Joe Biden « s’est-il laissé emporter », se demande Le Journal du Dimanche. En Pologne, hier, le président américain a en effet fustigé son homologue russe « le boucher ». Une formule-choc de plus de sa part à l’endroit de Vladimir Poutine, qu’il a déjà, par deux fois, traité de « criminel de guerre ».

Mais à la lecture de la presse hebdomadaire, c’est à se demander si le président des États-Unis ne cherche tout simplement pas à reprendre l’initiative. Avec, en ligne de mire aussi, les élections de mi-mandat, et la percée attendue des Républicains menés par l’ancien président Donald Trump, avide de revanche en 2024.
Biden « le barbon »
Car à domicile, Joe Biden est « largement inaudible », constate ainsi Le Point. Il offre trop l'image de l'âge pour s'imposer comme le commandant en chef dont le pays a besoin. Ses discours pleins de bonnes intentions et de bons sentiments « n'impriment » pas. « Ses lapsus, hier charmants, deviennent inquiétants », souligne cet hebdomadaire.

Lequel pointe encore l’échec du président américain à « maintenir l'unité du Parti démocrate, qui se déchire, entre modérés et gauche, sous les yeux des médias. Or, derrière l'élection de (mi-mandat cette année), il y a celle, autrement importante, de 2024. Que le sortant se représente paraît exclu vu son âge, anticipe Le Point. Mais la vice-présidente, Kamala Harris, ne convainc personne, complète cet hebdomadaire. Aucun candidat crédible n'apparaît aujourd'hui du côté démocrate alors qu'en face Trump se prépare à prendre sa revanche (…) En tout cas, nul doute que l'élection présidentielle de 2024 sera un moment d'extrême tension », prédit Le Point, en brandissant le spectre de la violence électorale à venir aux États-Unis.
Apathie française
L’élection présidentielle en France… À - pile - deux semaines du premier tour, la campagne semble comme reléguée au second plan par l’actualité de la guerre en Ukraine, faisant craindre une forte abstention. « Quand la France s’ennuie », lance L’Express, en référence à un éditorial publié le 15 mars 1968 par journal Le Monde… juste avant le déclenchement le bouleversement politico-sociétal de « mai 68 » !

Est-ce à dire que le destin de la France serait en passe d’être à nouveau bousculé ? Loin de le laisser entendre, cet hebdomadaire, toutefois, sans en tirer davantage de conclusion, souligne ce qui pourrait, en effet, apparaître comme un parallèle historique. « Jamais une élection n'a paru aussi ennuyeuse, déplore donc L’Express. Un vainqueur annoncé depuis belle lurette et déjà bien installé au palais de l'Élysée, des concurrents maintenus à bonne distance, un cocktail Covid + guerre en Ukraine qui écrase tous les autres sujets, une ribambelle de candidats radicalisés mais inoffensifs sur le résultat des urnes, et un gigantesque angle mort dès qu'il s'agit de parler de vision », regrette cet hebdomadaire.

Conséquence a priori prévisible, crainte par ce magazine – et il est loin d’être le seul à la craindre - l’abstention, qu’en France on évoque d’une formule imagée, celle des électeurs désertant les isoloirs, préférant plutôt aller à la pêche à la ligne. « Pas dupes, les Français sont de plus en plus nombreux à vouloir passer leur tour, souligne donc L’Express. Lors des législatives de 1967, seulement 1 électeur sur 5 s'était abstenu. En avril (prochain), 1 sur 3 pourrait partir à la pêche. De quoi agrandir encore la déconnexion entre les citoyens et leurs représentants. Il est urgent de rompre avec ce mortel ennui et de réveiller la campagne », enjoint L’Express.
Banco pour le « Z » au Trocadéro
C’est justement ce que compte faire Éric Zemmour, cet après-midi, à Paris. Pour tenter de se hisser au second tour de l’élection présidentielle (que les sondages ne lui promettent pas), le candidat de Reconquête ! jette toutes ses forces dans un giga-meeting au Trocadéro, la-même où Nicolas Sarkozy, en 2012, puis François Fillon, en 2017, avaient organisé des rassemblements électoraux de masse.

« Plus de 50 000 personnes sont attendues, s’étonne Le Parisien Dimanche (…) Il est vrai que pas grand monde, à part Jean-Luc Mélenchon, ne peut prétendre rameuter autant de fans dans cette campagne somnolente » qu’Éric Zemmour, admet ce journal.

Mais ce pourrait être son « chant du cygne », prévient Le Journal du Dimanche ; au Trocadéro, cet après-midi, Éric Zemmour « joue son va-tout ».