Venues de Tokyo jusqu’à Paris, les larmes inondent nos kiosques ce matin mais de celles que l’on aime voir : des larmes de joie. Celles de Clarisse Agbégnénou, en Une de Libération comme en Une de L'Equipe évidemment. Le Figaro préfère quant à lui nous montrer le sourire qui a suivi, et la médaille. « Agbégnénou, enfin sur l’Olympe », affiche pour sa part L’Humanité. « Quelle classe Clarisse ! », s’exclame Le Parisien, « elle l’attendait tant ce titre olympique », nous dit le journal. Et ce mardi 27 juillet, la judokate française de 28 ans « a obtenu sa revanche avec brio, face à la judokate slovène qui l’avait privée d’or à Rio », il y a cinq ans. Elle devient donc la nouvelle championne Olympique des -63kg, la dernière médaille qui manquait à son palmarès, souligne L’Équipe.
Un message personnel de L’Équipe
« Entre Clarisse Agbégnénou et L’Équipe, il y a toujours eu beaucoup d’amour, mais il fut parfois un peu vache », ironise d’emblée l’édito. Le quotidien sportif nous apprend que la judokate en voulait à la rédaction pour n’avoir pas consacré de Une à son cinquième titre mondial, décroché le mois dernier à Budapest. « Que faut-il que je fasse de plus pour qu’une de mes victoires soit en Une de votre journal ? », s’agaçait alors la sportive. Eh bien, « la réponse était simple », lui dit aujourd’hui L’Équipe. Ce qu’il fallait faire, c’est « ça » : « Triompher le jour J, comme judo, parachever un palmarès déjà éblouissant, passer de plus grande judoka de l’histoire à légende du sport français ». Voilà la réponse de L’Équipe, pas si simple finalement mais quant au bilan, ce n’est pas David Douillet qui dira le contraire. Interrogé par Le Parisien, l’ancien judoka, légende lui-aussi, affirme que Clarisse est « aujourd’hui la Marianne de la France ». « Elle n’a pas fait plaisir qu’à ses amis et ses proches, elle a fait plaisir à un pays tout entier » affirme-t-il.

Une anecdote, qui fera sûrement plaisir à nombre de nos auditeurs également. Savez-vous ce qui motive la championne avant ses combats ? On l’a vue, hier, « casque sur les oreilles à côté des tatamis », alors Libération lui a posé la question. Elle écoute de l’Afro trap, répond Clarisse Agbégnénou. On sait que la championne est d’origine togolaise, alors l’Afro trap, voilà visiblement sa clé du succès. Et peut-être quelques heures d’entrainement au passage.
La parité hommes-femmes enfin respectée
Plus largement, cette victoire de la judokate est aussi l'occasion de noter que les JO accordent enfin une vraie place aux femmes. « Les femmes en forme Olympique ». À lire dans Libération encore : « Elles étaient 22 à Paris en 1900. Elles sont 5176 à Tokyo » cette année, « presque la moitié du contingent total des athlètes ». Oui ces jeux, ce sont « les premiers à accueillir quasiment autant de femmes que d'hommes », observe Libé, et « les nouvelles disciplines comportent toutes un programme féminin ».
Polémique sur la sexualisation des tenues
Or il reste tout de même du pain sur la planche, Libé le voit bien tout comme Le Monde : des polémiques sexistes demeurent, notamment sur les tenues genrées. La tenue des sportives, est-ce « un tissu de sexisme ? », s'interroge alors Le Monde. Le journal relaie le combat des gymnastes allemandes qui ont choisi de se produire « dans une combinaison intégrale plutôt que le justaucorps traditionnel ». Et avec elles, nous dit Le Monde, « de plus en plus de sportives se mobilisent ainsi contre la sexualisation de leur corps ».

Sexualisation renforcée par « l'essor du sport-spectacle », explique le journal avec un exemple parlant à l'appui : « Une étude sur la manière de filmer le beach-volley aux JO de 2004 avait évalué à 37% la part des plans centrés sur la poitrine ou sur les fesses ». C'est plus d'un plan sur 3 ! Et si vous tentez d'échapper aux tenues sexy, ça peut parfois déboucher sur une amende infligée par les fédérations. Non, ça suffit, s'exclame la gymnaste allemande Elisabeth Seitz, toujours dans Le Monde « chaque femme, chaque personne devrait décider de ce qu'elle porte ». Cette année, les gymnastes allemandes ne sont pas parvenues à se qualifier pour la finale du concours olympique, espérons qu'à l'avenir elle gagne au moins ce combat-là.