C’est le grand titre de L’Est Républicain : « pas de traditionnelle photo de famille pour le premier conseil des ministres d’Elizabeth Borne hier, constate le journal. La communication officielle du gouvernement est déjà perturbée par l’affaire Damien Abad. Et sa feuille de route – pouvoir d’achat, éducation, santé, écologie – s’en trouve éclipsée. »

« Le cas de Damien Abad, nouveau ministre des Solidarités, accusé par deux femmes de violences sexuelles survenues voici plus de dix ans, a gâché la belle photo de famille », renchérit La Dépêche du Midi. « Même si l’une des plaintes avait été classé sans suite, et qu’il n’y ait à ce jour aucune poursuite de la part de la seconde personne, le bruit médiatique et politique a grandement couvert la petite musique du Conseil des ministres. »

Pour Libération, c’est « intenable » : « cette nouvelle affaire est un problème. Un énorme problème. La tâche du gouvernement est telle, les enjeux du moment si importants (reconstruire l’hôpital, reconstruire l’école, reconstruire la société) que cette nouvelle équipe ne peut se mettre en marche avec des semelles de plomb. Damien Abad a droit à la présomption d’innocence, bien sûr. (…) Mais si le gouvernement Borne veut pouvoir se mettre au travail dans la sérénité, il doit lui demander de se mettre en retrait le temps que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Pourquoi se montrer intransigeant ? Parce qu’il y a eu trop d’abus et d’impunité par le passé, répond Libération. Notamment dans le monde politique, car c’est un lieu de pouvoir, et l’on sait que le pouvoir peut rendre fou et ôter toute forme de discernement. »
Priorité au pouvoir d’achat
Parmi les urgences du nouveau gouvernement, donc, le pouvoir d’achat… « Macron dans la spirale du pouvoir d’achat », titre L’Opinion. « Un projet de loi sur le pouvoir d’achat, 'priorité du quotidien', devrait être débattu en juillet au Parlement. »

La Croix s’interroge : « Emmanuel Macron a-t-il senti le vent du boulet, sous la forme du score atteint par Marine Le Pen et de sa campagne tout entière dévolue au pouvoir d’achat ? Ou bien la frilosité des patrons l’oblige-t-il à accélérer, au risque de laisser filer les comptes publics ? 'Bouclier tarifaire' pour protéger les Français de la hausse des coûts de l’énergie, 'chèque alimentation' pour atténuer celle des prix de la nourriture, mais aussi mesures fiscales, avec la suppression de la redevance audiovisuelle, et salariales : tout est sur la table. »
Retraites : quand et comment ?
En revanche, « Emmanuel Macron entretient le flou sur la réforme des retraites » : c’est le grand titre du Figaro. « A quatre semaines des législatives, le chef de l’Etat ne veut pas monter en première ligne pour défendre un dossier capable de dresser une nouvelle fois les Français contre lui. (…) Le calendrier n’a pas changé. Au sommet de l’État, on envisage toujours un examen à l’automne, pour 'viser' une entrée en vigueur en 'janvier prochain'. Pour le contenu, en revanche, c’est plus flou. Notamment sur l’âge de départ. Ce sera l’objet de discussions avec les partenaires sociaux. »

Pourtant, commente Le Figaro, il y a urgence : « en déficit chronique, notre système par répartition court à la catastrophe si rien n’est fait : alors qu’autrefois, on comptait quatre actifs pour un retraité, ce chiffre est tombé à 1,7 avec l’allongement de la durée de vie, et baissera encore à l’avenir. C’est intenable dans la durée. »
Ouïghours : l’obsession sécuritaire de Pékin
Enfin à la Une également, cette enquête du Monde : « Ouïgours : au cœur de la machine répressive chinoise »

Une enquête publiée par 14 médias internationaux, dont Le Monde, donc, fondée sur des milliers de documents de la police chinoise livrés à l’anthropologue allemand Adrian Zenz par une source qui n’a rien exigé en retour. « Après plusieurs séries de révélations publiées depuis 2019 par ce même chercheur et par des ONG, ces documents apportent un nouvel éclairage décisif sur la répression organisée par Pékin dans la région du Xinjiang, pointe le quotidien du soir. (…) Ils racontent de l’intérieur l’obsession sécuritaire dans les camps d’internement de la minorité musulmane, que Pékin présente comme des centres de formation. Soit la mise en œuvre concrète de l’appareil sécuritaire destiné à 'stabiliser' le Xinjiang, que le PCC dit menacé par les 'séparatistes' musulmans. »

Enfermement, menottes, chaînes, cagoules, rééducation forcée : tel est le quotidien de milliers de détenus ouïgours. On estime entre 900.000 et 1,8 million le nombre de Ouïgours passés dans le système d’internement du PCC sur les 11 millions résidant dans la région.