoles, « déferlent (sur les réseaux sociaux) des témoignages d’étudiantes dénonçant comportements et violences sexistes, y compris des viols, sous le mot-dièse 'sciences porc'. Une enquête préliminaire a été ouverte pour viol à Toulouse, deux pour agressions sexuelles à Grenoble et un signalement fait à la justice à Strasbourg. Des allégations jugées suffisamment sérieuses pour que le gouvernement convoque hier soir une réunion avec l’ensemble des directeurs d’IEP en France. »

Le Parisien rappelle que « c’est du navire amiral, Sciences-po Paris, qu’est tombé le premier domino, poussé par la déflagration du scandale Olivier Duhamel, le 7 janvier. Le politologue, accusé par sa belle-fille Camille Kouchner, d’avoir abusé de son frère lorsque celui-ci avait 13 ans, présidait la Fondation nationale des sciences politiques. Il a démissionné de cette instance qui détient les clés du coffre et du pouvoir au sein de la célèbre école, dès la révélation du scandale. Sans éteindre celui-ci. »
Le règne de l’entre soi…
«  Le saint des saints de la fabrique des élites à la française traverse sans doute l’une des plus graves crises de son histoire, commente Libération. Car si le cœur parisien du réacteur Sciences-Po est touché à sa tête, c’est l’ensemble du réseau des IEP qui doit faire face à une vague dévastatrice de révélations de violences sexuelles. (…) Si ce sanctuaire de la formation des élites est à ce point fragilisé, c’est aussi, poursuit Libération, parce qu’un système, une identité collective, faite d’entre soi et d’une trop grande proximité avec le pouvoir, les a rendus possible. Sciences-Po a mené depuis des années des réformes, tenté de s’ouvrir, promu la diversité des parcours. Mais, manifestement, pas suffisamment, pointe encore Libé, pour comprendre qu’elle n’était pas une institution à part, hors du monde, à l’abri de la révolution sociétale en cours. »
Loi climat : comment passer des promesses aux actes ?
Le débat sur la loi climat se poursuit dans la presse… Présenté hier en conseil des ministres, débattu en mars par les députés, le texte provoque bien des commentaires.

Pour Le Monde, il faut « passer des promesses aux actes. » Car, poursuit-il, « le tri opéré par le président de la République, le gouvernement et les parlementaires parmi les propositions de la Convention citoyenne pour le climat alimente le sentiment qu’une promesse démocratique n’a pas été totalement tenue, sous la pression des lobbys ou de la réalité de la crise économique. Ce désappointement, au moment où la prise de conscience écologique progresse, appelle un profond changement dans la mise en œuvre de la transition écologique, estime le quotidien du soir : reprendre les objectifs des scientifiques pour se donner bonne conscience ne suffit pas. Il faut construire un chemin, vérifier, étape après étape, qu’il peut être tenu et miser, par un accompagnement social approprié, sur la demande d’une population qui aspire à vivre mieux. »
Surenchère écolo ?
Le Figaro, pour sa part, voit plusieurs couacs dans ce projet de loi, notamment en ce qui concerne le nucléaire…

« Dans ce texte censé réduire les émissions de gaz à effet de serre, on cherchera désespérément les éléments concrets et visionnaires sur l’industrie nucléaire, seul moyen d’atteindre une économie décarbonée, estime le journal. L’optimiste verra dans cette absence la preuve d’un soutien du gouvernement au progrès technique, le pessimiste regrettera que la dimension stratégique de cette énergie vertueuse soit systématiquement évacuée du débat. (…) Si des députés de la majorité s’ajustent aux propositions de nos nouveaux maires écolos, on peut craindre le pire… Pour l’exécutif, le danger, c’est la surenchère ! »
La guerre invisible du Tigré
Enfin, on revient à Libération avec ce reportage sur le conflit armé dans la région du Tigré en Ethiopie, cette « guerre invisible », titre le journal.

« Des informations alarmantes arrivent de cette région, coupée du monde depuis trois mois, pointe Libération. Des échos de féroces batailles à huis clos entre le pouvoir central et les autorités locales, aujourd'hui en fuite, qui auraient transformé en paysage de ruines ce territoire plus vaste que la Suisse ou le Danemark. Champs brûlés, infrastructures pillées ou détruites, réservoirs d’eau potable hors service laissent la population locale totalement démunie. (…) Les pressions internationales se multiplient pour obtenir du gouvernement éthiopien 'un accès humanitaire illimité' à la région, menacée par la faim et les exactions dont se rendraient responsables les troupes éthiopiennes et érythréennes. Une situation, prévient Libération, qui pourrait déstabiliser toute la corne de l’Afrique. »