Le sujet brûlant des retraites sera-t-il « la clé du vote ? », s’interroge La Croix. « Dans sa quête de voix à gauche pour le second tour, le président-candidat Emmanuel Macron s’est dit prêt à amender son projet de réforme des retraites. (…) "S’il y a trop de tensions" et que cela peut "faire un consensus" (selon ses propres dires), le président sortant pourrait envisager d’abaisser de 65 à 64 ans le nouvel âge de départ à la retraite. Il a aussi évoqué une "clause de revoyure en 2027", et a même envisagé la possibilité d’un référendum. »
Appâter les électeurs de Mélenchon…
« En arrière toute ? », se demande également Le Figaro. « La campagne du second tour de la présidentielle à peine lancée, voilà qu’Emmanuel Macron donne déjà le sentiment de marcher à reculons sur les retraites. (…) Derrière ce revirement, son objectif est très clair », estime le quotidien de droite : « appâter les électeurs de Jean-Luc Mélenchon qui ne veulent surtout pas travailler jusqu’à 65 ans, alors que leur candidat leur promettait la quille à 60 ans ! »

Résultat, déplore Le Figaro : « le Macron de l’entre-deux-tours vire à gauche. On le pressentait. Mais de là à sabrer son chantier économique le plus emblématique, c’est osé ! Il prend le risque de fâcher ses électeurs de dimanche dernier sans certitude de contenter ceux de La France insoumise. Surtout, il hypothèque sérieusement sa capacité réformatrice déjà entamée après l’échec de sa première tentative de grand soir des retraites il y a deux ans. »
Macron pris en tenailles
« Voilà où en est Emmanuel Macron », soupire Libération, « pris en tenailles entre la nécessité de garder sa droite et l’impératif de séduire sa gauche. Ce qui semblait facile en 2017 ne l’est plus aujourd’hui après cinq ans d’espoirs déçus. Est-ce trop tard pour convaincre ? Espérons que non », répond Libération. « Il reste dix jours au candidat Macron pour prouver, engagements à l’appui, qu’il a compris les inquiétudes de la jeunesse pour l’avenir de la planète et celles des classes populaires pour leur propre avenir. »
Le Pen : la stratégie du rassemblement
Quant à Marine Le Pen, relève La Charente Libre, « après une campagne a minima, elle se retrouve en première ligne. Sa stratégie est claire : faire d’Emmanuel Macron, la figure de l’autoritaire, du diviseur pendant qu’elle serait celle du rassemblement et de l’unité. Comme dans un jeu de miroirs, le président-candidat pilonne sa rivale et son programme pour faire sauter le vernis lepéniste. En pleine lumière », pointe le quotidien charentais, « Marine Le Pen ne pourra plus se cacher derrière Zemmour ou le seul pouvoir d’achat. Un référendum sur le retour de la peine de mort ? Il n’y a pas de débat interdit. Même s’il faut modifier la Constitution. Idem pour y intégrer la priorité nationale. Sauf que cela se fait en passant d’abord par le Parlement. Mais pour Marine Le Pen, État de droit ou pas, cela n’a pas d’importance tant que c’est présenté avec le sourire. »
La guerre en Ukraine : une guerre européenne
À la Une également, l’Ukraine : « la stratégie de Moscou marque désormais un tournant », pointe Le Monde. « Les négociations sont dans l’impasse, l’offensive militaire se concentre sur le Donbass et le Sud-Est. L’acte II de la guerre s’annonce plus dur encore et les Européens n’ont d’autre choix que de s’y impliquer davantage », estime le quotidien du soir. « Le niveau d’aide militaire des Occidentaux est entré dans une autre phase, même si tout n’est pas public : chars et systèmes de défense antiaérienne, notamment, sont à présent livrés aux forces ukrainiennes. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, veut accélérer la procédure d’adhésion de l’Ukraine à l’UE et est allée à Kiev pour le dire. Boris Johnson, le Premier ministre britannique, l’y a suivie. La guerre d’Ukraine est bien, désormais », conclut Le Monde, « une guerre européenne. »

Dans les colonnes de Ouest-France, Jean-Marie Guéhenno, ancien secrétaire général adjoint des Nations unies, va dans le même sens : « l’Occident doit consolider un statu quo territorial en Europe, affirme-t-il. L’agression russe en Ukraine doit donc échouer. Une défaite russe comporte certes un risque d’escalade. Mais ce risque – faible – doit sans doute être pris pour éviter qu’une Russie enhardie par un premier succès en Ukraine ne soit à nouveau tentée d’utiliser la force pour modifier le statu quo européen à son profit. »

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