Plus de 40 pays se sont réunis hier à Ramstein, base américaine en Allemagne, afin d'accentuer et de coordonner leur aide militaire à Kiev. « L'objectif est en théorie aussi simple qu'il est complexe et dangereux à mettre en place », prévient Le Figaro.

« Fournir à l'Ukraine les armes et les renseignement nécessaires à ses troupes pour repousser les soldats russes », alors que la guerre fait rage depuis deux mois. « Cette mobilisation inédite a fait brusquement monter la pression, posant une nouvelle fois la délicate question de la cobelligérance et des limites à respecter entre soutien matériel et implication directe », analyse Le Figaro. « Moscou ne s'y est pas trompé, accusant immédiatement l'Otan de se livrer dans une guerre par procuration au fort potentiel d'escalade et de guerre totale. Le chef du Pentagone a promis hier de "remuer ciel et terre" pour aider l'Ukraine "à gagner la guerre" ».

Une victoire de l'armée ukrainienne : une réelle hypothèse

« Alors que la victoire était inimaginable au début du conflit », écrit Libération. « Pour contrer l'offensive russe dans le Donbass, l'Ukraine réclame de l'artillerie lourde et des blindés. Des armes offensives que plusieurs nations, après avoir rechigné, assument désormais lui fournir. Avec plus de quatre milliards de dollars d'aide depuis le début de la présidence Biden, les États-Unis restent, de très loin, le principal soutien de Kiev. La dernière tranche a ajouté près de 150 000 obus et 121 "drones suicides" aux véhicules blindés, hélicoptères et milliers de missiles antiaériens ou antichars déjà fournis par Washington. »

« Le principal revirement est venu hier d'Allemagne, où sous la pression de l'opinion publique, des pays d'Europe centrale, des industriels de l'armement mais aussi des écologistes de son gouvernement, le chancelier Olaf Sholz a fini par céder à la livraison d'armes lourdes. »
Le cas de conscience allemand
Berlin était fondamentalement opposée à la livraison d'artillerie lourde à l'Ukraine. Mais l'Allemagne était très critiquée pour son inertie malgré la promesse faite fin février d'un changement d'époque. « Face à ses accusations », rapporte le journal Les Echos,

 « La ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht, martèle que les chiffres parlent une autre langue, aucun pays n'ayant jusqu'ici fournit selon Berlin d'armes lourdes. » Au sein de la classe politique allemande, on s'inquiète de voir la guerre en Ukraine s'étendre au reste de l'Europe. Sentiment partagé par une partie de la population. Selon un sondage de l'Institut Forsa, « 51% des Allemands sont pour la livraison d'armes 38% estiment que le gouvernement n'en fait pas assez pour l'Ukraine, contre 34% qui pensent le contraire. »

Ce qui est sûr en tout cas, c'est que Berlin pourrait bientôt arriver à se passer du pétrole russe. « Il y a un mois, il représentait 25% de la consommation allemande, aujourd'hui c'est seulement un peu plus de 12%. »
Sur le terrain, l'État ukrainien s'est réorganisé
L'envoyé spécial du journal La Croix nous raconte que « le Parlement, les ministères et les grandes entreprises publiques se sont adaptés pour continuer à fonctionner. » Le Parlement d'abord, composé de 450 députés, il a un rôle essentiel. « Son approbation est nécessaire pour une multitude de décisions : depuis 2 mois, nous avons voté environ 250 textes », précise un parlementaire dans les colonnes de La Croix. « Pour limiter le danger, une partie du travail se fait en commissions à distance, mais la procédure ne permet pas le vote à distance. Les députés se retrouvent donc de temps à autre dans l'hémicycle, à un horaire jamais annoncé à l'avance, pour une courte séance où les votes s'enchainent. »

Autre exemple, la poste ukrainienne, qui emploie 60 000 salariés, « joue un rôle essentiel pour distribuer les pensions aux retraités, puisqu’une partie de la population n''est pas bancarisée. L'entreprise publique a moins de lettres à transporter depuis le 24 février. Mais son réseau sans équivalent est mis à contribution pour acheminer l'aide humanitaire jusque dans les endroits les plus reculés. Ses camions servent aussi pour relocaliser, dans l’urgence, les entreprises situées dans les territoires occupés qui se déplacent vers une zone plus sûre. »