Pierre Monnard nous parle de son dernier film, "Platzspitzbaby".

Le réalisateur suisse Pierre Monnard nous parle de son film « Platzspitzbaby », sorti cette année, ainsi que de son métier de raconteur d’histoire, avant de jouer le jeu de l’interview décalée du monde d’après.


Le cinéma et Pierre Monnard, ça commence à ses 4 ans. Accompagné par sa mère, il voit l' »Espion aux pattes de velours » des Studios Disney. Avant de se retrouver derrière la caméra, c’est devant celle-ci que se rêvait le jeune aspirant comédien. Enfant, persuadé que les acteurs étaient les seuls à faire un film, il voulait faire partie de la bande. Plus tard, il comprend qu’un film, c’est le fruit du travail d’un grand nombre de personnes aux activités variées. Parmi tous ces métiers, un se dégage, celui de l’architecte, le marionnettiste qui tire les ficelles et dirige le film. Il se voit alors plus en réalisateur que comédien, non pas poussé par une âme de leader, mais plutôt par son amour pour les histoires et la manière de les raconter.


Pierre Monnard se dit chanceux, il a pu, à travers ses films, explorer différents thèmes, des intrigues diverses et des genres variés. Il aime l’émotion, il aime les thèmes forts, il veut voir ses personnages avoir quelque chose à défendre. Son dernier film, « Platzspitzbaby », plonge le spectateur dans cette scène ouverte de la drogue à Zurich entre les années 1980 et 1990. Une affaire de génération pour le réalisateur, dans son entourage tous ont eu un rapport direct ou non avec le Platzspitz, il fascinait, il faisait parler de lui. Des gens de son village d’enfance, Châtel-Saint-Denis, fricotaient avec l’endroit. Un jour, l’un d’entre eux n’en est pas revenu, marquant le futur cinéaste encore adolescent. Lorsqu’il est tombé sur le livre de Michelle Halbheer, ces souvenirs refont surface et il décide d’en parler à nouveau, au cinéma cette fois. Un film sur la drogue, et comme tout film du genre, un film sur la prévention. Le succès est au rendez-vous, le film touche 340’000 spectateurs, un chiffre impressionnant pour un film suisse. Un public hétérogène, qui réunit plusieurs générations, autant celles ayant connu l’époque en question que la jeunesse actuelle.


Après ces explications sur son dernier film, Pierre Monnard s’essaye à l’exercice intrigant qu’est le « Monde d’Après » de Radio Vostok. Quelques questions sur un monde du futur, de quoi sera fait demain, si l’on pouvait tout recréer à notre guise ? Il en ressort une dangereuse possibilité de monnayer temps et amour, frôlant l’immortalité et creusant les inégalités, qu’il faudrait éviter pour profiter, une fois au moins, d’une société équitable. L’amour pourrait être plus simple, laissant l’égo et la susceptibilité en arrière-plan pour laisser les amoureux en paix. Quant à la destination idéale du monde d’après, ce serait peut-être l’espace, pourquoi pas la planète du chat siamois de l' »Espion aux pattes de velours »… Mais Pierre Monnard, plus que de l’espace, rêve de pouvoir se balader dans les films. Pour lui, la destination idéale, ce serait l’hôtel de « Barton Fink ». Un hôtel poisseux mais synonyme d’aventures en tout genre, une immortalité monnayée pour aimer plus et mieux, il y a là de quoi faire un film plutôt angoissant.

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Invité : Pierre Monnard

Interview : Lola

Production : Sidonie

Réalisation : Naomi

Crédits photos : Platzspitzbaby

Date de diffusion : 17 novembre 2020

Mise en ligne : Kelly

Publié le 18 novembre 2020