« Subitement, Emmanuel Macron a voulu parler aux Français, s’exclame Le Monde. Lors d’un entretien au journal télévisé de 20 heures diffusé sur TF1 et France 2, hier, décidé moins de 24 heures plus tôt, le chef de l’État s’est exprimé sur les grands sujets – immigration, écologie, inflation, géopolitique – afin, assure l’Élysée, de donner, lui-même, le "ton" de la rentrée et de vanter un pays à même de "reprendre le contrôle de son destin" ».

Sur l’écologie, « Emmanuel Macron avait un objectif, relève Libération : faire mentir tous ceux qui considèrent qu’il n’a jamais réussi à donner à son action une véritable ligne verte… » Eh bien pour le journal, c’est raté : « difficile d’y voir clair. Difficile d’y voir "le chemin d’une écologie à la française" évoqué hier soir par Emmanuel Macron. Le chef de l’État a évoqué "une ambition juste", "une écologie de progrès", une écologie qui serait "la réponse à la question du pouvoir d’achat". Il est surtout resté fidèle à sa conviction que la transition écologique passe par la réindustrialisation de certaines filières, notamment automobiles, mais aussi de production de pompes à chaleur. Suffisant pour corriger le tir, inverser la tendance, se débarrasser de sa réputation de président vert pâle ? Le détail des mesures présentées lors du conseil de planification ce lundi le diront. Mais la mise en bouche télévisée de dimanche soir en laissera beaucoup sur leur faim ».

Ne pas pourrir la vie des Français !

Attention, prévient pour sa part Le Figaro : « la planification écologique dont il a exposé les enjeux peut réveiller une colère des profondeurs. Si l’État surveille et punit le citoyen (le plus humble) à travers sa voiture, sa maison, sa chaudière, l’effet politique et social sera dévastateur. Pour le moment, c’est heureux, pointe Le Figaro, le chef de l’État semble privilégier l’incitation plutôt que l’interdiction ».

« Le difficile numéro d’équilibrisme du président », s’exclame L’Opinion. En effet, s’interroge le quotidien libéral : « comment définitivement mettre le pays sur la voie lui permettant de respecter ses engagements environnementaux sans pour autant passer pour le techno de service imposant aux Français des mesures aussi contraignantes, voire intrusives, que coûteuses ? Bref, sans leur pourrir la vie ? »

Le casse-tête du problème migratoire

Pour ce qui est du problème de l’immigration, Emmanuel Macron a voulu répondre au pape François… Hier soir, pointe Le Monde, « les mots du souverain pontife dénonçant une Méditerranée ensanglantée par les naufrages de migrants, dans l’"indifférence" coupable des Occidentaux, ces mots résonnaient encore ».

« La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », a affirmé le chef de l’État, reprenant la fameuse phrase de Michel Rocard prononcée en… 1989. « Le genre de phrase que l’on prononce quand on ne sait pas trop quoi dire mais qu’il faut bien dire quelque chose », ironisent Les Dernières Nouvelles d’Alsace.

En tout cas, constate Le Télégramme, « la gestion des flux migratoires tourne au casse-tête, du coup, Emmanuel Macron invoque la nécessité d’une approche européenne, la coopération avec les pays de transit (et les pays de départ). C’est encore flou et la tendance va s’accentuer ».

« Il faut, on va, on doit… Et donc ? »

« Finalement, plus de questions que de solutions », renchérit La Charente Libre. « À défaut de convaincre ses adversaires, Emmanuel Macron s’est appliqué à suivre la ligne de crête que les évènements, l’obsolescence programmée de son mandat et l’absence de majorité à l’assemblée lui imposent. Dans sa situation, avancer sans trop regarder derrière soi reste la meilleure garantie pour tenir ».

Le Midi Libre est tout autant critique : « sans cesse à la recherche du temps perdu et d’une énième relance de son quinquennat, le chef de l’État empile les éléments de langage et les intentions. Il faut, on va, on doit… Et donc ? Pour les citoyens qui sont devant leur écran, on imagine une certaine frustration face à des actions qui restent lointaines et incertaines. Sont-elles au moins finançables ? Rien n’est moins sûr, répond Le Midi Libre, à quelques jours de la présentation du budget 2024 teinté de contraintes et de rigueur qui devra lever toutes les confusions ».