Ça y est, l’automne est arrivé, et moi je suis encore en plein sevrage de l’été. Alors pour le faire durer encore un tout petit peu, le temps d’une chronique, je me suis dit que j’allais parler de l’album que j’ai écouté en boucle ces derniers mois : « Jusqu’ici ça […]

Ça y est, l’automne est arrivé, et moi je suis encore en plein sevrage de l’été. Alors pour le faire durer encore un tout petit peu, le temps d’une chronique, je me suis dit que j’allais parler de l’album que j’ai écouté en boucle ces derniers mois : « Jusqu’ici ça va », des Fils du Facteur.

Alors je sais : il est sorti ce printemps. Mea culpa, je l’ai pas vu passer. Mais il est tellement super qu’il vaut la peine d’en parler, même quelques mois après sa sortie.


Pour ce quatrième album, le duo suisse est devenu quatuor, mais leur identité n’a pas changé : on retrouve leur son indie-folk mené par la guitare et la voix de Sacha Maffli et l’accordéon d’Emilien Colin. Les derniers nés du patriarche postier, Olivier et Antoine, amènent quant-à-eux une couleur nouvelle à la formation, armés de leur batterie et clavier. Les plus médisants, et peut-être les fans de la première heure, diront qu’avec cet opus, ils tombent dans le « mainstream ». Effectivement, les sonorités de cet album sont légèrement plus pop que sur les précédents, le rendant peut-être plus accessible. Mais on retrouve bel et bien leur patte, notamment dans ces textes d’une subtilité rare et l’accordéon, qui créent cette ambiance si reconnaissable.


Sur cet album on leur découvre avant tout une maturité nouvelle. Jusqu’ici les helvètes se démarquaient surtout par leur humour, et autodérision. Ils semblaient ne pas se prendre très au sérieux, et jouaient des chansons marrantes et entrainantes. Qu’on soit clairs: ils ne faisaient pas que ça. Mais c’était un peu leur marque de fabrique. Les textes ont toujours été très recherchés, mais sur cet album on découvre une facette plus poétique que sur les précédents. Attention, l’humour fait toujours part intégrante de leur projet ! Là où ils innovent, c’est dans les sonorités. Ils s’essaient à d’autres styles : les douze titres du disque varient entre folk, bossa, pop, funk, avec même quelques touches d’électro. Ils cherchent de nouveaux sons, ajoutent parfois des samples, des bruitages, jouent avec les effets, et le résultat est vraiment surprenant, surtout comparé à ce qu’ils ont proposé jusqu’à maintenant.


Mais cet opus se démarque surtout des premiers dans les thèmes qui y sont abordés. On retrouve des thèmes d’actualité, mais aussi et surtout des sujets plus intimes. Ils parlent des doutes, des peurs, du deuil… De l’amour aussi, souvent. Celui qui débarque, qui s’en va, qui fait du bien ou qui assomme. Ces éternels romantiques subliment nos pensées du quotidien, dans des textes toujours surprenants. Avec une ironie qui frise parfois au cynisme, ils parviennent à donner du gout au rythme, des couleurs aux notes, un parfum aux mélodies, et de la texture aux mots.


Dit comme ça, cet album ne parait pas être bien joyeux. Mais c’est justement leur force : ils arrivent à aborder des sujets délicats tout en gardant une part de légèreté. Cet album est, certes, plus mélancolique que les précédents, mais leur piquant est bel et bien là. Il est globalement plus profond, mais aussi plus réussi. Et pour te prouver qu’il est loin de plomber le moral, on se quitte avec « Hypocondrie », qui dit qu’on va tous finir par mourir un jour ! Joyeux, non ?




Chronique : Nolwenn

Réalisation : Ornella

Crédits photos : © Maxime Genoud

Date de diffusion : 6 octobre 2021

Publié le 13 octobre 2021