« Drôle de rentrée des classes ce lundi matin, constate Le Parisien. Alors que le premier Conseil des ministres du gouvernement d’Élisabeth Borne se réunit à 10 heures, voilà l’exécutif déjà pris dans une polémique après que Mediapart a révélé ce week-end des accusations de viols datant de 2010 et 2011 visant Damien Abad, le nouveau ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées. Hier, dimanche, les entourages des ministres ne se bousculaient pas pour commenter l’affaire, pas plus que l’Élysée. »

Pour sa part, Elizabeth Borne, la Première ministre, a assuré qu’elle n’était 'pas au courant'. « Une réponse qui interroge, estime Mediapart. Avant chaque nomination, les ministres sont passés au crible. Comment imaginer que l’exécutif ait pu ignorer l’existence la plainte pour viol déposée en 2017 (puis classée), qui avait même à l’époque fuité dans le magazine Closer et abondamment circulé dans le monde politique ? Puis comment expliquer aussi que le signalement adressé le 16 mai par l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles à plusieurs dirigeants de LREM ne soit pas remonté à Matignon ou à l’Élysée ? »

Pour La Charente Libre, Abad ne peut que démissionner : « déjà visé comme un renégat par ses anciens compagnons de LR, le nouveau ministre risque de vite devenir le cœur de cible des mouvements féministes et des contempteurs des atermoiements et contradictions d’Emmanuel Macron dans sa lutte contre les violences faites aux femmes. Une pression qui devrait logiquement le conduire à la démission, faute de pouvoir exercer sereinement sa mission de ministre des Solidarités et quelles que soient les décisions ultérieures d’une justice tout juste saisie. »
Pap Ndiaye à l’Education : questions autour d’une nomination
Autre nouveau ministre qui fait beaucoup parler de lui mais pas pour les mêmes raisons : Pap Ndiaye… La nomination à l’Education nationale de cet agrégé d’histoire, spécialiste des Etats-Unis et des questions liées au racisme, fait couler beaucoup d’encre, notamment dans la presse de droite.

« Les ambiguïtés d’une nomination », titre L’Opinion. « Avec cette surprise, Emmanuel Macron peut avoir deux idées en tête, affirme le quotidien libéral : couper l’herbe sous le pied de Mélenchon et des partis qu’il a colonisés en vue des législatives. (…) L’historien peut en effet séduire enseignants ou jeunes de banlieue, des publics électoraux de cette gauche. (…) Deuxième idée, plus lointaine et hypothétique, relève encore L’Opinion : mettre en confiance le monde de l’éducation pour mieux le réformer. »

Le Figaro s’interroge : « qu’a voulu faire Macron (avec cette nomination) : un tournant idéologique ou un coup politique ? De la part de Ndiaye : quelle équivalence établit-il entre la réflexion libre de l’universitaire et l’action responsable du ministre ? De la part de Macron : privilégie-t-il la défense de l’universalisme républicain ou la réconciliation avec un monde enseignant fortement pétri de mélenchonisme ? Et ce débat théorique, tout sauf accessoire, ne doit pas faire oublier, pointe encore Le Figaro, que la première tâche du nouveau ministre sera d’abord de mener une refonte globale de l’école sur laquelle, là aussi, une clarification s’impose. »
Retrouver la confiance perdue des profs ?
Libération s’interroge également : « qu’attend Emmanuel Macron de Pap Ndiaye à l’Education ? Même parmi les admirateurs de l’historien, la question des marges de manœuvre dont il disposera interroge, comme sa capacité à faire bouger une si lourde administration. Le programme d’Emmanuel Macron, qui s’apparente pour les profs à un ersatz du 'travailler plus pour gagner plus' de Nicolas Sarkozy, a provoqué la révolte du monde éducatif. »

Et Libération de citer cette confidence d’un proche d’Emmanuel Macron à l’Elysée : « on ne peut pas dire que notre politique éducative a été une réussite quand on voit que ça met encore cinq générations pour que quelqu’un en bas de l’échelle sociale arrive au milieu. Donc il faut accélérer et on n’y arrivera pas sans amener les profs. Avec Blanquer, il y avait une défiance qui s’était installée au point que le dialogue n’était plus possible. On fait le pari avec Pap Ndiaye qu’il y a un présupposé de confiance et que les profs vont lui donner sa chance. »