La France « fermée », la France « à l'arrêt », la France « sous le choc ». C’est signé Le Journal du Dimanche. Signé et qualifié. Pour le JDD, la décision annoncée hier soir par le Premier ministre Édouard Philippe est « radicale » et ces annonces sont « drastiques ». Pour l’exécutif, il s’agissait de contrer ce que cet hebdomadaire appelle « une forme d’inconscience de la population » face au péril du coronavirus, mais, dans le même temps, Le Journal du Dimanche souligne un des « paradoxes » de cette nouvelle situation : le maintien, en effet, du premier tour, aujourd’hui, des élections municipales en France.

Justement. « On vote malgré tout », lance en Une Le Parisien Dimanche. Et ce journal souligne le « choix cornélien » auquel sont confrontés aujourd’hui les électeurs : voter pour ne pas laisser « les autres » décider à notre place, mais « se déplacer » et ainsi « favoriser » la propagation du coronavirus.

Alors ? Alors, dans Le Journal du Dimanche, un mandarin sonne l’alarme. Chef du service d’infectiologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, Eric Caumes prévient : « la vague arrive, ça va être un tsunami si on ne casse pas l’épidémie au plus vite » !

La France est devenue « l’un des pays au monde les plus touchés » :

C’est ce que souligne L’Obs : « Les contaminations se multiplient, le nombre de morts augmente chaque jour ». Analysant la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement, cet hebdomadaire explique qu’au sommet de l’État, « on ne vit plus qu’à l’heure du Covid-19. Avec des objectifs aussi simples que vertigineux : non plus endiguer, mais atténuer les effets de la maladie. Informer les Français en évitant la psychose ».

Mais la grande nouveauté, complète L’Obs, c’est le « rôle primordial confié aux autorités sanitaires. Celles qui ont le savoir que les politiques n’ont pas. "Elles ont la main", dit un ministre » à ce journal.

Les nouvelles décisions annoncées hier soir par le Premier ministre ont été prises, car, manifestement, beaucoup de Français continuaient, voire continuent, de relativiser la gravité de la situation :

Des Français, des personnes, donc, mais pas que… certains journaux aussi, comme Marianne par exemple. Lequel hebdomadaire évoque « un petit virus, largement moins dangereux que la grippe, même espagnole – sans parler de la peste noire – (qui) fait flancher la planète ». Visiblement très sûr de son point de vue, Marianne déplore qu’on puisse « s’empailler autant qu’on veut sur la question de savoir si les mesures de précautions prises par les États sont excessives ou non, si la panique des particuliers est raisonnable ».

D’autres magazines, en revanche, n’hésitent pas à décrire la réalité telle qu’ils la perçoivent. Ou à la montrer, comme Paris-Match par exemple. Ce magazine publie ainsi la photo d’un scanner en trois dimensions de poumons infectés. En couleurs, on y voit les lésions sévères causées par le virus. « En quelques jours, le poison colonise tout un poumon », s’alarme Paris-Match.

L’Europe est le continent le plus touché. Et le coronavirus pourrait même mettre en péril le projet européen :

« L’Europe se fige », lance Le Parisien Dimanche.

« L’Europe au pied du mur », rehausse L’Express, en mettant en garde les Européens. « Après avoir quasiment paralysé la Chine, l’épidémie de coronavirus frappe désormais de plein fouet le Vieux Continent, balayant en premier l’un de ses poumons, l’Italie, énonce ce journal (…) Dans les semaines, les mois à venir, c’est le cœur même du projet européen qui va subir un test grandeur nature ».

Car, explique L’Express, contre le coronavirus, une véritable guerre vient de commencer et, comme toutes les guerres, elle requiert un leadership résolu, incontesté, martèle L’Express. Mais qui, aujourd’hui, est en mesure d’endosser ce costume, interroge ce journal ? Pas Angela Merkel, dont la fin de règne est compliquée. Ni Ursula Von der Leyen, qui ne dispose pas encore de la légitimité suffisante. Et sans doute par Emmanuel Macron, dont l’idéal européen s’est systématiquement heurté à des antagonismes divers. Les citoyens, qui reprochent souvent à l’Union d’être trop éloignée de leur quotidien, ne lui pardonneront pas son incapacité à parler d’une voix commune et, surtout, à les protéger. Un échec sur ce terrain porterait au projet un coup fatal. L’histoire retiendrait alors que l’idée d’Europe, née autour du charbon et de l’acier, s’est fracassée sur des masques et des gels hydroalcooliques », bûcheronne L’Express.