« L’annonce ne faisait guère de doute, souligne Le Parisien, après l’aggravation des indicateurs de la situation sanitaire du Covid-19 depuis la fin de semaine dernière. Elle est tombée hier dimanche à 21h30 par la voix de Matignon. Sans surprise, Paris et la petite couronne basculent en zone d'alerte maximale, où se trouvent déjà Aix-Marseille et la Guadeloupe, avec des mesures qui vont entrer en vigueur à partir de demain mardi et pour une durée de quinze jours.

Les bars, déjà contraints depuis une semaine de baisser le rideau à partir de 22 heures, vont avoir pour obligation de fermer totalement. Quant aux restaurants, ils bénéficient d'un léger répit, mais avec un protocole sanitaire renforcé dont le détail sera présenté ce lundi par les ministres compétents. »

En fait, analyse Le Figaro, « l’exécutif navigue à vue face au Covid (…). Pour sensibiliser le pays à la nécessité d’un sursaut face au virus, l’exécutif n’échappe pas aux mesures drastiques, au risque de déstabiliser les acteurs. La semaine dernière, l’annonce de la fermeture des bars et des restaurants à Marseille a provoqué un tollé. (…) Mais le Premier ministre assume. 'On a créé une prise de conscience. De ce point de vue-là, même si j’en prends plein la gueule - et c’est inhérent à ma fonction -, le coup est réussi. On a fait rentrer dans l’atmosphère les sujets sanitaires', se félicite désormais Jean Castex. 'Il y a un phénomène supplémentaire, celui de la lassitude', pointe son entourage. Avec un risque politique à la clé, celui de voir les Français rejeter les nouvelles mesures de lutte contre l’épidémie. 'L’opinion publique se cabre, prévient pour sa part un proche d’Emmanuel Macron, toujours cité par Le Figaro. (…) Face à la première vague, les Français se sont disciplinés et ont accepté le confinement ; là, ils ne veulent plus. Jean Castex n’a pourtant d’autre choix, pointe le journal, que de jouer l’équilibriste entre les deux volets de la crise, sanitaire et économique. »

La vague « rassuriste »

D’autant que le doute s’installe dans l’esprit de certains : et si cette épidémie était en train de s’essouffler ?

C’est du moins ce qu’affirment les « rassuristes », constate Libération, ces « scientifiques que le virus n’inquiète plus. (…) Ils ont le verbe flamboyant, l’assurance des sachants. Ils jouent les contradicteurs indignés sur les chaînes d’info en continu et font le buzz sur les réseaux sociaux. Ils s’appellent Didier Raoult, Christian Perronne, Jean-François Toussaint, Laurent Toubiana. Ils sont microbiologiste, infectiologue, professeur de physiologie ou épidémiologiste. Tous sont bardés de diplômes. Leur point commun ? Une lecture de la situation sanitaire à rebours de celle de leurs pairs : l’épidémie est en bout de course, le virus moins dangereux et les entraves à la vie sociale des citadins décrétées ces dernières semaines par le gouvernement, inutilement liberticides. »

Des affirmations réfutées par les praticiens de terrain, pointe Libération : « Ça ne me choque pas que l’on cherche à rassurer la population. En revanche, je suis surpris devant des propos péremptoires, pétris de certitudes. Quand on est un scientifique, qu’on a une légitimité pour s’exprimer et être écouté, il faut faire preuve d’une extrême prudence », affirme Philippe Juvin, chef des urgences de l’hôpital Georges-Pompidou à Paris.

« Ils me font très peur, affirme encore dans Libération ce réanimateur. Si ces gens arrivent à fédérer une partie de la population, excédée par les restrictions, il pourrait y avoir une vraie levée de boucliers contre les mesures barrières et ce serait très dangereux. Des gens pourraient enlever les masques, refuser de fermer leurs bars… Là, on serait dans une situation ingérable, on n’aurait plus rien pour amortir le choc dans les hôpitaux. »

Nécessaire transparence

Finalement, commente Libération, « l’absence de consensus scientifique autorise chacun à s’improviser expert. Modes de contamination, efficacité des masques, traitement… Les sujets ne manquent pas, sur lesquels médecins et épidémiologistes les plus sérieux avancent pourtant avec prudence, confrontés à un adversaire encore inconnu il y a quelques mois. »

De plus, remarque encore Libération, « l’exécutif, dans cette crise complexe, ajoute à la confusion. En refusant de rendre publics les indicateurs sur lesquels il fonde ses décisions, le gouvernement alimente la machine à fantasmes. A l’urgence sanitaire doit donc s’ajouter celle, démocratique, d’une nécessaire transparence. Elle est à la fois le moyen de restaurer la confiance - abîmée - de la population dans la parole publique. Et de dissiper les mirages de la 'pensée magique'. »

Trump tiré d’affaire ?

Enfin, Donald Trump pourrait bientôt quitter l’hôpital, dès ce lundi, à en croire son équipe médicale…

« Fake news ?, s’interroge La Charente Libre. Allez savoir, tant tout et son inverse peuvent se déduire de sa courte vidéo de samedi et des informations contradictoires de sa task force médicale mue par un optimisme déterminé. »

En tout cas, pointe Le Figaro, « si Donald Trump parvient à surmonter ce mortel danger, il deviendra le candidat qui a vaincu le coronavirus. Il n’hésitera pas à dire qu’avec lui l’Amérique gagnera face au virus et il aura démontré une fois encore sa surprenante capacité à se tirer des pires situations. »