« Ce n’est plus une brouille, ce sont les signes annonciateurs d’un divorce, s’exclament Les Dernières Nouvelles d’Alsace. Après une semaine d’invectives et de piques entre Paris et Bamako, la décision hier d’expulsion de l’ambassadeur de France par la junte malienne, au pouvoir depuis 2020, n’est qu’une demi-surprise. »

Pour le quotidien alsacien, « le rejet de Paris est aujourd’hui tel que la rupture est proche. D’autant que la Russie attise les braises et offre une solution de repli à ces régimes autoritaires qu’elle encourage, en grande partie parce qu’ils rejettent cette démocratie dont Poutine ne veut pas chez lui. Et puis aussi parce qu’elle a trouvé là le moyen de peser encore un peu plus dans les affaires du monde. On ne peut ainsi comprendre la radicalisation de la junte malienne si on n’inclut pas dans le jeu Moscou, qui déploie déjà mercenaires et militaires sur le terrain. Prêt à devenir le nouveau parrain de ce monde en recomposition. »
La montée en puissance de Wagner
En effet, « le rôle de la Russie est loin d’être négligeable, pointe La Charente Libre. Déjà actif en Syrie, en Libye et en Centrafrique, le groupe de paramilitaires Wagner fondé par un proche de Poutine ne cesse depuis décembre dernier de monter en puissance au Mali avec près d’un millier d’hommes déjà sur le terrain. Le dernier coup d’État militaire au Burkina Faso fragilise encore un dispositif français dans une Afrique de l’Ouest nourrie par des bataillons de trolls et d’activistes anti-français. Aujourd’hui encore un retrait total du Sahel qui laisserait le champ libre aux juntes, à Wagner et aux djihadistes semble hors de propos. Jusqu’à la faillite annoncée de Takuba ou une nouvelle irresponsabilité malienne qui ne laisserait d’autre choix que partir ? »
Vers une « bascule » ?
« Partir ou rester ? Pour Paris, la question ne se pose pas tout à fait en ces termes, estime pour sa part Le Figaro. Alors qu’al-Qaïda et les groupes djihadistes font toujours peser une menace directe sur les intérêts français dans la région, l’engagement français au Sahel va se poursuivre. Mais le modèle d’intervention actuel, qui a atteint ses limites car il est jugé trop visible et trop intrusif par les pays africains, va être adapté. Nouvelle phase dans la dégradation des relations, l’expulsion de l’ambassadeur va sans doute contraindre la France, qui a déjà quitté ses trois bases les plus au nord, à hâter 'la bascule', c’est-à-dire la transformation de Barkhane en un modèle plus léger, pour poursuivre la lutte antiterroriste dans la région. »
Le scandale des maisons de retraite Orpea
À la Une, également, cette question : comment être sûr qu’il sera bien traité ? Question récurrente, question angoissante lorsque les familles se voient dans l’obligation de placer en maison de retraite un parent proche. Question à la Une de La Croix. Une semaine après la publication du livre choc, Les Fossoyeurs, qui révèle des pratiques indignes au sein du groupe Orpea, l’un des leaders mondiaux des maisons de retraites privées, les familles sont désemparées, relève le quotidien catholique : « les révélations sur les cadences intenables, les mauvais soins ou les économies sur le matériel rendent encore plus difficile la décision de confier leur proche. »

« Ce mardi, pointe Libération, le directeur général France d’Orpea, Jean-Christophe Romersi, sera reçu par la secrétaire d’État chargée de l’Autonomie, Brigitte Bourguignon, pour des explications préliminaires. Ce sont en réalité les actionnaires qu’il faudrait cibler, estime le journal, entre autres en coupant court à la discrimination des établissements publics de ce marché fort lucratif : les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes à but lucratif ne représentent que 20% des 7.500 maisons de retraite recensées sur le territoire, mais ils engrangent 100% des bénéfices. C’est ainsi que les principaux acteurs privés du secteur ont dégagé près de 330 millions d’euros de bénéfice net l’an dernier. Face à la demande croissante, ils ont profité de la décentralisation de la tutelle sur leurs établissements, et d’une niche fiscale créée en 2009 sous Nicolas Sarkozy, permettant de classifier les investissements dans des chambres d’Ehpad privés comme un produit de défiscalisation. Il est temps, conclut Libération, de mettre un terme à cette bassesse. Vieillir n’est pas un choix ; ne rien faire face à la maltraitance de tant de nos ainés le serait. »