“Toucher le feu“ Femmes céramistes au Japonau Musée national des arts asiatiques – Guimet, Parisdu 1er juin au 3 octobre 2022


Interview de Claire Bettinelli, chargée de production des expositions et des collections d’art contemporain et co-commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 31 mai 2022, durée 28’29.

© FranceFineArt.


Communiqué de presse


Commissaires :

Sophie Makariou, présidente du MNAAG, 

Claire Bettinelli, chargée de production des expositions et des collections d’art contemporain




Depuis six ans, le MNAAG a fait de la création céramique contemporaine féminine au Japon un axe majeur de sa politique d’acquisition, inauguré par l’achat en 2016 d’une première pièce de porcelaine blanche, le vase Zenmai (« fougères ») réalisé par l’artiste Hosono Hitomi. La céramique japonaise est l’une des plus dynamiques au monde. Le MNAAG a depuis poursuivi l’enrichissement de ses collections dans ce domaine, où la place de l’artiste femme est à la fois singulière et éminente, avec l’acquisition, suivant un axe soutenu par le ministère de la Culture sur la création féminine, de quatorze oeuvres des 20e et 21e siècles. Elles sont présentées avec un ensemble d’autres oeuvres japonaises issues des collections du musée.

Pendant des siècles au Japon, la pratique de la céramique fut réservée aux hommes, interdite aux femmes. Il faut attendre l’après Seconde Guerre mondiale pour que de profondes mutations sociales desserrent peu à peu le carcan des traditions. L’université des arts de Kyoto s’ouvre pour la première fois aux femmes en 1946, puis celle de Tokyo en 1952. Les femmes ont dès lors accès à des formations qui leur permettent de « toucher le feu ». Depuis, les artistes japonaises occupent une place prépondérante dans le domaine de la céramique contemporaine, incontestablement l’une des plus créatives au monde.

La première génération des femmes japonaises qui se consacrent à la céramique combine souvent une formation artistique universitaire à un apprentissage plus traditionnel auprès d’un maître. C’est le cas d’Ono Hakuko (1915-1996), qui fut la seconde femme à recevoir le prix de la prestigieuse Société japonaise de céramique. Dans la collection du MNAAG, elle est la seule représentante de cette première génération.

Celle des années 1940-1960 renouvelle profondément le rapport à la matière ; la nature et ses formes sculpturales sont les traits dominants de cette génération qui fait le choix d’une matière rude, texturée,organique, délaissant le lisse et le doux. Les oeuvres d’Ogawa Machiko (née en 1946) ressemblent à des vestiges d’un champ archéologique – surtout celui de la mémoire – et illustrent sa réflexion sur le passage du temps et sur la ruine. Koike Shoko (née en 1943) emploie le grès sur un mode poétique, empruntant au vocabulaire des coquillages et madrépores, façonnant des pièces aux formes irrégulières, pincées, étirées, aux surfaces ondulées, parfois striées, couvertes de glaçures translucides passant du blanc à l’azur. Parmi les toutes premières femmes diplômées du département de céramique de l’université des arts de Tokyo, elle parvint à créer son propre atelier et à vivre de son art, grâce à une reconnaissance internationale et à sa présence dans de nombreuses collections hors du Japon. L’essentiel du travail de Katsumata Chieko (née en 1950) est végétal, avec des formes côtelées et entrouvertes, évoquant les potirons mais aussi les fonds marins dans ses dernières créations. D’abord formée à la mode, Fujino Sachiko (née en 1950), reproduit dans ses céramiques des effets de drapés d’étoffes aux replis souples, qui reflètent sa connaissance du textile.


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