« C’est la fin du suspense le moins intense de l’histoire du suspense », moque Libération. Emmanuel Macron « s’apprête à vivre sept semaines schizophréniques – à moins qu’elles ne soient tout simplement macronistes, comme une incarnation parfaite du "en même temps" », ironise encore Libé.

À un peu plus d’un mois du premier tour de l’élection présidentielle, c’est donc par courrier que le président sortant, hier soir, a annoncé sa candidature à un second mandat. Une « lettre aux Français » publiée par des quotidiens régionaux comme Ouest-France.

Une candidature « sur fond de guerre en Ukraine », pointe « en Une » Le Figaro. « Emmanuel Macron candidat ! La nouvelle n’a rien d’une surprise, mais en d’autres temps elle aurait suscité des torrents d’analyse, déchaîné des flots de commentaires. Aujourd’hui, alors que le canon tonne, que des hommes se battent et meurent écrasés sous les bombes, alors qu’une sourde angoisse étreint l’Europe entière, c’est à peine si l’on ose consacrer quelques lignes à une affaire qui, tout à coup, paraîtrait presque dérisoire », soupire Le Figaro.

Le président est « dans l’arène », lance Le Parisien, en précisant que « cela fait un mois qu’il a décidé d’en passer par une missive », voyant dans ce courrier une « évidente » référence à l’adresse de François Mitterrand en 1988, et soulignant « une pincée de contrition » mais aussi une « contre-offensive nette » au candidat « qu’il ne nomme pas » mais que Le Parisien aura identifié comme étant Éric Zemmour.

Voilà pour la lettre, mais, selon Le Parisien, Emmanuel Macron a programmé un autre « message de campagne », ce soir, sur les réseaux sociaux, en attendant un premier déplacement, lundi, en banlieue parisienne, avant un meeting à Marseille le week-end du 12 mars.
Macron, président clivant
Et déjà un premier bilan du quinquennat Macron vu par les Français. Selon un sondage Viavoice pour Libération, 46% des Français estiment qu’Emmanuel Macron a été un président « mauvais » ou « très mauvais », contre 42% qui, à l’inverse, trouvent qu’il a été un « bon » ou un « très bon » président. À noter, dans cette enquête, que 53% des Français estiment qu’Emmanuel Macron « n’a pas su » transformer la place de la France à l’international, contre 39% qui pensent le contraire, pointe Libération.
L’inquiétude des Français face à la guerre en Ukraine
L’avis des Français, encore, mais sur la guerre en Ukraine cette fois-ci. Ils sont de plus en plus inquiets. Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro, la guerre en Ukraine inquiète « beaucoup » 52% des Français ; et elle en inquiète « assez » 34 autres %, soit un total de 86% d’inquiets. Cette enquête indique aussi qu’un Français sur deux estime que la Russie doit être considérée comme « un mal nécessaire avec lequel il faut composer », contre 38% qui estiment qu’elle doit être traitée comme « un adversaire à combattre », et 11% qui trouvent qu’elle doit être traitée comme « un allié, un partenaire ». Comme le rapporte encore Le Figaro, 77% des Français pensent que la France doit « accueillir des réfugiés ukrainiens », contre 22% qui pensent le contraire.
Typo identitaire
Pour conclure cette revue de presse, à signaler le caractère tout à la fois identitaire et volontariste de « la Une » de Libération. Après avoir décidé d’abandonner le nom « Kiev » pour désigner la capitale de l’Ukraine, car ce nom vient du russe, pour lui préférer son appellation ukrainienne « Kyiv », Libé, ce matin, barre donc « sa Une » du mot « Liberté », rédigé en ukrainien dans le texte.
Le pacificateur en crampons
Plus facétieux, le journal Les Échos brosse à sa manière un portrait de Roman Abramovitch. Propriétaire du club de foot londonien de Chelsea (qu’il vient de mettre en vente), cet oligarque russe « tente de jouer les pacificateurs entre Russes et Ukrainiens » car une partie de sa famille, du côté maternel, « vient d’Ukraine ». Mais comme ce milliardaire, marié trois fois, s’est aussi illustré, il n’y a pas si longtemps, par un très couteux divorce, le quotidien économique, évoquant la guerre russo-ukrainienne, prévient que « cette scène de ménage-là, à la différence de celles qu’il connaît bien, ne se règle pas par des milliards ».