Le ministre français des Affaires étrangères dénonce un « crime contre l’humanité » :

Cinquante personnes, dont cinq enfants, tuées par une frappe de missile sur la gare de cette ville ukrainienne, « la mort est tombée du ciel », formule Le Parisien, cette fois, « la frappe a touché la gare au cœur ». Dénonçant une « abominable tuerie de masse », les envoyés spéciaux de ce journal décrivent avec pudeur, mais sans omettre de détails, la scène de crime. « Il y a eu des morts partout, ici et là », s’effare Le Parisien.

Scène de crime ? Sur les antennes de la télévision France 5, Jean-Yves Le Drian a dénoncé un « crime contre l'humanité » à Kramatorsk. Et même si, comme le pointe Le Figaro, Moscou a nié toute intervention, démentant disposer du type de missiles tels que celui qui s’est abattu sur la gare de Kramatorsk, tout en dénonçant une « provocation » ukrainienne visant à empêcher les civils de fuir pour les utiliser « comme boucliers humains », le ministre français des Affaires étrangères n’en a pas démordu. « Ils tapent la gare sur des réfugiés, donc sur des civils, donc ça répond aux crimes contre l'humanité », a dit le chef de la diplomatie française.

Crime contre l’humanité à la gare de Kramatorsk ? Le président français s’est refusé à le dire. Interrogé par le site Internet Brut, Emmanuel Macron a estimé qu’il incomberait à la justice de qualifier les faits, tout en répétant que la Russie commettait des « crimes de guerre » en Ukraine. Nuance.

Plus qu’un jour pour choisir quel bulletin glisser, demain, dans l’urne du premier tour de l’élection présidentielle, en France. En cette veille de scrutin, l’incertitude demeure, alimentée par la crainte de l’abstention :

« Une journée pour se décider », lance « la Une » du Parisien. La campagne électorale à présent achevée « dans un parfum d’indécision, l’heure est désormais à faire silence. Jusqu’à celle du verdict, ce dimanche soir », énonce ce journal.

Le Figaro n’écrit pas autre chose. « Les dés sont jetés, lance ce quotidien. Le silence s’impose pour quelques heures sur la grande machinerie médiapolitique (…) La France retient son souffle ». Demain, veut croire Le Figaro, « les sachants, les puissants ne vaudront pas plus que les petits et les sans-grades : c’est l’heure du peuple ». Alors ? Alors s’adressant « à tous les Français », ce journal les enjoint d’accomplir leur devoir d’électeur, car « l’avenir de notre pays est entre vos mains. Rendez-vous aux urnes : il ne doit manquer personne », somme Le Figaro.

Appel au civisme, donc, mais globalement, pas question pour la presse française généraliste de donner une quelconque consigne de vote. À la notable exception d’un quotidien dit « du soir » :

Au terme d’un très jésuitique développement, Le Monde, puisque c’est de lui qu’il s’agit, se garde bien de conseiller à ses lecteurs pour qui voter. Non, non ! Mais cela ne l’empêche en revanche pas d’exprimer noir sur blanc tout le mal qu’il pense de deux des douze candidatures, et dont nous tairons ici le nom.

Certes, affirme Le Monde, le rôle de ce journal, « n’est pas de soutenir un candidat, encore moins d’appeler à voter pour lui ». Mais c’est pourtant ce que ce journal fait en creux, en exprimant tout le mal qu’il pense de deux candidats. Se prévalant d’un « journalisme non partisan (qui) n’en est pas moins fondé sur des valeurs », Le Monde estime crânement que lesdites valeurs « peuvent (l’)inciter à alerter sur un certain nombre de dangers ». 

Ce qui lui permet d’affirmer que deux candidatures sont, selon lui, « incompatibles avec tous (ses) principes, tout autant qu’elles sont contraires aux valeurs républicaines, à l’intérêt national et à l’image de la France ». Rien que ça !