« 22 heures, on ferme ! » : c’est la Une de Sud-Ouest. Parmi les nouvelles restrictions sanitaires dues au Covid-19, la fermeture des bars à 22h a été appliquée lundi soir, dans plusieurs villes de France, notamment à Bordeaux. Une mesure loin de faire l’unanimité.

Sud-Ouest relaye le cri de désespoir lancé par ce cafetier : « Malgré les investissements financiers à notre charge et les contraintes lourdes, nous n’avons cessé d’être montrés du doigt. En dépit de tous nos efforts, nous avons le sentiment aujourd’hui de servir d’exemple. »

Il faut dire que financièrement l’impact est rude, comme l’explique cet autre patron de bar, toujours dans les colonnes de Sud-Ouest : « Samedi on a voulu faire un test en comptant la caisse à 22h. Résultat, à peine quelques centaines d’euros. Si on ajoute les salaires à payer, on n’est pas sûr de pouvoir tenir longtemps. Ce n’est pas rentable. »

Alors, « pour ne pas couler, les bars bordelais ont décidé de sortir l’artillerie lourde, pointe Sud-Ouest : happy hour en continu, ouverture plus tôt dans la journée, créations de coins cafés pour attirer les clients dès le début d’après-midi… »

Une course sans fin ?

En fait, commente La Charente Libre, « le virus ressert sa tournée de la peur. (…) Aujourd’hui, les restaurateurs et les métiers de l’événementiel, dont le sacrifice permettrait d’éviter une deuxième vague. Des plans sociaux moins spectaculaires qu’une usine fermée mais avec les mêmes vies licenciées. Demain, ce sera peut-être la culture déjà mal en point comme le tourisme. (…) Depuis le début, on court après ce virus sans jamais l’attraper, soupire le quotidien charentais. On court d’abord après les masques puis les tests, puis les mesures territoriales en regardant des courbes monter, descendre, remonter. (…) Et nous ne sommes toujours pas capables, déplore encore La Charente Libre, de mettre en place une véritable stratégie de tests avec des résultats en 24 heures, pour isoler à temps les contaminés, et casser les chaînes. Et parce que l’hôpital n’est pas prêt. Appauvri avant le virus, il manque toujours six mois après, de moyens humains, de lits, de stratégie prioritaire et sonnante pour ne pas trébucher. »

Impatience et colère en Europe

Plus globalement, « en Europe, l’exaspération grandit face aux mesures anti-Covid-19 », relève pour sa part Le Monde. Exemple, « au Royaume-Uni, la bonne volonté des Britanniques commence à fléchir. Les restrictions en série décidées ces derniers jours par Downing Street (couvre-feu à 22 heures pour les bars, pubs et restaurants, mise à l’isolement de milliers d’étudiants sur leurs campus, interdiction des visites entre familles…) ont redonné de l’élan aux manifestations antimasque. Celles-ci restent circonscrites à Londres, mais rassemblent désormais des milliers de manifestants tous les samedis à Trafalgar Square. »

Autre exemple pointé par Le Monde : « En Espagne, les dernières mesures prises par la région de Madrid passent aussi très mal. Dans les quartiers populaires du sud de la capitale, où le taux d’incidence est le plus élevé, les habitants ne peuvent sortir que pour se rendre au travail, à l’école, chez le médecin ou pour des raisons de force majeure. (…) La présidente, Isabel Ayuso, du Parti populaire (de droite), refuse d’ailleurs d’appliquer les recommandations du gouvernement afin, dit-elle, de ne pas endommager une économie locale à genoux. »

Le choc Trump-Biden

À la Une également, le débat Trump-Biden la nuit prochaine aux États-Unis. « Donald Trump sous pression », titre Le Figaro. En effet, « le New York Times a choisi soigneusement son moment. En révélant juste avant ce premier débat que Donald Trump n’avait payé que 750 dollars d’impôt sur le revenu en 2016 et 2017, et aucun pendant une dizaine d’années sur les quinze dernières écoulées, le quotidien américain a offert un parfait angle d’attaque pour Joe Biden face à son adversaire. »

Ça ne sera peut-être pas la stratégie du candidat démocrate, estime la spécialiste des États-Unis, Marie-Cécile Naves, interrogée par Libération. « Joe Biden va sans doute évoquer mardi soir les révélations du New York Times, mais va-t-il s’attarder sur ce point ? Ce n’est pas certain. Je suis convaincue que la stratégie de la rhétorique anti-Trump ne peut pas suffire à Biden. Il faut, poursuit Marie-Cécile Naves, qu’il présente davantage son programme, il y a des thématiques sur lesquelles il a des choses à dire : l’économie, la Cour suprême. Joe Biden va sûrement essayer de rester sur le fond, en attaquant Trump (notamment) sur la mauvaise gestion de l’épidémie de coronavirus. C’est dans son intérêt car sur ce thème, l’opinion publique est majoritairement contre Trump. »

Alors ce duel, Joe Biden peut-il renverser la tendance ? « Pas vraiment, répond Le Parisien, bien des électeurs ayant déjà fait leur choix, voire voté par correspondance. Mais un dérapage de Trump ou une gaffe de Biden peuvent jouer… »