« Nous sommes en guerre » : Emmanuel Macron l'a martelé hier soir à 6 reprises lors de son allocution aux Français et cette phrase forte est en première page de plusieurs journaux ce matin, Ouest France, Sud-Ouest ou encore Le Figaro. Le Figaro pour qui « une guerre du troisième type est déclarée, contre un ennemi invisible. » Et ça n'est pas trop tôt, souligne le journal : « que de temps perdu avant qu’Emmanuel Macron reconnaisse qu’on ne peut plus vivre comme avant. Il prétendait le contraire, il y a quinze jours, en assistant à une pièce de théâtre. La seule solution pour éviter une catastrophe sanitaire obligeait à se calfeutrer. À apprendre à vivre autrement. »

« Le président de la République a solennellement mis fin au malentendu », s'exclame Le Parisien. « Il y a des combats que seule la discipline collective permet de gagner. Pendant des semaines, le gouvernement a cru que les Français se plieraient spontanément aux consignes sanitaires et sociales capables de juguler l’expansion du coronavirus. Il s’est trompé, et c’est sans doute moins de sa faute que de celle de l’ensemble de notre société. (…) Le moment est donc venu pour la France, conclut Le Parisien, de mettre entre parenthèses son caractère rebelle. Question de vie ou de mort. »

L'appel du 16 mars

Nous sommes donc en guerre, insiste Libération : « Répétition du mot, batterie de mesures d’exception, appel à l’armée, restriction draconienne des déplacements, union nationale et même référence à la Grande Guerre - les taxis sont enrôlés et, comme les Poilus, les soignants +ont des droits sur nous+ : Emmanuel Macron a convoqué toutes les figures de la rhétorique militaire pour convaincre, pointe Libération. Réveil tardif, communication erratique, virage brutal ? Peut-être. Mais le temps de la polémique viendra ensuite. La France doit combattre un tueur indifférent, exotique et intime à la fois, un ennemi invisible et pernicieux, sans âme et sans pitié. » 

Ouest France prend des accents gaulliens : « c'est l'appel du 16 mars », lance le quotidien du grand ouest. « La pandémie change tout. C’est un véritable plan de bataille que déroule Emmanuel Macron pour +ralentir la progression du virus+, son objectif absolu. (…) Comme à la guerre, il nous invite à +garder le calme+, à ne +rien céder à la panique+. Et à faire face. Unis. Cette fois-ci, il faut le suivre, conclut Ouest France. Sans tergiverser. »

Un sabre pas très au clair ?

La Charente Libre pour sa part, reconnaît le caractère historique de ce discours mais déplore un certain manque de clarté de la part du président...

« Face à l’extrême-urgence de la situation, Emmanuel Macron a laissé aux autres le détail des consignes abruptes et des directions froides comme un ordre d’état-major. Rester chez soi oui. Mais cela reste encore une drôle de guerre, pointe le quotidien charentais, où chacun se prépare à se battre sans avoir bien compris les armes à brandir et les frontières à ne pas franchir. +Nous sommes en guerre+, donc on ne bouge pas de chez soi mais on peut quand même faire un jogging ? +Nous sommes en guerre+, mais je peux travailler ou pas demain ? +Nous sommes en guerre+ mais pendant une quinzaine... et on fera un point d’étape, alors que chaque expert médical parle de plusieurs mois de bataille où nous ne mourrons pas tous mais chacun sera touché dans sa chair ou son entourage ? »Et La Charente Libre de conclure : « La déclaration d'Emmanuel Macron se voulait martiale mais le sabre pas au clair n’est qu’à moitié sorti. »

Course de vitesse...

En tout cas, relève La Croix, « nous pourrons dire que nous avons vécu cela. L’interruption de toutes les activités qui ne sont pas strictement indispensables. La consignation des citoyens à leur domicile. La suspension d’une élection entre deux tours. La mobilisation de l’armée pour renforcer le système hospitalier. La fermeture des frontières de l’Union européenne. La mise en place d’un énorme fonds de garantie pour éviter les faillites. Jamais on n’avait vu le déploiement d’un tel arsenal hors des temps de conflits armés. (…) Nous sommes (donc) entrés dans une course de vitesse avec le virus, poursuit La Croix, pour limiter le nombre de victimes et permettre une reprise du cours normal de nos existences le plus rapidement possible. Chacun doit participer à cet effort. Rester chez soi est un geste de civisme et l’expression d’une solidarité avec ceux qui doivent sortir pour participer au combat en assurant les fonctions vitales de la société : soigner, nourrir, sécuriser, informer. »