« Départs sans surprise, entrée en force des amis de François Bayrou et d’Édouard Philippe : ce gouvernement Borne II reste cantonné aux limites de la majorité présidentielle », constate Sud-Ouest.

Mais pouvait-il en être autrement ? Non, répond Le Figaro : « ce gouvernement n’a rien de surprenant, et le profil de la nouvelle équipe, rien de spectaculaire. Élisabeth Borne et donc le chef de l’État n’ont pas réussi à élargir leur majorité pour la renforcer. Ils n’enregistrent même pas une "prise de guerre" susceptible de faire basculer une poignée de députés dans le camp présidentiel. Le fameux dépassement, appelé de ses vœux par Emmanuel Macron, n’a pas eu lieu ».

En tout cas, poursuit Le Figaro, « avec ce gouvernement, le second quinquennat d’Emmanuel Macron peut enfin commencer. Action ! Mais, si le casting n’a rien d’étourdissant, le scénario très attendu de la nouvelle équipe devra, lui, être à la hauteur des défis posés à notre pays. Faute de majorité absolue au Palais Bourbon et sans être confortée par un vote de confiance, celle-ci va devoir prouver qu’elle a la capacité de rassembler "au cas par cas"… »
Optimisme ?
Du coup, La Croix s’interroge : « est-il possible d’avoir une politique cohérente quand on dépend de majorités de circonstances ? Et comment déployer une vision +générale+ quand la situation vous condamne à légiférer au cas par cas ? Il faut une certaine dose d’optimisme pour envisager qu’il en sorte à court terme quelque chose de bon, surtout si l’on en juge par l’attitude des oppositions qui ne semblent pas disposées à jouer les forces d’appoint. Tout à leur intransigeance, la gauche radicale et le RN campent sur leurs ergots, oubliant un peu vite qu’il revient à tout le monde d’œuvrer dans le sens de l’intérêt général ».
Pas de quoi faire rêver les écolos…
« Pas d’effet waouh, donc, renchérit Libération, pas de prises de guerre à droite ou à gauche à brandir sous le nez des oppositions médusées, mais un gouvernement bâti pour cimenter les différentes composantes de la majorité, pour mieux faire face aux turbulences qui s’annoncent dans l’hémicycle. C’est un effet mécanique du revers du 19 juin : disposer d’une majorité relative impose à Emmanuel Macron de composer au ras des pâquerettes des équilibres internes à sa famille. Cela a une conséquence majeure, pointe Libération : sur le dossier central, à savoir l’environnement et la lutte contre le changement climatique, on n’y est pas. Certes, la transition écologique reste comme dans le premier gouvernement d’Élisabeth Borne rattachée à Matignon. On peut y voir le signe d’une prise de conscience de l’urgence écolo. Mais rien dans le casting dévoilé hier n’accrédite la thèse que le curseur a bel et bien bougé dans le bon sens sur l’échelle des inquiétudes environnementales. Et c’est évidemment un motif de méfiance. »

En effet, Christophe Béchu, maire d’Angers, proche d’Édouard Philippe, n’a pas un profil à « faire rêver les écologistes », pointe Le Midi Libre qui cite ce commentaire de Jean-François Julliard, le directeur de Greenpeace France : « nommer à un poste si important un politique sans expérience sur ces enjeux et qui n’a quasiment jamais pris position sur les questions de climat ou d’environnement, démontre un réel manque d’ambition ».
Pessimiste ?
Enfin, La Charente Libre est plutôt pessimiste sur la suite…  « Le blocage est prévisible, la dissolution est envisageable à moyen terme et la perspective de se retrouver devant les urnes après s’être allié au gouvernement n’incite pas à l’aventure. C’est ce que symbolise le choix d’Élisabeth Borne de ne pas solliciter demain mercredi un vote de confiance, faute de majorité. C’est également le choix de ce gouvernement "défensif" résumé par la formule d’Emmanuel Macron au nouveau Conseil des ministres : "vous aurez à tenir". Pas seulement face au contexte international mais aussi face aux conséquences des législatives et d’une assise électorale très faible ».

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