Question posée en première page du Figaro. « Depuis les hauteurs du Kremlin, au-delà des murs rouge sang qui le séparent du commun des mortels, Vladimir Poutine observe la danse diplomatique des pays occidentaux, pointe le journal. Les uns après les autres, ils défilent sur la place Rouge ou lui téléphonent pendant parfois deux heures. Depuis dix jours, l’activité diplomatique est à son paroxysme, mais aucun d’entre eux n’a obtenu la moindre concession du maître du Kremlin. »

Et Le Figaro de s’interroger : « pourquoi un tel hermétisme de la part de Vladimir Poutine, qui court le risque de renforcer son isolement sur la scène internationale et de se voir infliger de nouvelles sanctions ? Peut-être parce que le moment est venu pour lui d’aller au bout, estime le journal. Les États-Unis sont affaiblis depuis le retrait d’Afghanistan et veulent concentrer leurs efforts internationaux sur la Chine. L’Europe est divisée et sans volonté de puissance. (…) La Russie, quant à elle, a reconstitué son armée, restauré sa place sur la scène internationale. Elle joue de la dépendance de l’Europe à son gaz et profite des hésitations du vieux président Joe Biden. Pour un homme tourné vers le passé comme Vladimir Poutine, la faiblesse de l’Occident est peut-être la dernière opportunité de récupérer l’Ukraine, dont il n’a jamais digéré l’indépendance. Et de contrôler à nouveau l’ancienne sphère d’influence de l’Union soviétique, lui qui considère que l’effondrement de l’URSS fut la "pire catastrophe géopolitique du XXe siècle". »
L’entrée en campagne de Macron retardée…
Conséquence politique en France : la crise ukrainienne contrarie l’entrée en campagne d’Emmanuel Macron. C’est ce que souligne Le Parisien. « Emmanuel Macron avait annoncé la couleur : il se déclarera quand "la phase aiguë de l’épidémie et le pic de la crise géopolitique" seront passés (…). Seulement voilà : si l’épidémie de Covid décroît, les tensions militaires sont, elles, loin de s’estomper. Pis, une invasion de l’Ukraine par les troupes russes pourrait intervenir cette semaine, craint la Maison Blanche. Dans ce contexte, l’entrée en campagne du candidat Macron n’est pas pour demain. »

Et en effet, complète Ouest France, « une opération militaire "technique" (terme évoqué publiquement par le Kremlin) en Ukraine aurait pour effet collatéral de mettre en difficulté Emmanuel Macron et d’amoindrir sérieusement sa probable victoire. C’est une possibilité réelle, mais la prise de risque (pour les Russes) serait considérable. Plus probable est le maintien durable, pendant des mois, voire des années, d’une situation de très haute tension, estime Ouest France. Vladimir Poutine veut moins conquérir l’Europe que l’affaiblir pour, ensuite, la subjuguer. C’est l’assurance pour lui d’avoir les mains libres en Russie et sur d’autres terrains où les Occidentaux sont sur le recul, comme l’Afrique. Dans cette guerre des nerfs, il va nous falloir tenir, et longtemps. »
Pécresse : comment convaincre sans le verbe…
En attendant Macron donc… la campagne présidentielle se poursuit avec le meeting de Valérie Pécresse hier au Zénith à Paris.

« Un discours riche, résument Les Echos, des formules à foison, du monde dans les gradins et beaucoup de jeunes pour un parti réputé ne pas en avoir. Il ne manquait pas grand-chose dans cet exercice du grand meeting où la candidate était tant attendue. Il manquait juste une nouvelle Pécresse peut-être pour emporter tout cela, pointe le quotidien économique, ou du moins une oratrice, ce qu’elle n’a jamais été. »

La Charente Libre n’est pas tendre non plus… « À des niveaux différents mais dans des styles comparables, la campagne Pécresse rejoint la campagne Hidalgo. La difficulté à parler fort ne tient pas seulement au timbre de la voix, elle résulte d’une incapacité à définir clairement avec qui et comment le pays doit être présidé, faute d’avoir anticipé longtemps en amont une alternative crédible au pouvoir en place. »

« Parfois mal à l’aise ou maladroite à l’oral, reconnait Le Figaro, Pécresse avait un double objectif. Le premier était de parler à la droite macronisée. À ce quart d’électeurs de Fillon et ce tiers d’électeurs de Sarkozy tentés par un vote "légitimiste". Il fallait pour cela démasquer son bilan. Le second objectif était de crédibiliser une présence au second tour qui ne va pas de soi. Au fond, conclut Le Figaro, Valérie Pécresse a voulu parler à toutes les droites, ce dimanche. En assumant d’en être. Il lui reste deux mois pour transformer l’essai. »