« Barkane devait plier bagage. Et plus vite que prévu », lance Libération, tout en soulignant que ce clap de fin au Mali ne signifie pas la fin de la lutte contre une « insurrection jihadiste hors de contrôle », comme le formule ce quotidien. Lequel trouve que le retrait de « Barkhane » du Mali sonnait comme une « oraison funèbre pour l’une des plus longues opérations extérieures de la Ve République ».

Ce farewell de la France au Mali, dans ce que le journal Les Echos appelle « la guerre la plus vaste » du monde, laisse en tout cas aux quotidiens La Croix et Le Parisien comme un goût « amer ».

La France « doit repenser son mode d’action en Afrique de l’Ouest », sermonne le premier. Ne manquant pas d’évoquer la jeunesse africaine « vibrante, désireuse de prendre son destin en mains », La Croix invite la France à « se faire plus discrète ».

« Comment ne pas éprouver un sentiment de gâchis alors que le terrorisme affilié à Al-Qaïda et au groupe État islamique (…) sévit toujours, s’étendant même au-delà du Sahel vers les pays du golfe de Guinée et déstabilisant plus que jamais les États de la région ? », se demande - désolé - Le Parisien... lequel quotidien explique que « le président (quasi) candidat voulait éviter le risque d’interférence des colonels putschistes dans la campagne, avec des images de manifs antifrançaises et de drapeaux tricolores brûlés au Mali ». Raison pour laquelle la présidence française a « soigné la mise en scène : Macron est apparu flanqué de dirigeants africains et européens. Façon de bien montrer que la France n’est pas seule et agit en concertation avec ses alliés », souligne Le Parisien. D’autant que les « premiers concernés par cette décision radicale, les militaires aussi démentent toute idée de défaite ».

Défaite, peut-être pas, mais « échec » et « choc » sûrement, estime Le Monde. « Echec pour Paris et pour Bamako » d’abord, pour les « opérations militaires lourdes en Afrique » ensuite, souligne ce quotidien du soir, en déplorant la perte de « cinquante trois soldats » français, mais aussi celle de « plus de 10200 Maliens (qui) sont morts dans les violences depuis 2015 ».
Echec et choc
Echec de « Barkhane » au Mali ? Hier, à l’Elysée, Emmanuel Macron l’a, pourtant, « complètement » récusé, souligne Le Figaro. Toutefois, remarque ce journal, l’opération n’a « pas permis de venir à bout d’une menace portée par quelques centaines de combattants djihadistes ». En conséquence, Le Figaro fixe en quelque sorte la nouvelle orientation de la mission : « oublier le Mali. Mais poursuivre ailleurs et différemment ».

Pour L’Humanité, en revanche, pas de doute, il s’agit bel et bien d’un « échec ». Et même si ce mot « fait peur à Emmanuel Macron », le quotidien communiste français estime que cette « faillite » pourrait « signer le déclin inexorable de la Françafrique ». En attendant, « nos soldats » seront notamment disposés « aux côtés du satrape Ouattara en Côte d’Ivoire, énonce L’Huma. Belle image… Et nouvel échec à venir », prédit donc L’Humanité.
Mission impossible
En guise de conclusion, juste un extrait d’une tribune publiée par La Croix et signée d’un ancien cadre de l’Agence française de développement. Serge Michaïlof, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est aujourd’hui chercheur associé à l’IRIS, l’Institut de Relations internationales et stratégiques. Et il estime qu’au Mali, « notre fétichisme à l’égard d’une démocratie à bout de souffle a conduit notre diplomatie à ajouter une série de maladresses à l’erreur initiale commise par le président Hollande de transformer l’opération Serval, aux objectifs clairs et limités, en une opération Barkhane aux objectifs flous et inatteignables », analyse Serge Michaïlof dans La Croix.