C’est la présidente de la BCE qui martèle son très monétariste credo dans le Journal du Dimanche. L’annulation de la dette Covid-19 est « inenvisageable », y déclare en effet Christine Lagarde, ce serait « une violation » d’un des « piliers fondamentaux » de l’euro, la monnaie unique de l’Union européenne. 

Mais alors, cette dette Covid-19, comment la rembourser ? Avec la croissance, tranche la banquière centrale de l’euro, en annonçant, à partir du « milieu de l’année » un niveau de croissance « aux alentours de 4% », prédit-elle dans le JDD.

Selon Christine Lagarde, cette reprise sera « créatrice d'emplois » et tendra vers « une autre économie », portée par « de nouvelles valeurs, que les jeunes expriment déjà (et) qui obéiront à des paramètres différents ». Sans préciser lesquels…
Les sacrifiés économiques de cette crise sanitaire
Étant rappelé qu’à cet effet, avant-hier, plus d’une centaine d’économistes ont lancé un appel à l’annulation des dettes publiques détenues par la BCE - à quoi, comme on vient de le voir, Christine Lagarde dit « non », nous pointerons ici la solution proposée par Emmanuel Todd dans Marianne.

Bien connu pour avoir théorisé la fameuse « fracture sociale », ce démographe y résume d’abord le « dilemme moral insoluble » auquel est confrontée la société à cause du coronavirus. « D’un côté, cesser de protéger les (vieux) constituerait une position criminelle – et donc inacceptable. De l’autre, continuer à sacrifier les jeunes générations, isolées, en butte à la précarité, cassées avant même leur entrée dans la vie active, est tout aussi criminel », dit-il à cet hebdomadaire.

Aussi, pour trancher ce dilemme, Emmanuel Todd propose-t-il ce qu’il appelle un « deal générationnel », autrement dit une « négociation » entre générations et qui « intègre le futur ».
Quelle « négociation » suggérée par Emmanuel Todd ? :
Aujourd’hui, souligne Emmanuel Todd, les jeunes « prennent à leur charge la sauvegarde des vieux, ils font un sacrifice, un de plus, héroïque au fond. Mais ils y consentent. En "échange", propose-t-il, que les vieux qui sont au pouvoir, par leur poids électoral comme par leur possession du capital, s’engagent enfin à leur préparer un monde vivable. Une révolution économique et sociale devra suivre la crise sanitaire, enjoint le démographe dans Marianne. La dette contractée envers les jeunes devra être payée. Il faudra rembourser leur sacrifice, les libérer pour le long terme ».

Comment ? En recréant des « secteurs protégés par l’État », en investissant « massivement » dans la recherche sur la base d’une « souveraineté monétaire recouvrée, autrement dit sans l’euro » !

Et il prévient, « si un tel "deal" générationnel, moralement juste et économiquement efficace, n’est pas réalisé, ce que nous avons devant nous est une catastrophe historique et anthropologique qui engloutira, sans faire le tri, jeunes et vieux » ! Mirobolante perspective brossée par ce célèbre démographe dans Marianne.
Que faire face à une victime d’inceste qui ne souhaite pas révéler ce qu’elle a subi ?
Question posée par La Croix L’Hebdo. Respect de la volonté de secret de la victime, d’une part ; besoin de parler même si la victime continue de s’y opposer, de l’autre...

Déjà, pour les mineurs, la réponse « ne doit pas se poser » puisque, rappelle cet hebdomadaire, elle se trouve dans le code pénal. Lequel impose alors « une obligation de signalement à toute personne ayant connaissance » des faits. Du reste, complète La Croix L’Hebdo, « au-delà de la loi, signaler est aussi un impératif pour protéger l’enfant et ne pas lui faire porter la responsabilité de dénoncer ou pas ».

C’est donc « face à une victime qui, devenue adulte, souhaite le maintien du secret » que la question se pose, compte tenu, par exemple, de la nécessité, parfois, de « protéger d’autres victimes plus jeunes ».

Dans ce magazine, un psychiatre et une psychologue mettent en garde contre le risque de reproduire le « système d’emprise » que la victime d’inceste a subi de la part de son agresseur quand ce dernier lui disait de « faire ceci ou cela ».

Autre risque, celui de replonger la victime d’inceste dans la situation de « passivité qui était la sienne lors des abus ». Voilà pourquoi il ne faut « pas agir à sa place, explique La Croix L’Hebdo. « C’est à la personne de reprendre le contrôle de sa vie et de savoir ce qu’elle veut en faire ». Il convient donc plutôt de « l’encourager, l’accompagner dans cette démarche de levée du secret », se borne à conseiller ce magazine. Secrets et mensonges, infernal dilemme, en effet…