C’est bien connu : les Français se sont débarrassés de leur monarchie mais ils adorent les grandeurs et décadences de celle Outre-Manche. Il n’est qu’à voir le succès dans l’hexagone de la série télévisée The Crown qui relate par le menu les bonheurs et les malheurs de la famille royale britannique.

Nouvel épisode, mais cette fois en vrai : « la guerre est déclarée », s’exclame Le Parisien en première page. Avec la photo de Meghan et Harry, le couple princier rebelle, face à la célèbre intervieweuse américaine Oprah Winfrey. « Les confidences du fils cadet du prince Charles et de son épouse, dans cet entretien diffusé sur la chaîne américaine CBS, ont fait l’effet d'une bombe au Royaume-Uni et au sein de la monarchie britannique », s’exclame Le Parisien.
Des confessions dévastatrices
« Un désastre, poursuit le journal. Selon les commentateurs spécialistes de la monarchie britannique, cette interview est le pire scénario envisageable pour la famille royale. (…) La Couronne fait face à sa plus grosse crise depuis des décennies. Peut-être depuis 1936 avec l’abdication d’Edouard VIII, l’oncle d’Elizabeth II. (…) Les confessions du couple faites à la télévision américaine sont dévastatrices. Meghan affirme n’avoir reçu aucun soutien alors qu’elle avait des pensées suicidaires. Et il y a les accusations de racisme visant un membre de la famille royale, qui n’est pas nommé, qui se serait inquiété de la couleur de peau d’Archie, le bébé du couple, avant sa naissance. Tout cela va bien plus loin que ce à quoi s’attendait le Palais : les querelles entre Meghan et sa belle-sœur Kate, qui remontent à 2018 et qui ne se sont jamais apaisées depuis, ou encore les craintes de Harry de voir l’histoire se répéter, évoquant le sort de sa mère, Lady Diana, poursuivie par les paparazzis et décédée à Paris en 1997. »
« Le carrosse des Windsor sent la citrouille »
Y a-t-il vraiment péril en la demeure royale ? Non, répond Le Parisien : « la crise actuelle ne saurait entamer l’amour de l’Angleterre pour son iconique et nonagénaire suzeraine. Elle lui a déjà tant pardonné. En revanche, la couronne va être lourde à porter pour ses héritiers. »

« Le carrosse des Windsor sent la citrouille », renchérit La Charente Libre. « Que la femme du petit-fils de la reine d’Angleterre et son prince de mari règlent leurs différends familiaux en prenant la planète à témoin, quelle importance ? Au pays où le Covid a fait plus de 125.000 victimes en un an, l’affaire "Sussex versus Windsor" balaye pourtant tout sur son passage jusqu’à s’étaler bien au-delà des frontières du royaume dans les gazettes des cinq continents. » Pourquoi ? « Mythe absolu, la monarchie anglaise nous transporte dans l’émoi du roman-photo et des sagas télé », répond le quotidien charentais. Et finalement, « personne n’a intérêt à ruiner un tel filon, ni la presse qui l’exploite, ni les intéressés qui en vivent grassement. Ce nouvel épisode ne fait que confirmer tout ce que les précédents avaient amplement suggéré. La famille royale (britannique) cultive l’ingratitude et la jalousie sans jamais mesurer l’indécence de sa situation. »
Sénégal : crise politique mais aussi sociale
À la Une également, le Sénégal… La tension est quelque peu retombée hier. L’opposant Ousmane Sonko a été relâché par la justice sénégalaise, et placé sous contrôle judiciaire. Son arrestation, le 3 mars, a provoqué des émeutes à travers le pays, qui ont parfois dégénéré en pillages. Et, relève La Croix, au-delà des questions politiques, cette « flambée de violences est aussi attisée par la crise sociale que traverse le Sénégal. La pandémie a stoppé net une croissance économique qui accompagnait à grand-peine une poussée démographique vigoureuse. Beaucoup de personnes travaillant dans le secteur informel ont perdu leur emploi, alors que le chômage était déjà très élevé. Les transferts venus des émigrés ont baissé. Le Sénégal compte certes une classe moyenne dynamique mais les inégalités se creusent, alimentant les frustrations. »
Sonko : l’étincelle
Les Dernières Nouvelles d’Alsace renchérissent : « ce mouvement est donc l’expression d’un désespoir et d’une colère. D’une volonté aussi, celle de refaçonner l’exercice du pouvoir. L’actuel président a pris ces derniers mois des libertés que la constitution n’autorise pas et que la morale réprouve, estime le quotidien alsacien. Ses opposants les plus gênants ou ceux qui pourraient le devenir se retrouvent trop régulièrement derrière les barreaux pour que le peuple n’y voie pas une dérive autoritaire. Avec son discours anti-système et anti-élites, ses violentes diatribes aussi contre la politique post-coloniale de la France et l’emprise de l’ancienne puissance tutélaire sur l’économie du pays, Ousmane Sonko a su agréger ce ressentiment populaire, concluent les DNA. L’atmosphère était hautement inflammable, son arrestation aura été l’étincelle provoquant la déflagration. »