« Et revoilà un hélicoptère américain, s’exclame Libération, évacuant précipitamment les derniers diplomates par le toit de l’ambassade des Etats-Unis, comme le 29 avril 1975 (lors de la chute de Saigon au Vietnam). La photo de la déroute est en couleur cette fois-ci mais l’effet reste saisissant. Il y a un mois à peine, le président Joe Biden expliquait que les talibans n’étaient pas comme les Viêt-Cong et que l’armée afghane pourrait résister à leurs attaques. Analyse coûteuse et erronée. (…) Cette débâcle est aussi celle d’une certaine idée occidentale, pointe encore Libération, celle d’une démocratisation forcée de l’autre. Pour l’Europe qui y a cru, c’est une amère désillusion, mais aussi un avertissement pour sa propre sécurité : l’ère de l’interventionnisme militaire américain est derrière nous. »

En effet, renchérit Le Républicain Lorrain, « cette retraite aux conséquences funestes signe la fin d’un chapitre historique ; celui où les puissances occidentales se persuadaient qu’elles occupaient un pays pour 'son bien'. Ce temps est révolu en Afghanistan, au Mali et ailleurs : partout où la déchirure laisse des civils vulnérables sur le tarmac des espérances. »
Nouvelle donne géopolitique
Du coup, pointent Les Dernières Nouvelles d’Alsace, « le fragile équilibre régional va être remis en question, et l’est déjà. La Chine, l’Iran, le Pakistan ainsi que trois pays de la 'sphère russe' possèdent des frontières communes avec les fondamentalistes sunnites qui sont des alliés pour les Pakistanais, des ennemis pour les Iraniens et une source d’inquiétude pour tous. »

Certes, relève encore quotidien alsacien, « plus personne ne veut d’une guerre ouverte : les Russes ont déjà donné, les Iraniens sont sur plusieurs fronts et les Chinois préfèrent sécuriser leurs nouvelles routes de la soie. D’où les tractations politiques intenses menées ces dernières semaines avec les représentants des talibans qui ont reçu l’assurance qu’aucun de ces pays ne viendrait se mêler de leurs affaires s’ils restaient eux-mêmes à l’écart de celles du monde qui les entoure. Chacun faisant semblant de croire l’autre et s’en accommoder. Pour le moment, soupirent Les DNA. Car avec la chute de Kaboul et de l’Afghanistan, c’est bien une nouvelle faille géopolitique qui s’est ouverte. »
Vers une nouvelle vague migratoire
Par ailleurs, la question des réfugiés va très rapidement revenir sur le devant de la scène. C’est ce que remarque Le Courrier Picard : « l’Europe va devoir prendre dans les semaines à venir des décisions importantes pour faire face à une nouvelle crise migratoire. Et il sera davantage question de gros sous que de solidarité avec le peuple afghan. L’Europe a en effet pris l’habitude, relève le quotidien picard, de donner des centaines de millions d’euros à des pays tiers pour qu’ils retiennent les éventuels demandeurs d’asile tentés par un départ vers l’Europe. Une politique qui répond à un besoin de sécurité exprimé par des opinions publiques persuadées qu’elles font face à une raz-de-marée migratoire. Voire…, tempère le Courrier Picard. Depuis 2015, 570.000 Afghans ont demandé asile dans l’Union européenne, alors que de leur côté, l’Iran ou le Pakistan accueillent déjà près de 5 millions d’Afghans sur leur sol. »