Une grève non pas contre un virus mais contre un ministre… « Parents et profs testent… Blanquer », lance La Provence en première page.

« Blanquer piégé par les contraintes sanitaires », titre Le Figaro. « Les injonctions contradictoires du gouvernement pour maintenir les cours en présentiel tout en contrôlant l’épidémie ont fait du ministre de l’Education nationale la cible des enseignants en grève ce jeudi. »

Résultat, la vague de colère a grossi et « le mouvement s’annonce massif dans l’éducation nationale ce jeudi, pointe Le Monde. La plupart des syndicats d’enseignants, rejoints par les syndicats de chefs d’établissement, d’inspecteurs ainsi que la FCPE pour les parents d’élèves, appellent à la grève. Tous les établissements sont concernés. L’appel à la grève, lancé par le SNUipp-FSU, syndicat majoritaire dans le primaire, a été signé par la plupart des organisations du primaire et du secondaire, ainsi qu’un syndicat du privé. »
Désinvolture…
Logique, estime Libération. « Jean-Michel Blanquer a péché par arrogance. A de nombreuses reprises, le ministre, en conférence de presse, en Conseil des ministres, lors de ses interventions médiatiques, a donné le sentiment d’être approximatif, s’est pris les pieds dans le tapis des protocoles sanitaires, a dû préciser quelques heures plus tard son propos, voire s’est vu contredit par sa propre administration. Il a, pour résumer, pointe encore Libération, fait preuve de désinvolture, sur l’air de 'l’intendance suivra'. Celle-ci n’a non seulement pas suivi, mais le système a craqué sous la pression d’omicron. Alors que le gouvernement n’a eu de cesse d’ériger le 'pragmatisme' comme boussole dans sa gestion d’une épidémie évolutive, Jean-Michel Blanquer a donné le sentiment d’être rigide, peu à l’écoute d’enseignants débordés et épuisés après deux ans de Covid. »

L’Humanité en remet une salve : « aujourd’hui désavoué jusque dans son propre camp, l’ancien chouchou du président est à la fois la cause directe de ce ras-le-bol irrépressible et le symptôme d’un système macronien où se mêlent suffisance technocratique et autoritarisme. (…) La mobilisation de ce jour est à la hauteur de ce mépris abyssal. Et vient parachever cinq années d’autocratie blanquiérienne au service d’une vision néo-libérale de l’école, dont les agents n’en peuvent plus. »
Convergence des colères ?
Du coup, analyse L’Opinion, on se retrouve dans « un contexte pré-électoral dangereux » pour Emmanuel Macron : « cette grève constitue une double menace pour le président sortant. Sur la solidité de son crédit dans la gestion de la crise pandémique, un bouclier à tout moment susceptible de devenir un boulet. Et sur le danger d’une convergence des colères, à l’image de ce front inédit entre syndicats et parents d’élèves pareillement exaspérés. Omicron continue d’imposer son agenda, de détruire les stratégies de campagne, y compris pour le chef de l’Etat. »

En effet, renchérit La Dépêche, « jamais campagne électorale n’aura été à ce point perturbée par des considérations d’ordre sanitaire, laissant de côté des dossiers essentiels comme l’économie, l’emploi, la sécurité. Le virus instruit des oppositions des clivages, tantôt il défie le pouvoir en place, tantôt il le conforte, il est ainsi devenu un objet politique à part entière. »
Dernière vague ?
Sur le plan sanitaire à présent, à quoi peut-on s’attendre ? « Est-ce la dernière pagaille ? », s’interroge Le Parisien. « Le virus n’a jamais autant circulé qu’actuellement chez les plus jeunes, comme d’ailleurs au sein de toute la population. Un enfant de 6 à 10 ans sur vingt-sept a été testé positif au Covid-19 en une semaine. C’est considérable.

L’exécutif espère atteindre rapidement le pic des cas positifs, pointe Le Parisien, et voir l’épidémie baisser aussi vite qu’elle a flambé. Tout en restant fidèle à sa ligne d’éviter les fermetures de classe. Aucun regret, au sommet de l’État, de ne pas avoir reporté la rentrée scolaire. Certains scientifiques l’avaient pourtant préconisé, au vu du contexte particulièrement critique. »

Et le journal de s’interroger encore : « cette stratégie se révélera-t-elle gagnante sur la durée ? Cette vague sera 'peut-être la dernière', a estimé Olivier Véran il y a quelques jours. Rien ne permet encore de l’affirmer avec certitude. Mais le pire n’est jamais certain. L’Agence européenne des médicaments le dit elle-même : Omicron pourrait signer le début de la fin de la phase pandémique. L’immunité de la population pourrait bientôt être tellement forte que le nombre de formes graves restera limité à l’avenir. »