L'université de Sorbonne Nouvelle quitte le site de Censier, niché au cœur du 5ème arrondissement parisien. Les bâtiments des années 1970 seront occupés à nouveau par des étudiants après des travaux de réaménagement et de désamiantage. Entre-temps, un créneau de deux ans s'ouvre pour un nouveau lieu éphémère : Césure.


L'EPAURIF, propriétaire des lieux, a contracté avec Plateau Urbain pour l'aménagement temporaire et l'animation des locaux pendant cette période. Les 25 000 m2 sont dédiés pour un temps aux savoirs inattendus, avec près de 200 structures accueillies (artistes, acteurs de l'ESS, médias indépendants...), 2000 étudiants qui fréquentent encore les lieux, une immense salle polyvalente de 900 m2, une bibliothèque universitaire transformée en cantine par Yes We Camp, un amphithéâtre et plein de recoins pour imaginer de belles choses.


Projet d'envergure, le montage de Césure a également été l'occasion de structurer un cadre juridique équilibré qui pourra servir à d'autres lieux, même beaucoup plus modestes. Plutôt que de naviguer dans un flou assez commun dans ce type d'opération, le bail précise les responsabilités, assure la transparence des relations sans pour autant figer les choses. Cette souplesse est essentielle tant les incertitudes sont nombreuses sur les aspects techniques comme les usages.


La multiplication des opérations et la professionnalisation des acteurs ont permis progressivement de développer des savoir-faire spécifiques de l'occupation temporaire. Créer les conditions techniques d'une occupation d'un bâtiment pour quelques années, c'est hybrider les pratiques de l'architecture de la transformation et celles de l'événementiel. À cela s'ajoute une attention soutenue à la sobriété des moyens déployés, quitte à faire des compromis sur les usages, et une relation étroite entre technique et programmation, que l'on retrouve dans l'organisation des lieux culturels.


Mais s'il faut traiter des questions très pragmatiques telles que les responsabilités assurantielles, la réglementation incendie, les branchements électriques ou les installations sanitaires, c'est bien pour accueillir des utilisateurs. Et à Césure, ils ne manquent pas. C'est tout un métier d'organiser ce bazar pour que chacun trouve sa place en laissant de la place aux autres, pour que le frottement soit créatif et pas douloureux, pour rendre tout cela lisible et ouvrir le lieu au quartier comme au reste du monde. C'est un tiers-lieu hybride par la multiplication des acteurs et des usages, un espace commun fugace, un espace public en fait. C'est un morceau de ville qui apparaît sur la carte pour un temps seulement, mais qui se pense et se gère comme tel.


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