Dans un entretien mis en ligne hier en mi-journée par le site de Jeune Afrique, le président français, plaide en effet pour l'établissement d'une « relation équitable » entre la France et l’Afrique et dénonce la « stratégie » menée par la Russie et la Turquie pour alimenter un sentiment antifrançais.

« Il ne faut pas être naïf, dit Emmanuel Macron, beaucoup de ceux qui donnent de la voix, qui font des vidéos, qui sont présents dans les médias francophones sont stipendiés par la Russie ou la Turquie », dit le président à Jeune Afrique, sans toutefois donner d'exemples, étant précisé que « stipendié » signifie « payé » et « corrompu ».

Dans cet entretien, il est notamment – et longuement – question les récentes réélections controversées des présidents ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, et guinéen Alpha Condé, 82 ans

Étant rappelé que, dans ces deux pays, officiellement, les présidents sortants ont été réélus pour un troisième mandat vivement contesté par leurs opposants respectifs, Emmanuel Macron déclare que « la France n'a pas à donner de leçons ». Il se montre compréhensif avec Alassane Ouattara, qui « s'est présenté par devoir », dit le chef de l’État, et qu'il appelle à « faire des gestes d'ouverture ».

À l’inverse, il accuse Alpha Condé d'avoir « organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir ». Raison pour laquelle le président français ne lui a « pas encore adressé de lettre de félicitations », martèle Emmanuel Macron dans Jeune Afrique, en qualifiant de « grave » la situation en Guinée.

Pour le président français, la situation dans ces deux pays illustre « l'échec relatif du renouvellement des générations » dans le monde politique en Afrique, appelant à s'y inspirer des « role models » tels que le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix, qui suscite aujourd'hui des critiques pour l'offensive militaire lancée dans la région dissidente du Tigré.

À noter encore que, dans cet entretien, Emmanuel Macron annonce que le prochain sommet France-Afrique se tiendra l’an prochain à Montpellier, dans le sud de la France, sommet où seront mises en avant « les personnes qui incarnent le renouvellement générationnel » en Afrique, dit le président à Jeune Afrique.

En Côte d’Ivoire, justement, la France s’active en coulisses dans la crise post-électorale pour faciliter le dialogue inter-ivoirien

C’est ce que souligne Le Figaro en évoquant la « médiation » de Paris dans la « crise ivoirienne », que ce journal qualifie de « délicate ».

Selon ce journal, « la diplomatie française (…) a travaillé dans l’ombre à rapprocher Alassane Ouattara de (…)  l’ex-président Henri Konan Bédié », Paris continuant de plaider pour « une vaste ouverture » du futur gouvernement. « La libération de certains des leaders d’opposition actuellement arrêtés est aussi un passage obligé », pointe Le Figaro, en soulignant également – et notamment - « les réactions diamétralement opposées ayant suivi d’abord le communiqué froid de la France "prenant acte"de la réélection d’Alassane Ouattara puis, une semaine plus tard, de la lettre de félicitation d’Emmanuel Macron », pour illustrer la caractéristique « délicate » de cette médiation.

En France, la presse s'inquiète des projets du gouvernement sur la sécurité

Dans une tribune publiée hier sur le site du journal Le Monde, les directions des rédactions d'une trentaine de médias se sont engagées à ne pas accréditer leurs journalistes pour couvrir des manifestations, au nom de la liberté de la presse.

Dans son éditorial, Le Monde écrit qu’« aucune réécriture ne peut plus justifier l'indéfendable article 24 (du projet de loi), dont la suppression pure et simple s'impose désormais ».

Un ministre enfin également à la Une ce matin, celui de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer, pour une affaire dont il se serait bien passé, celle d’Avenir lycéen

Cette association, sorte de syndicat de lycéens, a été créée « de toutes pièces fin 2018 pour soutenir le ministère de l’Éducation nationale », pointe en effet en Une Libération. Témoignages d’anciens élèves d’Avenir lycéen à l’appui, ce quotidien démontre « comment l’idée de créer cette organisation lycéenne a germé (…) dans l’entourage proche de Jean-Michel Blanquer, pour servir la communication du ministre, et surtout rompre tout dialogue avec les syndicats lycéens ». D’anciens élèves qui, aujourd’hui, racontent avoir été « instrumentalisés ».

Cette enquête met en lumière le rôle joué par Jean-Marc Huart, à l’époque directeur de la Direction générale de l’enseignement scolaire. « Sorte de bras droit du ministre, ce haut fonctionnaire est mis en cause pour avoir piloté une opération de manipulation de lycéens. Des recteurs auraient aussi trempé dans la magouille. Autrement dit, c’est l’appareil d’État, (au ministère de l’Éducation nationale) ou dans les administrations déconcentrées, qui a été mis au service d’une instrumentalisation partisane », accuse Libération.