« C’est le secret le moins bien gardé de la République, s’exclame La Croix. Dans deux heures ou dans deux semaines, peu importe, Emmanuel Macron sera officiellement candidat à sa propre succession. L’intéressé n’en fait pas mystère. Comme d’autres avant lui, il aura su profiter au maximum de l’avantage tactique que lui confère sa position de président sortant. Ses concurrents s’en agacent, ils estiment que le match ne pourra vraiment commencer que lorsque le dernier joueur aura fait son entrée sur le terrain. Peut-être. Ou peut-être pas. Car on ne peut exclure – sans le souhaiter, évidemment – que cette campagne se déroule jusqu’au bout sur un faux rythme. Tout y concourt, pointe La Croix.

La pandémie, d’abord. Non seulement elle fait peser un risque sur la tenue des meetings, mais elle nous ramène sans cesse à des enjeux conjoncturels : ouvrir ou non les lieux publics, vacciner ou non les enfants… Les tensions internationales, ensuite. De l’Ukraine au Mali, elles peuvent à tout moment venir bouleverser l’ordre des priorités. Mais ce qui fait par-dessus tout la singularité de cette non-campagne, relève encore le quotidien catholique, c’est une configuration politique inédite. Cinq ans après l’élection d’Emmanuel Macron, le paysage est toujours en recomposition, les partis sont en miettes, les repères traditionnels ont volé en éclats. Le sortant semble largement favori, mais l’opinion est plus volatile que jamais. »
Rien ne presse…
Emmanuel Macron prend son temps, constate Libération. « Alors qu’un dernier sondage pour BFM-TV le donne encore en tête de la course hier, et même creusant l’écart en cas de duel avec Valérie Pécresse, pourquoi devrait-il se presser ? », s’interroge le journal. « Si les choses sont ainsi et que le monde l’attend, Macron a sans doute fait comprendre en creux hier que sa déclaration de candidature n’était qu’une formalité. »

En effet, poursuit Libération, rien ne presse pour le président sortant, car « d’abord la crise sanitaire perdure, même si les contraintes qui pèsent sur les Français commencent à être peu à peu levées. Mais, surtout, le conflit aux portes de l’Ukraine "menace notre sécurité collective", d’après le président qui estime donc désormais avoir mieux à faire que d’avouer qu’il brigue un second mandat. »

En tout cas, estime Le Monde, « pour Emmanuel Macron, l’exercice est délicat. S’il se déclare candidat trop tôt, il se verra reprocher de confondre les rôles, comme l’en accusent déjà ses adversaires. Mais s’il attend trop longtemps, il courra le risque d’entrer tardivement dans l’arène et de se voir accuser par les oppositions d’avancer masqué. Les candidats ont jusqu’au vendredi 4 mars, 18 heures, pour réunir les 500 parrainages nécessaires à leur participation au scrutin. »
Manquements…
En attendant, et même s’il est en tête des sondages, le président sortant doit convaincre… Et pour Le Figaro, « si son socle électoral et de nombreux sympathisants de droite lui donnent acte de ses réformes économiques, sociales ou fiscales, il y a deux domaines où, dans des électorats différents voire opposés, Emmanuel Macron pâtit d’une grande sévérité de jugement : l’écologie et le régalien. Dans les deux cas, pointe Le Figaro, le président est persuadé d’en avoir fait plus que tous les exécutifs qui l’ont précédé. Mais dans les deux cas, les publics les plus concernés ou les plus mobilisés sur ces sujets sont loin d’en être convaincus. »

Autre manquement : le logement… Le quinquennat Macron a « délaissé le logement », remarque Le Monde. « Après une première partie de mandat portée sur les économies, l’arrivée d’Emmanuelle Wargon, en juillet 2020, en tant que ministre déléguée au Logement a marqué le retour du volontarisme de l’État et permis, in extremis, un rebond de la construction en 2021. »

Enfin, autre sujet délaissé et sous les feux de l’actualité en ce moment : les soins apportés à nos aînés… « Promesse non tenue de Macron en 2017, la loi sur la dépendance s’impose à tous dans le débat, estime La Charente Libre, tout comme la réforme de l’hôpital ou le recrutement des personnels de santé. Plutôt que se prendre la tête sur l’immigration ou l’arsenal sécuritaire, notre pays devrait se regarder vieillir. »