« Reconfinement », le gros mot est lâché. D’après toute la presse de ce jeudi matin, on s’oriente vers un reconfinement partiel dans les régions les plus touchées. C’est-à-dire un reconfinement le week-end en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, après Dunkerque, Nice et le Pas-de-Calais.

Pour Libération, c’est clair, « Emmanuel Macron a perdu son bras de fer avec le virus et il ne parvient pas à s’y résoudre. Ni, surtout, à l’annoncer. Un an pile après avoir mis la France à l’arrêt et alors que la campagne de vaccination avance cahin-caha en raison des déboires de l’AstraZeneca, il se retrouve aujourd’hui dans la situation qu’il a tout fait pour éviter : décider d’un reconfinement, ne serait-ce que partiel. Précisément ce qu’il a refusé de faire il y a quelques semaines, malgré les recommandations du Conseil scientifique.

Certes, reconnaît Libération, « Emmanuel Macron n’est évidemment pas responsable de tout. La plupart de ses homologues européens sont peu ou prou dans la même situation, à commencer par Angela Merkel dont la gestion de la pandémie a pourtant longtemps été louée. Mais, tout de même, constate le journal, que de tergiversations, que de grands mots pour en arriver là, à la case départ ou presque, la fierté en berne et le moral dans les chaussettes. Il y a un an, Emmanuel Macron partait en guerre. Il se voit aujourd’hui contraint d’opérer un repli en rase campagne. »
Castex : la gestion de la pénurie
Surtout que rien n’a bougé, déplore Le Figaro : « la France a toujours les deux pieds dans le même sabot de l’immobilisme bureaucratique. L’expérience de la pandémie aurait dû obliger le pouvoir exécutif à prendre des initiatives, à mieux se préparer aux caprices de ce satané virus. Eh bien non ! », s’exclame Le Figaro. « Jean Castex réapparaîtra, ce jeudi soir, à la télévision, en porteur de mauvaises nouvelles, dans son éternel costume de gestionnaire de la pénurie. Cette pénurie nous a d’abord privés de masques et de tests. À présent, elle ne facilite pas la campagne de vaccination. Et, depuis le début, elle contraint les autorités à nous assigner à résidence, faute de lits de réanimation. […] Et pour ces quelques lits manquants, au pays de l’absurde, soupire le quotidien de droite, on boucle des villes, des régions, des millions de personnes à double tour. »
Encore trop de pression sur les hôpitaux
En tout cas, rebondissent Les Échos, les mesures que s’apprête à annoncer le gouvernement, très certainement donc, des reconfinements partiels et localisés, ces mesures « ne suffiront probablement pas à alléger la pression sur les hôpitaux. D’autres actions devront être menées, qui pour certaines d’entre elles auraient dû l’être depuis longtemps. Sur le plan du dépistage en particulier. Les lenteurs et les insuffisances des opérations de tests sont flagrantes, en dépit des promesses maintes fois réitérées rue de Grenelle. […] Autre priorité évidente : l’accélération de la vaccination. Le gouvernement va aussi devoir remonter la pente de la défiance concernant le vaccin AstraZeneca, après sa suspension précipitée et très probablement temporaire. Enfin, il devra réarmer à nouveau l’hôpital pour faire face à l’afflux de malades, dans l’urgence. Illustrant là encore le retard pris sur les créations promises de lits de réanimation modulaires. »
Des motifs d’espérance ?
Alors, ce jeudi soir, on attend beaucoup du Premier ministre, pointe La Charente Libre : « Plus que la confirmation d’une nouvelle mise sous cloche d’au moins 18 millions d’habitants pour le week-end au minimum pendant que le reste du pays aura la "chance" de n’être que sous couvre-feu à 18h, Jean Castex a la périlleuse voire impossible mission de présenter quelques motifs d’espérance. Autre que la patience, autre que la promesse d’être tous vaccinés à la fin de l’été. »

Il lui faudra donner des perspectives de sortie et des dates d’assouplissement. Ces protocoles existent déjà, croit savoir le quotidien charentais, dans les domaines de la culture et du sport. « Si ces pistes sont évoquées ce soir, si elles s’accompagnent d’un délai ou de propositions, alors, estime La Charente Libre, cela permettrait de marcher sur deux jambes pour sortir de ce cauchemar. »