C’est le titre du dossier d’ouverture du Parisien qui revient sur le carnaval de Marseille dimanche soir : des milliers de personnes, principalement des jeunes, faisant la fête dans les rues, sans masques autres que ceux de carnaval et sans distanciation…

« Etrange paradoxe, souligne Le Parisien : le virus effraie aujourd’hui bien moins alors qu’il est devenu plus dangereux. Ce qui entraîne une baisse de la vigilance et fragilise la lutte contre l’épidémie. »

Alors, « sans surprise, poursuit le journal, ce carnaval de Marseille a suscité une large réprobation. Il a été perçu comme une marque de légèreté, voire d’une certaine irresponsabilité et d’une offense aux équipes soignantes submergées par l’épidémie. »

Mais les jeunes, comme certains moins jeunes, en ont ras-le-bol… Et les mesures barrières sont moins respectées. « C’est ça ou on pète un plomb », affirme ce jeune interrogé par le journal.

Pour Les Dernières Nouvelles d’Alsace, il n’y a pas que la lassitude, il y aussi la colère : « la fête sauvage de Marseille s’explique spécifiquement par une allergie croissante à l’autorité de Paris, affirme le quotidien alsacien. Un médecin provocateur ou des élus populistes ne cessent de dénoncer le sort prétendument réservé à la cité phocéenne. Qu’à un moment la cocotte-minute saute n’est pas si surprenant. Rien de tel qu’un climat d’injustice pour faire tomber toute retenue et provoquer ce spectacle de milliers de jeunes risquant leur infection, puis celle de leur entourage après eux. »

Vaccination : la France va-t-elle rattraper son retard ?

En tout cas, il y a urgence à sortir de la pandémie et pour cela, un seul moyen efficace : la vaccination… et ce le plus vite possible, avant l’été.

Malheureusement, la France n’en prend pas le chemin, déplore Libération : « Si les États-Unis ont encore battu un record ce week-end, avec plus de 6,5 millions d’injections en quarante-huit heures, la France apparaît comme l’un des plus mauvais élèves au monde en logistique d’urgence : à ce jour, seuls 2,4 millions de Français ont été vaccinés avec deux doses contre le Covid-19. Alors, s’interroge Libération, comment vacciner dix fois plus de monde en trois mois ? » Certes, reconnait le journal, « les pompiers et les militaires ont maintenant été appelés à la rescousse, un peu tard semble-t-il, et les vaccinodromes vont maintenant pousser comme des champignons après la pluie de mauvais sondages. Mais les doses, où sont-elles ? », s’exclame Libé. « Pour l’instant toujours pas en Europe, tandis que l’on apprenait que la moitié des vaccins Johnson & Johnson achetés par les États-Unis avaient été fabriqués dans l’Union européenne et exportés le plus légalement possible alors que les États-Unis refusaient toujours d’autoriser l’exportation de vaccins Pfizer vers l’Europe. »

Et pourquoi pas le Spoutnik ?

Alors dans ces conditions, pourquoi faire la fine bouche ?, soupire L’Humanité, pourquoi ne pas se tourner vers le vaccin russe Spoutnik ?

« L’inventeur de ce vaccin n’est pas Poutine, s’exclame le quotidien communiste, mais une équipe de chercheurs dans un domaine qu’ils maîtrisent plutôt bien. Dans un évident souci de géopolitique et de guerre économique, consistant à tenir le président russe à distance, à tort ou à raison, l’Europe, en toute irresponsabilité, a politisé la science avec une stratégie du soupçon à l’égard d’un vaccin dont la fiabilité est aujourd’hui avérée. »

L’immunité collective cet été ?

Le Figaro, lui, s’interroge : « la France et l’Europe pourront-elles atteindre l’"immunité collective" le 14 juillet ? C’est l’engagement pris par le commissaire européen Thierry Breton. Est-ce crédible alors que l’Europe est critiquée pour la lenteur de sa politique vaccinale ? »

Réponse du journal : « le taux de personnes qu’il faut vacciner pour atteindre l’immunité collective est encore à ce jour largement inconnu. Vouloir le franchir au 14 juillet paraît dès lors un brin difficile, d’autant que ce seuil pourrait se situer possiblement très au-dessus des 60% souvent cités. En revanche, cette valeur de 60% de la population vaccinée à cette date paraît crédible, en tout cas au regard des livraisons de doses attendues à ce jour. Mais, tempère Le Figaro, tout retard industriel pourrait évidemment remettre en cause cet objectif. Et on remarquera à cet égard que, depuis le début de la campagne vaccinale, les estimations à six mois des livraisons attendues ont clairement diminué. Le risque n’est donc pas négligeable si cette tendance se poursuivait. »

Bref, atteindre l’immunité collective dès le mois de juillet, ça n’est pas encore gagné…