Dans la presse hebdomadaire et magazine.

Dix jours de confinement et des questions, posées ce matin par les journaux français.

À la Une du Journal du Dimanche, sont posées celles « qui fâchent », celles portant sur les « retards matériels » - relatives aux masques de protection comme aux tests de dépistage du coronavirus – ou celles portant sur les « choix politiques » du gouvernement français.

Justement. La Une du Parisien Dimanche se demande si, dans cette crise, Emmanuel Macron peut « redonner confiance ? ».

Eléments de réponse dans Le JDD, avec ce sondage Ifop selon lequel 56% des Français disent n’avoir « pas confiance » envers le gouvernement pour « faire face efficacement » à l'épidémie de coronavirus, contre 44% qui disent le contraire. D’une semaine l’autre, selon Le JDD, la cote de confiance du gouvernement dans la gestion de la crise du coronavirus a donc perdu 11 points.

De façon à tout le moins surprenante, ce-même Journal du Dimanche publie un autre indice estampillé Ifop, indiquant que la cote de popularité d’Emmanuel Macron enregistre une hausse de… 11 points en un mois, pour atteindre 43% de « satisfaits ».

Questions politiques également sur la gestion de la crise, à l’égard de certains Français qui ne prennent pas le confinement au sérieux :

Etant rappelé que des échauffourées avec la police ont éclaté dans certains quartiers populaires en France, parce que les forces de l’ordre tentaient d’imposer le confinement, l’hebdomadaire Le Canard Enchaîné affirme que des consignes leur aurait été donné de ne pas le faire respecter, afin d’éviter des troubles.

Lors d’une visioconférence avec les préfets, le secrétaire d'Etat à l'Intérieur Laurent Nunez aurait dit que le confinement ne serait « pas une priorité » dans les quartiers populaires, signale l’hebdomadaire satirique, le souci du gouvernement ainsi exprimé par le bras droit du ministre de l’Intérieur étant donc de ne pas froisser les populations en banlieues.

« Ce n'est pas une priorité que de faire respecter dans les quartiers les fermetures de commerces et de faire cesser les rassemblements » aurait dit Laurent Nunez, rapporte Le Canard Enchaîné.

Mais ces questions, c’est en grande partie l’homme de la semaine qui les a inspirées à la presse, le professeur Didier Raoult, ce médecin français qui prône l’utilisation de la chloroquine pour combattre le coronavirus :

Ce matin encore, Didier Raoult est à la Une du Journal du Dimanche et du Parisien Dimanche.

Avant-hier encore, le directeur de l’institut hospitalo-universitaire Méditerranée Infection, à Marseille, sud de la France, a publié des résultats portant cette fois sur 80 patients (contre 20 lors des premiers tests), résultats « montrant, selon lui, l’efficacité de l’hydroxychloroquine pour soigner les malades atteints du Covid-19 », rapporte L’Obs.

Selon cette deuxième étude, sur 80 patients, 65 ont connu « une évolution favorable » et sont sortis de l’hôpital au bout de moins de cinq jours en moyenne (c’est plus de 80% des cas étudiés), relève L’Obs.

Lequel magazine souligne toutefois que ces travaux préliminaires « sont contestés », une vaste partie de la communauté scientifique et des organisations sanitaires appellent à « attendre une validation scientifique rigoureuse, en mettant en garde contre les risques possibles », complète cet hebdomadaire.

Didier Raoult est-t-il l’homme qui a eu raison avant tout le monde ? Dans le portrait tout en nuances qu’il brosse de lui, l’hebdomadaire L’Obs, tout à la fois, souligne « que ses recherches en microbiologie sont impressionnantes », mais que « ce monstre de travail » est à tel point « dur avec ses troupes » qu’il y a trois ans, douze ingénieurs et laborantins ont rédigé une « plainte » contre lui.

Un qui a, lui, eu raison avant tout le monde, c’est l’écologiste Yves Cochet. Ils nous avaient prévenu s, ce qui arrive, il l’avait prévu. Et écrit :

Auteur, l’an dernier, d’un livre intitulé « Devant l’effondrement. Essais de collapsologie » (Les liens qui libèrent), Yves Cochet, lors de la sortie de son bouquin, était alors regardé comme « un drôle de Cassandre », énonce « M », le magazine hebdomadaire du journal Le Monde.

Etant rappelé que, dans la mythologie, Cassandre était la fille de Priam, roi de Troie et qu’un dieu des anciens Grecs lui avait donné le pouvoir de prédire l’avenir, avant de lui lancer une malédiction faisant que personne ne la croirait, « M » compare Yves Cochet à Cassandre. « Fini de ricaner, lance ce journal : et si Yves Cochet avait eu raison avant tout le monde ? ». Car dans son livre, page 123, l’ancien ministre de l’Environnement du gouvernement Jospin a écrit « noir sur blanc qu’une pandémie pourrait déclencher l’effondrement généralisé ».

Joint par « M », Yves Cochet aujourd’hui déclare : « Tout cela montre que la mondialisation nous fragilise et rend vulnérable notre économie. Nous sommes trop interdépendants ».

Le confinement, Yves Cochet le passe en famille dans sa maison équipée d’un puits « doté d’une pompe à bras, de trois citernes comportant chacune 1 000 litres d’eau de pluie, d’un étang dont l’eau peut être filtrée et de bois pour se chauffer pendant cinq ans. « On avait prévu le coup depuis quinze ans, dit-t-il à « M ». (…) S’il n’y avait pas l’immense malheur du monde, on serait presque heureux ».

Tel Cassandre, le Vert Cochet avait donc raison. Pourtant personne au sommet de l’Etat n’a songé à l’appeler. Et pas davantage les autres collapspologues qui, comme lui, réfléchissent depuis longtemps à l’effondrement. Et Yves Cochet, dans « M », de soupirer: « Ils ne nous prennent toujours pas au sérieux. ». Comme Cassandre, la maudite.