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Convaincu de sa bonne étoile, Jupiter n’a jamais dévié de sa trajectoire pour "révolutionner la musique congolaise" longtemps dominée par les orchestres tout puissants de la rumba. Ses racines parées d’une aura rock, il sort son 1er album, Hotel Univers, à l’âge de 50 ans. Dix ans, deux autres albums et des concerts mémorables aux quatre coins du globe plus tard, portait d’une figure magistralement atypique de la scène musicale de Kinshasa (RDC).

Une voix rocailleuse et narquoise, une silhouette longiligne. Notre homme se fait appeler Jupiter, mais son vrai nom est Jean-Pierre Bokondji et c’est une figure magistralement atypique de la scène musicale de Kinshasa, la capitale aux 17 millions d’habitants de la République démocratique du Congo, "la force, le miroir, le poumon de la RDC, ce coin qui réunit toute la diversité des ethnies du pays". 

Jupiter y est né en 1963, soit trois ans après l’indépendance du Congo belge. Mais c’est en Allemagne de l’Est, où son père diplomate était en poste à Berlin, qu’il a passé, avant la réunification, une partie de sa jeunesse. À 17 ans, Jupiter est de retour à Kin et reconnecte avec les musiques traditionnelles de son pays. Un pays qui compte pas moins de 450 ethnies dotées chacune de 10 à 15 rythmes. Très vite, il n’a qu’une seule ambition : représenter dans une fête électrifiée l’ensemble de ces ethnies pour "révolutionner la musique congolaise et, par là, les mentalités", dominés par les orchestres tout-puissants de la rumba et les chantres engrainant du ndombolo.

Ses racines parées d’une aura rock, Jupiter se fait le chroniqueur du quotidien, dénonce l’injustice, se bat au nom des opprimés. Bien vite, il ouvre une brèche et devient le porte-flambeau des oubliés de son quartier, et de ceux qui ne se reconnaissent pas dans le seul miroir, forcément déformant, que tendent les chanteurs de rumba. Lui qui semble avoir eu mille vies, se voit bientôt affublé d’autant de surnoms : "l’espoir de la jeunesse", "le monument vivant", "le général rebelle", "le visionnaire".

En France, on découvre sa silhouette longiligne en 2006 grâce à La danse de Jupiter, le documentaire de Renaud Barret et Florent de la Tullaye consacré à la nouvelle scène musicale de Kinshasa. On y aperçoit les Staff Benda Bilili, auxquels les mêmes réalisateurs consacreront un documentaire entier qui les fera décoller sur les scènes du monde entier.

Huit ans plus tard, en 2013, quand sort son 1er album, Hôtel Univers, Jupiter vient d’avoir 50 ans et avec son groupe Okwess, ils sont propulsés sur orbite internationale. Depuis, notre passeur de transes et authentique alchimiste tradi-moderne, a sorti deux autres albums (Kin Sonic en 2017 et Na Kozonga en 2021) et fait résonner aux quatre coins du globe son groove aussi déjanté qu’universel : percussions puissantes, guitares déchaînées, voix chorales, incantations furieuses. Jupiter et les siens transcendent les rythmes du Congo en les plongeant dans le grand bain des sonorités actuelles. Le tout à la sauce Okwess, c’est-à-dire de manière jouissive et rock’n’roll !

Lorsqu’il est en tournée en France, Jupiter est basé à Ivry-sur-Seine, dans le sud-est de Paris, non loin des récentes Tours Duo de l'architecte Jean Nouvel, mais de l’autre côté du périph'. Un petit coin préservé : une rue pavée, des maisonnées… et dans la sienne un petit jardin où nous nous sommes installés pour revenir ensemble sur les êtres qui ont accompagné sa carrière : sa grand-mère et son papa, Tata Bokondji ; les réalisateurs Florent de la Tullaye et Renaud Barret ; le musicien voyageur Damon Albarn ; feu le producteur Marc-Antoine Moreau et son actuel manager, son "frère pour l’éternité", François Gouverneur.

 

SessionLab par Hortense Volle : une conversation en toute intimité et en audio 3D (son spatialisé). Un podcast à écouter, de préférence, au casque.

 

Réalisation : Benjamin Sarralié

Prise de son et mixage 3D : Fabien Mugneret

Production : RFI Labo

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► Titres diffusés

Singles : Kwatamaja (2022 – Partyfime)

Extraits de l’album Na Kozonga (2021 – Zamora Publishing / Studio Gouv) : Telejayi feat. Marcelo D2 ; Na Kozonga ; Marco ; Izabela ; Abalegele Gale (feat Preservation Hall Jazz Band) ; Jim Kata feat. Yarol Poupaud ; Bakunda Ulu feat. Maiya Sykes ;

Extraits de l’album Kin Sonic (2017 – Zamora Label) : Hello ; Nzele Momi feat. Warren Ellis ; Bengai Yo feat. Damon Albarn ; Benanga ; Ofakombolo ; Le temps passé feat. Sandrine Bonnaire ;

Extraits de l’album Hôtel Univers (2013 – OutHere Records) : Evala Interlude ; The World is my Land ; Djwede Talalaka ;

Extrait de la compilation Kinshasa One Two (2011 – Warp Records) : Ah Congo feat. Bokatola System.

 

► Et aussi :

Un extrait du documentaire de Renaud Barret et Florent de la Tullaye, La danse de Jupiter.

Le titre NighttraiN  de Hallo Bimmelbahn