“Paris et nulle part ailleurs” 24 artistes étrangers à Paris. 1945-1972au Musée de l’histoire de l’immigration, Palais de la Porte dorée, Paris


Interview de Jean-Paul Ameline, conservateur général du Patrimoine et commissaire de l’exposition,

par Anne-Frédérique Fer, à Paris, le 1er décembre 2022, durée 16’28. © FranceFineArt.


https://francefineart.com/2022/12/02/3357_paris-et-nulle-part-ailleurs_palais-de-la-porte-doree/


Communiqué de presse


Commissariat de l’exposition :

Jean-Paul Ameline, commissaire de l’exposition, en 1985, il a été conservateur au Musée National d’Art Moderne Centre Pompidou à Paris. Il a, par la suite, été conservateur général du Patrimoine en 2003 et chef de service des Collections modernes jusqu’en 2013. Il a été le commissaire de nombreuses expositions dont Face à l’Histoire. L’artiste moderne devant l’événement historique, 1933-1991 (1996), ainsi que Paris du Monde entier (l’artiste étranger à Paris 1900-2005) pour le National Art Center à Tokyo en 2007.

Chloé Dupont, assistante exposition, Musée national de l’histoire de l’immigration. Diplômée en histoire de l’art à l’Université de Grenoble et en muséologie à l’École du Louvre, elle a notamment participé à la préparation de plusieurs expositions au musée d’Orsay, au Petit Palais et au musée Cernuschi.





Paris et nulle part ailleurs

Par Jean-Paul Ameline commissaire de l’exposition

Les historiens d’art le rappellent souvent : les artistes étrangers établis en France au début du XXe siècle ont longtemps été considérés par les écrivains d’art les plus conservateurs comme susceptibles de nuire à la pureté de l’art national.

Leurs oeuvres, séparées de celles des artistes nés en France au Salon des Indépendants de 1924 puis à la Biennale de Venise de 1928, n’ont ensuite dû leur présentation avec leurs confrères français qu’aux plaidoyers des rares critiques qui les ont soutenus et notamment André Warnod qui, en 1925, fait pour la première fois d’eux des artistes de « l’École de Paris ».

Alors que le prestige de la capitale puis la montée des totalitarismes en Europe centrale, méridionale et orientale les ont menés vers Paris, leur reconnaissance officielle par l’État français se fait chichement par la petite porte du musée des Écoles étrangères à la Galerie du Jeu de Paume où une salle comprenant notamment Marc Chagall, Juan Gris, Amedeo Modigliani, Pablo Picasso, Kees Van Dongen, Ossip Zadkine est attribuée en 1932 à l’École de Paris.

En 1940, la défaite française face à l’Allemagne signe bientôt leur dispersion. Interdits d’exposition s’ils sont juifs, craignant de ne plus pouvoir créer en toute liberté, beaucoup quittent la capitale et s’installent hors de Paris ou à l’étranger. Pour le critique américain Harold Rosenberg, le « laboratoire du XXe siècle » a fermé suite à l’Occupation.

Comment, dès lors, expliquer la venue en nombre, entre 1945 et 1970, des jeunes peintres et sculpteurs venus non seulement d’Europe, mais aussi des États-Unis, d’Amérique latine, du Maghreb, du Moyen et de l’Extrême-Orient ? Prestige de la « Ville lumière » ? Présence des maîtres qui ouvrent leurs ateliers à des élèves de toutes origines ? Politique généreuse (et rentable) d’accueil de l’École des beaux-arts de Paris et des académies privées ? Multiplicité des salons parisiens, largement ouverts aux artistes non français ? Jeunes galeries désireuses de se lancer dans l’aventure de la promotion de nouvelles avant-gardes ? Sans doute de tout à la fois.

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