« Ce n'est que le début de la révolte », avec ce titre accrocheur, Le Parisien nous plonge dans le brasier des barricades. Les « barricadiers » comme ces reporters les appellent, une équipe de nuit, une équipe de jour et ceux qui ne dorment plus. Une vingtaine de bloqueurs postés au Mare Gaillard au Gosier, à 10 km de Pointe-à-Pitre secouée par l'une des pires crises... Qui sont-ils? « Un carreleur, un éboueur, un électricien, un maçon », raconte Le Parisien, tous vivant « chez papa maman ». « "Ils savent que le combat est juste et qu'on se bat pour eux" défendent-ils. ». 

« Le mouvement de mobilisation contre l'obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers a changé de visage », pour Le Figaro. « C'est la goutte dose qui a fait déborder le vase », dans l'un de ses titres jeux de mots, pour Libération. Des manifestants en grève illimitée, outre le passe sanitaire et l'obligation vaccinale, ils dénoncent, nous dit Le Parisiens, « les coupures d'eau, le manque de travail, la hausse des carburants et la flambée du prix de la bouteille de gaz », si nécessaire aux bokits, les sandwichs guadeloupéens frits dans une casserole. « Car vous croyez quoi qu'on va chez Mac Do nous ? », interpelle un barricadier. « Plus personne ne sort ou ne rentre s'il n'est pas du quartier. » Le Parisien lance alors, un lapidaire « c'est l'anarchie ici ». 
Les blocages des routes en Guadeloupe ont des conséquences s'inquiète la presse française
Libération explique que le mouvement de protestation paralyse l'île. « La grève générale des pompiers, des soignants, des professionnels de l'hôtellerie, de la restauration leurs opérations escargots pour tenter de faire plier l'État.., "Mais c'est assez facile de foutre le bordel sur l'île avec deux ponts...et 5 ou 6 grands axes routiers " » décrit un habitant à Libération. Et Le Monde raconte le centre hospitalier de Pointe-à-Pitre, entravé par les perturbations sur les routes, les séances de dialyses arrêtées depuis deux jours. Bloqués en voiture, des patients ont même dû venir à pieds. « Et le problème c'est qu'on est à l'aveugle pour suivre les infections, s'inquiète un soignant dans Le Monde. On sera incapable de voir la prochaine vague de Covid ». 

« C'est usant raconte un autre médecin à Libération. On sort tout juste de la cerise, on n'a pas arrêté pendant deux mois et à la fin on nous accuse de tous les maux. »
La situation risque encore de se détériorer selon les journaux français
« Envoyer des forces armées c'est jeter de l'huile sur le feu », prévient dans Libération le secrétaire général de l'union générale des travailleurs. « La réinstauration d'un couvre-feu, 5 jours après avoir été levé, a été vécu comme une provocation » d'après L'Humanité. « L'Etat et le gouvernement n'ont pour seule réponse que la répression », poursuit le quotidien, qui cite une expression du LKP, le mouvement à la pointe de la précédente vague de contestation. Mais attention prévient l'un de ses leaders, « on risque un bain de sang, car envoyer des unités d'élite d'intervention comme le GIGN et le RAID est un mauvais signal. ».
La Martinique va-t-elle prendre la même voie ? 
Une semaine après la Guadeloupe, dans l'île voisine de la Martinique, un appel à la grève générale est lancée à partir de ce matin, comme en Guadeloupe. « Les mots d'ordre : fin de l'obligation vaccinale et des suspensions pour les soignants, hausse des salaires et des minimas sociaux, du carburant, du gaz », explique Sud Ouest. Mais aussi, prise en charge totale des tests de Chlordéconémie, cette maladie liée au chlordécone, ce pesticide qui fait des ravages aux Antilles. « D'éventuels blocages de routes sont à prévoir », ajoute Ouest France.

« Nous sommes sur le pied de guerre, lance le syndicaliste Bertrand Cambusy, dans France Antilles, les autorités doivent répondre rapidement pour éviter l'enlisement. »
L'enjeu, c'est de se parler
C'est d'ailleurs le défi qu'a relevé La Croix,dans une série passionnante, intitulée « Approcher l'identité de l'autre ». On y reste en Guadeloupe, avec Johnny Désir, à qui on a envie de parler. Sauf qu'en Guadeloupe, cet enseignant haïtien reste mal vu parce que Haïtien. Et rappelle les insultes en créole guadeloupéen, « espèce d'Haïtien », insulte synonyme de « larbin, couillon » traduit Johnny Désir, qui a monté une association et fait la tournée des écoles pour venir à bout des préjugés associés aux Haïtiens: « moche, trop noir, méchant, analphabète ». Et de rappeler qu'en son temps, il y a deux siècles, Haïti était synonyme de respect aux Antilles. « Car ils avaient prouvé à leurs voisins qu'ils pouvaient s'affranchir du système colonial, que c'était possible » raconte Marion Lecas dans La Croix. Mais finalement, Haïti en Guadeloupe, n'est-ce pas le retour du refoulé?