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« Avec Élisabeth Borne, Emmanuel Macron a trouvé son "couteau suisse" pour Matignon » : c’est ainsi que Le Monde qualifie la nouvelle Première ministre. Un terme qui proviendrait de l’entourage même du chef de l’État. Et en effet, précise Le Monde, « en tant qu’ex-ministre des Transports, du Travail et de la Transition écologique, Élisabeth Borne correspond à la fiche de poste dessinée par Emmanuel Macron, qui avait dit être en quête d’un chef de gouvernement "attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive". Les fidèles du président de la République vantent le choix d’une personnalité "loyale", susceptible d’envoyer un message à l’électorat de gauche, dont elle est issue, et dont le profil modéré ne serait pas de nature à effrayer la droite. »
Une techno succède à un techno…
Alors finalement, « tout change et rien ne change », constate La Croix. « La nomination à Matignon d’Élisabeth Borne apparaît parfaitement logique, tant elle colle avec la feuille de route que le président a tracée au soir de son élection. Son CV plaide en sa faveur. Elle a pour elle de venir de la gauche modérée, ce qui est de nature à rassurer ce flanc de la majorité. Tout le monde relève aussi que, trente ans après Édith Cresson, une femme entre de nouveau à Matignon. En 2022, le véritable événement serait que cela n’en soit pas un, estime le quotidien catholique, ou, pour le dire autrement, que nous admettions qu’Élisabeth Borne a été nommée uniquement pour ses qualités professionnelles et politiques. Le principal enseignement de cette nomination est ailleurs, relève encore La Croix. Il s’agit d’une confirmation : Emmanuel Macron n’a pas l’intention de changer sa manière d’exercer le pouvoir dans le quinquennat qui s’ouvre. Une techno succède à un techno. »
On prend les mêmes…
En effet, acquiescent Les Échos, « si ce n’est son genre, Élisabeth Borne ne change pas le profil des Premiers ministres selon Macron. Loyauté à toute épreuve, aucune ambition présidentielle connue à ce jour, force de travail et technicité. »

« Un événement, mais aucune rupture, renchérit Libération. Si l’on peut se réjouir, enfin, de la nomination d’une femme à Matignon, le signal envoyé par Emmanuel Macron témoigne surtout de sa volonté de continuer sur la lancée de son premier quinquennat. »

Alors oui, c’est une femme : « en cela seulement, la nomination d’Élisabeth Borne est un signe positif », affirme L’Humanité. « Pour le reste, il n’y a guère de surprise à attendre de ce qui ressemble à un jeu de chaises musicales à l’intérieur de l’exécutif sortant. On prend les mêmes et on recommence. »
Défis considérables…
En tout cas, « les défis que va devoir affronter Élisabeth Borne sont considérables, pointe pour sa part Le Figaro. Cette femme de gauche qui a mené des réformes (SNCF, assurance-chômage) que la droite aurait dû réaliser depuis longtemps est désormais à la tête d’une majorité qui s’annonce pléthorique autant que composite. Il lui faudra s’imposer auprès de ses ministres, qu’elle n’aura pas tous (c’est peu dire) choisis, apprivoiser les tempéraments indépendants, les ambitions robustes qu’incarnent, chacun à leur manière, Édouard Philippe, Richard Ferrand, François Bayrou. À l’Assemblée, poursuit Le Figaro, elle devra contenir le bruit et la fureur des élus de la gauche mélenchonienne conjugués à la défiance systémique de ceux du Rassemblement national. Enfin, sur fond de hausse des prix et des taux, elle devra mener des réformes difficiles, dont celle des retraites, sans provoquer la colère du corps social. Sous ce ciel lourd de menaces, la performance technique ne sera rien sans art politique. »
… dans un contexte lourd
En effet, la Première ministre arrive à Matignon dans un contexte lourd, constatent aussi Les Dernières Nouvelles d’Alsace… « Élisabeth Borne prend la tête du gouvernement alors que le pays sort à peine de la crise sanitaire, et rien ne dit qu’elle ne rebondira pas. Elle devra composer avec une situation internationale explosive dont les conséquences sur notre quotidien ne sont pas encore toutes connues. Elle va, comme Jean Castex, gérer une situation exceptionnelle, en attendant de pouvoir, peut-être, lancer les réformes du mandat, dans le dialogue. On la prend au mot. »

Enfin, remarque Ouest France, « la façon dont les choses viennent de se dérouler suggère qu’Emmanuel Macron reste "le maître des horloges". Il est celui qui orchestre et met en scène toutes les opérations, en faisant durer le suspense. Préfère la solidité, la rigueur et la grande maîtrise technique des dossiers à une personnalité plus flamboyante, susceptible de "renverser la table". Et fixe, en un tweet, la feuille de route de sa nouvelle Première ministre… (« Écologie, santé, éducation, plein-emploi, renaissance démocratique, Europe et sécurité »)